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Cultures Brussels - Juin 2016

Publié le 09 avril 2016 par Detoursdesmondes
Lobi-culltures-2016


CULTURES – The World Arts Fair est l'association des trois foires AAB, BAAF et BRUNEAF qui se tenaient tous les mois de juin à Bruxelles.
C'est donc sous ce nouveau nom que seront réunis 85 exposants au Sablon, du 8 au 12 juin prochain, afin de présenter des objets d’Afrique, Océanie, Indonésie, Asie mais également des antiquités gréco- romaines, égyptiennes et proche-orientales.
Signalons deux expositions qui vont occuper l'Ancienne Nonciature cette année :
Les bois qui murmurent - La grande Statuaire Lobi réunira un ensemble de pièces de la Collection François et Marie Christiaens.

Figure-assise-mande-dartevelle


La seconde, L’art de la statuaire en terre cuite, bois et bronze du Mandé présentera des objets de pouvoir de sociétés initiatiques de différents peuples ayant occupé le delta du Niger moyen au Mali.
Ci- après une interview de ces collectionneurs, amoureux de la statuaire Lobi, M. et Mme Christiaens : (source Dossier de presse Observatoire Communication) 


" Vous collectionnez des objets d’art africain. Pour quelles raisons Cultures est importante pour les arts premiers ?
Il est heureux que le mot « Cultures » ait été choisi pour baptiser cette manifestation lui permettant de retrouver le sens d’interrogation sur la vie et les sociétés humaines et atténuant si possible son assimilation à tous les phénomènes de marchés qui font de l’art et des artistes de nouvelles denrées commerciales soumises aux règles du marketing. La rencontre des cultures au cœur de cette manifestation donne à réfléchir et non à assimiler une sorte de grammaire de styles qu’on consulte comme un dictionnaire tarifant ses produits et régularisant par sa bénédiction «culturelle» des sommes d’argent considérables.

Pourquoi, Bruxelles tient une place historique dans l’histoire de l’art africain ? 
La Belgique doit beaucoup à son lien colonial au Congo Belge, comme la France à l’A.O.F. Historiquement les marchands et les collectionneurs avaient souvent un lien privilégié avec le Congo.
Néanmoins les arts primitifs restent encore méconnus des foules. On sait aujourd’hui l’impact longtemps caché qu’ils ont eu sur les artistes modernes lassés d’un académisme répétitif. Malheureusement ceux-ci en ont fait leurs choux gras au lieu de leur permettre une reconnaissance historique.
En Belgique, comme en France tout remonte à la capitale. Bruxelles, capitale de l’Europe, malgré sa rivalité avec Paris reste un endroit rare, incontournable et incontestable pour l’histoire de l’art africain.


Que pensez vous de la fusion des 3 foires, AAB, BAAF, Bruneaf, est ce que vous vous intéressez également aux objets archéologiques et d’art asiatique ?
Les trois foires ont en commun l’authenticité historique et singulière de leurs arts. Il semble normal que ces arts nés à des à des fins spirituelles se regroupent dans une même manifestation. Les objets ont changé de statut, d’objets religieux ils sont devenus objets d’art. Pour reprendre la définition de Claude Roy: « L’art, c’est ce qui tient vivante l’idole morte en tant qu’idole. L’art c’est ce qui dans un objet continue à servir quand il ne sert plus à rien ».

Une partie de votre collection sera exposée pendant la manifestation à l’Ancienne Nonciature. Pourquoi avoir répondu à l’invitation ?
Nous sommes heureux en répondant à cette invitation de réaliser le vœu du roi des Gans (ethnie du rameau Lobi) que Madeleine Père nous permit de rencontrer en 2000. Il remerciait le collectionneur qui par son action sauvait des pièces destinées à disparaître dans son pays en raison de l’ impossibilité de les conserver mais ajoutait-il « ne les laissez pas sur des étagères ou dans des armoires : Montrez-les ».
Cette exposition uniquement consacrée aux Lobi , une première en Belgique, est une des rares occasions donnée de « montrer » et ce faisant de restituer aux Lobi la place et la reconnaissance qu’ils méritent dans l’art africain, trop longtemps oubliés, méconnus voire dénigrés.

Une conjugaison de raisons ont durablement marginalisé la sculpture Lobi.
Historiquement, les Lobi eux-mêmes, fiers et rebelles, se sont protégés. Par le « serment de la bouche » ils se sont interdits tout rapport ou soumission aux colonisateurs et n’ont pas dévoilé leur sculpture.
Celle-ci est apparue tardivement. Jacques Kerchache réalisa la première exposition-vente en 1974 et par la voix de Jean Dominique Rey plaça les Lobi « au plus haut de la statuaire africaine ».

Cependant les collectionneurs comme de nombreux marchands n’étaient pas prêts à accueillir et reconnaître comme de l’art et du grand art une sculpture hiératique brute et forte, dépouillée, qui ne correspondait pas aux canons admis fortement teintés de naturalisme, c’est à dire une sculpture expressive non académique, non patinée ...
Enfin l’abondance de la sculpture Lobi est un obstacle supplémentaire puisqu’elle exige une attention particulière pour distinguer l’excellence.
L’histoire nous prouve, si besoin était, que les arts sont souvent soumis au rejet avant d’être reconnus voire sacralisés.


Qu’est ce qui vous intéresse dans l’art Lobi ?
La brutalité de l’art Lobi dégagé des références esthétiques des arts royaux présente une sincérité dépourvue d’artifices visuels, une force, une tension expressives qui touchent à l’essentiel. C’est sans doute pour cela qu’elles nous touchent.
Il s’agit le plus souvent d’hommes nus, debout, dignes et droits que nous imaginons face à leur destin. Mais pour les Lobi, ces statues ne sont plus des bois sculptés, ce sont des réceptacles qui permettent aux esprits de s’incarner et d’agir, ce sont des êtres vivants.
La sculpture permet cette métamorphose et le lien entre les hommes et les esprits, les vivants et les morts.
Dans sa simplicité et sa densité cet art nous confronte aux questions existentielles universelles".

Évènement à suivre sur le nouveau site : Cultures Brussels.

Photo 1 : Statue masculine Lobi de la Collection François et Marie Christiaens Burkina Faso - Sculptée par Kpépélé (1850-1930) - Bois, torque en métal - H 81 cm
Photo 2 : Neeling Figure with snakes - Height: 40 cm - Date: A.D. 850-1250 (ASA TL 712.064) - Provenance Pierre Dartevelle, Bruxelles, circa 1988 - Baron Freddy Rolin, (Christie's Amsterdam, African and Oceanic art from the Estate of the Late Baron Freddy Rolin, July 2, 2002, lot 137 - Collection Chambaud.


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