Saw 2. 1 heure 35. États-Unis. Thriller – Épouvante. Sortie en France le 28 décembre 2005. Réalisé par Darren Lynn Bousman avec Tobin Bell, Shawnee Smith, Donnie Wahlberg, Dina Meyer, Erik Knudsen, Beverley Mitchell, Franky G., Glenn Plummer, Emmanuelle Vaugier, Tim Burd, Lyriq Bent, Noam Jenkins, Tony Nappo…
Chargé de l’enquête autour d’une mort sanglante, l’Inspecteur Eric Mason est persuadé que le crime est l’oeuvre du redoutable Jigsaw, un criminel machiavélique qui impose à ses victimes des choix auxquels personne ne souhaite jamais être confronté. Cette fois-ci, ce ne sont plus deux mais huit personnes qui ont été piégées par Jigsaw…
Décidant de me refaire la franchise avant mon déménagement, c’est tout de suite après m’être revu le premier film que je me suis mis à insérer mon Blu-ray de « Saw 2 » dans mon lecteur. Bien que je sache qu’à un moment la franchise part plus dans l’épouvante que le thriller, je gardais néanmoins un très bon souvenir de cette suite.
Après mon visionnage, mon très bon souvenir reste intact. S’il n’est pas aussi fort que son prédécesseur, j’ai en tout cas bien aimé quand même ce nouveau scénario écrit par Darren Lynn Bousman et Leigh Whannell. La fin du premier film, bien qu’ouverte, me plaisait énormément en l’état mais l’idée de se replonger dans ce monde n’en demeure pas moins pas mal du tout.
En tout cas, cette suite reste cohérente dans son récit. Notre Tueur au puzzle est de retour pour notre plus grand plaisir et il est agréable de voir ses plans prendre une autre dimension. Ses motivations se dessinent un peu plus et même si l’on n’évite pas le twist final qui deviendra l’une des marques de fabrique de la saga, je me suis laissé prendre au jeu.
En fait, c’est vraiment dommage d’avoir fait de notre serial killer un malade en sursis. Ce personnage a un tel potentiel qu’on sent très vite que le scénario se tire un peu une balle dans le pied pour la suite de l’exploitation de cette franchise. En attendant, même mal au point, il est assez jouissif de voir Jigsaw manipulé les pions sur son échiquier.
Si le scénario perd un peu en intensité, c’est surtout en fait à cause de sa folie des grandeurs. Cette suite n’échappe pas à la règle. On veut voir toujours plus grand et du coup, le scénario se perd un peu avec beaucoup trop de joueurs dans ce piège. Je m’amuse quand même mais si le face à face entre John Kramer et Eric Mathews est plaisant, je regrette quand même un peu qu’à côté dans la maison, on n’a pas le temps de vraiment s’attacher à nos futures victimes.
Les pièges sont toujours plus diabolique les uns que les autres, c’est une très bonne idée de les faire se liguer tous les uns contre les autres alors qu’unit, ils auraient pu s’en sortir mais malheureusement, le fait que les victimes soient nombreuses fait que leurs sorts respectifs est souvent un peu vite expédié.
On n’a pas vraiment le temps de savourer le plaisir malsain que peut procurer la complexité de ses pièges et certains personnages, qui ont pourtant un fort potentiel, deviennent vite un peu anecdotiques. Heureusement, même si l’on sent que la franchise vire davantage vers le gore, l’aspect thriller de ce récit reste suffisamment fort pour me tenir en haleine de bout en bout.
Il y a aussi d’autres aspects de ce scénario que j’ai apprécié comme le retour d’Amanda ou alors la continuité du projet de Jigsaw qu’il faut savoir regarder et tenter de comprendre avec un regard assez large. Je n’en dirais pas plus pour éviter de trop spoilers mais la direction que tente d’emprunter le scénario pour corriger la balle dans le pied que le premier film s’est tiré avec cette histoire de maladie est plutôt bien pensée selon moi.
Si il ne prenait pas vraiment le devant de la scène dans le premier film, quel pied ici de voir Tobin Bell (John Kramer / Jigsaw) avoir plus d’importance. Avec un charisme monstre même en étant malade, l’acteur impose sa présence et continue de marquer cette saga à travers son regard et sa voix si particulière qui rend son personnage bien angoissant. Même limité dans ses mouvements, on sent la peur qu’il peu crée et j’aime la façon dont le comédien exploite le sadisme de son personnage. C’est vraiment bien dosé.
Face à lui, Donnie Wahlberg (Eric Mathews) en fait un peu trop. Heureusement qu’il est imposant aussi à l’écran car parfois son jeu n’est pas toujours crédible je trouve. Mais bon, ça ne gâche pas mon plaisir et il réussit toujours à être juste comme il le faut pour ne pas être trop ridicule même dans la surenchère de son personnage.
J’ai bien aimé retrouver Shawnee Smith (Amanda). Il y a quelque chose à travers le regard de cette actrice que j’apprécie et qui colle bien avec cette histoire. Elle est encore un peu trop en retrait, on la développe un peu plus vers la fin mais cela fait partie du jeu et cela reste logique en fonction de ce que l’on veut nous raconter.
Globalement après, dans les victimes pris au piège de la maison, peu de monde m’a convaincu. Erik Knudsen (Daniel Mathews) est vraiment trop léger dans son rôle de faux rebelle, Glenn Plummer (Jonas) a du mal à s’imposer en leader de groupe, Franky G. (Xavier) en fait des tonnes au point qu’il devient risible, Emmanuelle Vaugier (Addison) est totalement transparente et Berverley Mitchell (Laura), bien que très plaisante à voir, n’apporte pas grand-chose.
Parmi les victimes, je vais aussi faire l’impasse sur Tim Burd (Obi) à qui on va tenter de donner un air mystérieux avant de vite l’éclipser de l’histoire. Après, ce n’est pas catastrophique non plus, c’est juste qu’il y a trop de personnages à mon sens et du coup, c’est parfois un peu trop léger. J’ai bien aimé sinon Dina Meyer (Kerry) qui fait un bon lien avec le premier épisode aussi.
Derrière la caméra, James Wan passe le relai à Darren Lynn Bousman. Cela se voit… Ce n’est pas mauvais, il n’y a pas une cassure nette avec le premier film mais on ressent quand même un autre univers et une autre approche de ce monde. La transition n’est pas trop brutale mais il y a davantage de légèreté dans les plans et on est un peu plus dans le tape à l’œil.
La surenchère visuelle commence à se faire plus présente, la balance entre thriller et gore semble s’équilibrer un peu plus. C’est dommage car j’aimais bien quand le côté thriller dominé mais on voit que pour la suite, le gore aura une part plus importante. Maintenant, l’ensemble reste quand même agréable à suivre si on aime ce genre de délire comme c’est mon cas.
La photographie est belle même si elle n’a pas non plus le charme du premier opus où on ressentait le côté « fait avec les moyens du bords ». Là, c’est plus millimétré, plus calculé, ça enlève un peu de la saveur au concept. L’effet de surprises qui a disparu y ait aussi peut-être pour quelque chose. Il manque un peu de pression et de claustrophobie dans l’atmosphère.
Un peu moins de légèreté visuelle cela aurait été sympa à l’image des décors que l’on n’exploite pas à fond. La maison à plusieurs étages, vus de l’entrée, elle semble immense et au final, j’ai la sensation qu’on exploite juste une ou deux salles seulement c’est dommage. Si il n’y avait pas l’agonie des victimes, je ne ressentirais presque pas le côté piège.
Le montage est en tout cas bien foutu encore une fois. On nous distille les indices au compte-goutte et bien que connaissant la fin maintenant, je me laisse quand même prendre. Il y a toujours des facilités mais ça m’amuse et le twist final fait son effet tout comme la musique où l’on reste sur des tonalités que l’on connait avec un thème phare toujours aussi efficace.
Pour résumer, « Saw 2 » est imparfait. Il possède pas mal de maladresses qui font qu’il est en dessous clairement de son prédécesseur. Pourtant, malgré tous les reproches que je peux lui faire, je trouve quand même cette suite excellente. Je me laisse prendre au jeu, j’aime comment on tente de rebondir à la maladie de John Kramer et même si cette envie d’abandonner petit à petit le thriller pour le gore est frustrant, je m’amuse. Il y avait matière à faire mieux c’est dommage mais ce second volet n’en demeure pas moins intéressant et je le reverrais de nouveau avec plaisir.