Auteur: Benoît Séverac
Ed.: SyrosSortie: 2016Genre: Drame-Jeunesse
Pages: 201
Synopsis
Du haut de ses seize ans, Lena fait preuve d’une assurance étonnante. Pourtant sa vie est loin d’être simple. Lena Rodriguez, c’était son nom avant. Sa nouvelle identité, elle ne peut la révéler à personne, c’est trop dangereux… Lena a convaincu ses parents de la laisser partir seule quelques jours à Cadaquès, chez son oncle et sa tante. Elle ne leur a pas tout dit. Là-bas, elle a rendez-vous avec Ivan, son grand frère que personne n’a vu depuis quatre ans… depuis qu’il est parti, sans explication, faire le djihad en Syrie.
Mon avis
Ce livre a été lu pendant une période particulière, puisque dans ce laps de temps, plusieurs perquisitions venaient d'être fait juste à côté de chez moi, qu'on avait arrêté l'ennemi public n°1 des attentats de Paris et qu'ensuite les attentats de Bruxelles venaient d'êtres commis. Il me fallait le signaler car l'histoire a pris un sens peut-être un peu différent que si je l'avais lu en "temps de paix".
J'ai vraiment beaucoup aimé cette histoire, car elle se passe de l'autre côté de la barrière. Du côté de la famille d'un djihadiste reconverti. Lena a 16 ans, sa vie ainsi que celle de sa famille est détruite de part les actes monstrueux de son frère perpétrés 5 ans auparavant. Depuis ces 5 années, ils ont été bannis de la société, le père de Léna a perdu son travail, sa mère est devenue l'ombre d'elle-même et Lena a vécu la haine à l'école. Lorsque l'Etat propose une vie ailleurs sous un autre nom, cette famille pense pouvoir revivre normalement mais les actes odieux de Yvan, le frère de Lena a laissé beaucoup de traces, trop de trace. Ils pensaient que Yvan suivait son stage en Angleterre et un soir à la télévision, un flash info montre une vidéo de djihadiste décapitant un journaliste français. Et sur cette vidéo, on retrouve Yvan, armé et transformé. Le choc, le questionnement, la peur et l'enfer commencent.
"J'avais envie de hurler contre ces gens qui s'en prenaient à nous, contre mon frère aussi. J'en voulais à tout le monde. J'en voulais à mes parents pour n'avoir pas réussi à éviter ça, pour avoir engendré un monstre que je n'arrivais pas à détester, que je pleurais, que j'insultais tout en l'appelant au secours, et qui me manquait. Je m'en voulais à moi-même d'avoir de tels sentiments pour cet homme, cet étranger qui avait grandi au sein de ma famille, comme un alien."
"C'est difficile d'en vouloir à un grand frère qu'on aime; difficile aussi d'aimer un frère à qui on en veut autant."
Quelques années plus tard, Lena qui a gardé en secret un contact avec Théo - l'ancien meilleur ami de Yvan - va apprendre que ce dernier veut la revoir, qu'il est en France. Elle n'hésitera pas longtemps et secrètement ira le rejoindre avec Théo, en Espagne dans sa famille, dans un endroit où ils allaient en vacances lorsqu'ils étaient enfants. Mais les intentions de Yvan ne sont pas sincères, Lena va devoir voir la réalité en face. Je ne vous en dis pas plus sur ces moments-là, ce serait dommage.
"Il m'a condamnée; il NOUS a condamnés, mes parents et moi, à vivre dans l'espace clos où il nous a enfermés. A l'intérieur de sa folie."
Mon seul bémol c'est que nous n'avons pas de traces de la discussion entre Lena et son frère, ni des moments passés entre eux. Je trouve ça dommage car je voulais connaître le ressenti de Lena face aux réelles intentions de son frère, savoir que qu'il lui avait dit. Mais j'ai trouvé cette lecture belle malgré l'horreur car on ne parle jamais de ces familles de convertis qui passent de l'autre côté de la barrière. Ces familles qui doivent porter la honte et l'humiliation des actes commis par leur enfant mais qui doivent aussi porter la douleur d'avoir perdu un fils, une fille.
Merci aux Editions Syros et à la Babelio pour ce Service Presse