Saw 3. 1 heure 47. États-Unis – Canada. Épouvante. Sortie en France le 22 novembre 2006. Réalisé par Darren Lynn Bousman avec Tobin Bell, Shawnee Smith, Angus Macfadyen, Bahar Soomekh, Dina Meyer, J. LaRose, Debra McCabe, Kim Roberts, Alan Van Sprang, Barry Flatman…
Le Tueur au puzzle a mystérieusement échappé à ceux qui pensaient le tenir.Pendant que la police se démène pour tenter de remettre la main dessus, le génie criminel a décidé de reprendre son jeu terrifiant avec l’aide de sa protégée, Amanda…Le docteur Lynn Denlon et Jeff ne le savent pas encore, mais ils sont les nouveaux pions de la partie qui va commencer…
De toute la franchise consacrée à Jigsaw, si certains opus m’ont paru anecdotiques, je gardais un mauvais souvenir de ce « Saw 3 ». Me refaisant l’intégralité de la saga, c’est donc dans l’espoir de le réhabiliter un peu dans mon esprit que je me suis mis à revoir ce long métrage.
Malheureusement pour ce film, le miracle n’a pas eu lieu. J’ai toujours beaucoup de mal avec ce scénario écrit par Leigh Whannell et James Wan. J’avoue que ce nouveau visionnage l’a remonté un peu dans mon estime. Le fait de savoir à quoi m’attendre m’a mieux fait passer la pilule cependant, cette dernière reste quand même amère au point que je reste malgré tout sur mes premières impressions.
Pourtant, on garde globalement la même base de départ. Des pièges machiavélique, un serial killer qui a de la gueule, du sang, de la tension et un twist final sensé nous cloué sur notre siège. Mais au passage, ce troisième film a perdu ce qui lui faisait sa véritable force, une âme et une certaine authenticité.
En fait, si j’ai du mal avec cet opus, je pense que c’est principalement parce que c’est celui qui marque la transition avec ce que sera à l’avenir le reste de la saga. Le côté thriller est totalement abandonné. On exploite un peu la psychologie des personnages, on tente de creuser un peu mais c’est beaucoup trop léger. Le gore prend cette fois-ci le dessus sur le récit. C’est totalement assumé mais je le regrette.
Cette sensation d’avoir une idée de génie à la base et de gâcher tout ce qui avait été mis en place me laisse sur ma faim. Ici, on n’a plus qu’une simple succession de scènes sanglantes plus ou moins efficace. Certaines font leurs petits effets, d’autres font plus sourire qu’autre chose mais faire le deuil d’un thriller pour retomber dans un film d’épouvante des plus classique me déçoit surtout après avoir réussi lors d’un premier film, Jigsaw comme une icône cinématographique.
On aime ou pas les films, ce mythique tueur se place facilement au panthéon des monstres du cinéma aux côtés de Leatherface, Freddy Krueger, Michael Myers et autre Jason Voorhes. On oublie un peu les épisodes mais on retient paradoxalement l’œuvre et les méthodes de ses personnages emblématiques. Finalement, ce troisième film n’est juste qu’une accumulation de bonnes idées qu’on n’exploite jamais de la bonne manière.
Ma note ressentie joue surtout sur ma déception car après, en termes de divertissement horrifique, même si ça n’apporte rien, j’ai quand même déjà vu bien pire et peu passionnant. Là, on ne voit pas trop le temps passé sauf peut-être vers la fin qui s’étire un peu trop. On essaie de rester cohérent dans cette mythologie, on tente de développer certains points mais à chaque fois, on se tire une balle dans le pied. On est dans une cuisine gastronomique, mais on se contente juste de faire un Big Mac sans saveur et prévisible, vite consommé, vite oublié.
Devant la caméra, je ne boude pas mon plaisir de retrouver Tobin Bell (John Kramer / Jigsaw). Même mal au point, l’aura de son personnage est toujours charismatique et l’acteur semble vraiment l’interpréter avec le plus de sérieux possible. Ironiquement, même limité dans ses actes à cause de son traitement dans le scénario, c’est sans nul doute l’acteur qui s’en sort le mieux. Quel dommage encore une fois d’en faire un mourant rapide…
C’est assez sympathique également de revoir Shawnee Smith (Amanda). Niveau psychopathe, l’actrice reprend bien son personnage et lui amène une nouvelle facette qui n’est pas inintéressante. Elle manque peut-être un peu de carrure mais elle s’impose quand même facilement à l’écran en tant que jeune disciple qui a tout à apprendre.
Dans ce volet, parmi les nouvelles victimes, Angus Macfadyen (Jeff Reinhart) fait le job. J’ai eu un peu de mal au début, je trouve qu’il ne souffre vraiment pas beaucoup pour quelqu’un qui est au centre d’une épreuve (du moins, il souffre moins que d’autre physiquement) mais il tient la route et réussit à aller jusqu’au bout sans trop d’encombre.
Bahar Soomekh (Le Docteur Lynn Denlon) fait aussi ce qu’on lui demande. Je n’ai pas trouvé la comédienne foncièrement mauvaise c’est juste qu’elle est souvent transparente. Au-delà de son utilité dans le scénario, on cherche un peu à comprendre ce que son personnage apporte réellement. Il manque un peu de saveur. Ce n’est pas trop la faute de l’actrice mais du coup, sa présence ne me marque pas plus que ça.
Le reste de la distribution est du même acabit. Tout le monde reste bien dans le moule sans jamais se transcender. Ça fait quand même plaisir de revoir le temps de quelques scènes Dina Meyer (Kerry) ou encore Donnie Wahlberg (Eric Mathews) même si j’aurais aimé une meilleure exploitation. Personne ne sort vraiment du lot même si niveau look, J. LaRose (Troy) marque les esprits le temps d’un piège bien trop vite expédié pour que sa présence soit justifié.
C’est à partir de ce volet que j’ai commencé à avoir un peu plus de mal avec le travail de Darren Lynn Bousman. Si dans le deuxième film, le réalisateur tentait de mettre sa patte tout en gardant une cohérence avec l’univers et l’ambiance qu’avait su créer James Wan, dans cette troisième aventure, il ne fait que ressortir son passé de réalisateur de clips et de publicités.
Visuellement, il en fait beaucoup trop. Il est trop dans le tape à l’œil, trop dans la provocation visuelle gratuite. A part une ou deux scènes qui fonctionne, le résultat pour les autres est que l’on perd toute tension dramatique. Oui c’est gore mais c’est tellement dans la surenchère que le dégoût et le mal ne se fait pas ressentir. L’ensemble est dédramatisé et c’est dommage.
La tension que généré cette mise en scène est du coup déséquilibré par rapport au sadisme des pièges que l’on nous propose. Si c’est toujours sympa de vouloir faire des liens avec les autres films, le réalisateur semble être un peu passé à côté de son sujet selon moi et est grandement responsable de la perte de qualité que va subir la saga par la suite à partir de cette aventure.
Après, contrairement à l’épisode précédent, le cinéaste exploite un peu plus ses décors, on retrouve un peu plus la crasse et le côté labyrinthe des lieux ce qui est une bonne chose mais la photographie et la lumière ne rende pas justice à la mise en scène. Certains passages ne sont vraiment pas beaux je trouve à force de vouloir forcer sur l’esthétisme.
A l’image des différents costumes, c’est assez fade. Ça manque de personnalité. Cela fait trop calibré et tous les artifices visuels ne rattrapent pas cette sensation. On reste sur du très classique et c’est dommage. Après deux films, la bande originale de Charlie Clouser aussi est très classique. A la fin, elle peut même sembler trop lourde à force de trop jouer avec mais le thème phare est toujours là et je dois bien avouer que je suis toujours client.
Pour résumer, revoir « Saw 3 » en connaissance de cause et en sachant à quoi m’attendre fut bénéfique pour ce film. Je le trouve toujours raté, je reste toujours sur ma faim et je lui en veux toujours d’avoir pris cette direction qu’il gardera pour la suite mais à côté, je dois bien admettre que je me suis quand même moins ennuyé que la première fois. Je trouve le film un peu moins détestable maintenant sans pour autant dire qu’il est bon. Je prends juste le parti de rentrer dans le jeu, je me divertis avec ses pièges malsain et gratuit. J’ai conscience que le scénario a perdu son âme, que la violence visuelle a pris le dessus sur la psychologie des personnages et je consomme ce film comme un shot très rapide avant de passer à autre chose. Vite oubliable, il y a quand même de quoi être déçu de voir toute ses bonnes idées jamais concrétisé. Dommage.