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Welcome to New-York

Par Mrvladdy @mrvladdycrane

Welcome to New-YorkWelcome to New-York. 2 heures 03. États-Unis. Drame. Sortie directement en VOD en France le 17 mai 2014. Réalisé par Abel Ferrara avec Gérard Depardieu, Jacqueline Bisset, Marie Mouté, Drena De Niro, Amy Ferguson, Paul Calderon, Maria di Angelis, Paul Hipp, Natasha Romanova, Ronald Guttman, Jose Ramon Rosario…

Devereaux est un homme puissant. Un homme qui manipule au quotidien des milliards de dollars. Un homme qui contrôle la destinée économique des nations. Un homme gouverné par un irrépressible et vorace appétit sexuel. Un homme qui rêve de sauver le monde et qui ne peut se sauver lui-même. Un homme terrifié. Un homme perdu.Regardez-le tomber.

Bien que je ne sois pas un admirateur du cinéaste, dès que j’ai eu vent du projet de « Welcome to New-York », je fus assez curieux de le découvrir. J’avais confiance en Gérard Depardieu pour incarner un tel personnage et bien que le délai entre les faits dont le film s’inspire et la sortie du long métrage soit assez court selon moi, j’espérais que ce film fonctionne sur moi.

Malheureusement, ce ne fut pas le cas. J’ai beau y avoir mis toute ma bonne volonté, malgré quelques bonnes idées, je trouve que ce scénario écrit par Abel Ferrara et Chris Zois est trop maladroit et imparfait pour être réellement efficace. Pour la petite précision, j’ai regardé la version director’s cut du film mais rien n’y fait.

Divisé en deux parties, j’ai trouvé que la première était juste un enchainement de scènes risibles qui nous font tomber dans un voyeurisme malsain. Quant à la seconde (après l’interpellation), elle ne vole guère plus haut et ne nous apprend pas grand-chose. Inspiré de faits réels, j’ai même trouvé que c’était maladroit de jouer sur le côté fictif de ce récit tout en l’alliant avec des images réelles.

Derrière ce voyeurisme totalement gratuit (avec une telle première partie, je suis même assez surpris que le film ne soit interdit qu’aux moins de 12 ans…), le scénario ne va pas au bout de sa promesse. En accumulant les passages gratuits et les scènes faciles et/ou prévisible, le récit aurait mérité d’être un peu plus creusé je trouve. Il y a bien quelques branches qu’on nous lance mais je n’ai réussi à me raccrocher à aucune d’entre elle.

Pour faire simple, si on enlève tous les passages que l’on connaissait déjà de cette affaire qui a été ultra relayé dans les médias, il ne reste plus grand-chose. On apprend rien ni sur cette affaire, ni sur la psychologie des personnages. Le film apparait alors encore plus comme étant gratuit et cherchant à faire du bruit.

Au final, c’est beaucoup de bruit pour rien. Avec un peu plus de temps et de réflexion, avec une véritable vision sur ses personnages, cette intrigue et la société qui nous entoure (le monde des « puissants » est juste une caricature ici), le film aurait pu être nettement plus efficace que ce résultat assez plat quand on lui enlève ses artifices tape à l’œil et faussement provocateur.

En revanche, rien à dire concernant Gérard Depardieu (Mr Devereaux). Je ne vois vraiment pas un autre acteur incarné ce personnage dans toute sa monstruosité et sa stupidité. Si ses rugissements et ses essoufflements constants m’ont plus saoulé qu’autre chose (ou écœuré c’est selon), l’acteur n’en demeure pas moins à fond dans son personnage. Son nom de fiction est d’ailleurs encore plus comique qu’autre chose car à l’écran, on s’imagine vraiment bien le personnage dont il s’inspire tant il l’interprète avec conviction. Là encore, la frontière entre fiction et réalité est un peu flou…

Gérard Depardieu porte en tout cas le film sur ses larges épaules. A travers son regard, il joue bien le côté pathétique de son personnage et va au bout des choses. C’est sans doute passa prestation que je retiendrais dans sa filmographie mais il prouve encore en tout cas qu’il n’a pas peur des risques.

A ses côtés, tout le monde qui gravite autour n’est pas au même niveau. Globalement, j’ai trouvé les acteurs assez légers. Pas toujours convaincant, trop dans la caricature et assez vide dans l’interprétation. Seule Jacqueline Bisset (Simone) s’en sort un peu mieux même si il y a une sous-exploitation de son importance dans cette affaire juridique qui est dommageable. On n’apprend rien de bien nouveau non plus alors qu’il aurait été intéressant de vraiment creuser cette personnalité.

Concernant Abel Ferrara, j’ai vu très peu de ses films. Hormis « The King of New-York » que j’ai trouvé intéressant, je n’ai vu que « The Blackout » et « Snake eyes » qui m’ont dans l’ensemble ennuyé. Cela ne m’empêche pas d’avoir une petite idée de son travail et ça ne sera pas un secret de dire qu’à ce jour, ce réalisateur, c’est loin d’être ma came. D’ailleurs, quand je creuse sa filmographie, aucun film ne me tente réellement.

Bref, tout ça pour dire que je n’ai pas été surpris plus que ça par le côté totalement gratuit de sa mise en scène, surtout dans la première partie. Le long métrage se regarde quand même mais il n’y a en tout cas rien que je trouve exceptionnel et rien qui me fait donner à ce film une identité visuelle forte.

Que ce film n’ait pas eu d’exploitation en salles ne me gêne donc pas. On a juste un téléfilm de luxe avec une photographie un brin soignée mais qui n’éblouis pas l’œuvre. Les décors sont assez classique et il y a vraiment quelques plans que je trouve inutile (peut-être du coup que je n’aurais pas dû voir la version director’s cut…).

Mon problème avec cette réalisation, c’est qu’il n’y a pas d’âme je trouve. Il manque un regard. J’ai eu l’impression qu’on me posait ça là et que c’était à moi de me débrouiller. Les artifices visuels pour jouer la carte de la provocation tombent à l’eau et quand on enlève tout ça, il ne reste vraiment rien.

Même en y repensant, il n’y a aucune scène que je trouve mémorable. Comble de l’ironie, alors que je me souviens très bien des images assez fortes de Dominique Strauss-Kahn les menottes au poignet, dans ce long métrage, lorsque Devereaux (puisqu’il faut l’appeler ainsi) sort menotté, c’est nettement moins cinématographique… Même les images de soutien d’Anne Sinclair dans la réalité sont beaucoup plus poignantes que celle de Simone que nous propose le film.

C’est assez frustrant quand même de se dire que les images que l’on a en tête des médias sont beaucoup plus cinématographique et beaucoup plus visuellement intéressante que ce film qui passe à côté de son sujet. Quant à la bande originale, elle tente bien de donner une atmosphère à ce projet mais là encore, c’est un coup d’épée dans l’eau qui n’a aucun véritable effet.

Pour résumer, « Welcome to New-York » est une déception pour moi. Je ne regrette pas de l’avoir enfin vu pour pouvoir me faire ma propre opinion à son sujet mais si lors de ce premier visionnage, j’ai trouvé le film tout juste regardable, je ne suis pas sûr qu’un second visionnage me soit bien utile. Vite oubliable, c’est décevant de se dire que la fiction n’a pas su transcender la réalité. On n’apprend rien, on n’a aucune empathie pour ses personnages et on suit le périple de ce Devereaux d’un œil désintéressé. On nous dépeint un monstre sans jamais vraiment creuser dans sa psychologie, c’est faussement provocant avec ce voyeurisme gratuit et l’ensemble devient anecdotique. Dommage que ce récit ne possède pas une véritable vision et une véritable prise de risque. Reste un Gérard Depardieu qui fait le boulot dans ce qu’on lui demande mais c’est trop peu pour sauver les meubles. Si il n’est guère plus passionnant, l’épisode de la série télévisée « New-York : Unité spéciale » qui s’inspire de cette affaire (avec Franco Nero) m’apparaît déjà plus efficace…

2/5 (Regardable)


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