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Django Unchained

Par Mrvladdy @mrvladdycrane

Django UnchainedDjango Unchained. 2 heures 44. États-Unis. Western. Réalisé par Quentin Tarantino avec Jamie Foxx, Christoph Waltz, Leonardo DiCaprio, Kerry Washington, Samuel L. Jackson, Don Johnson, Walton Goggins, Quentin Tarantino, Amber Tamblyn, James Remar, Zoe Bell, Laura Cayouette, Jonah Hill, M.C. Gainey, Tom Savini, Cooper Huckabee…

Dans le sud des États-Unis, deux ans avant la guerre de Sécession, le Dr King Schultz, un chasseur de primes allemand, fait l’acquisition de Django, un esclave qui peut l’aider à traquer les frères Brittle, les meurtriers qu’il recherche. Schultz promet à Django de lui rendre sa liberté lorsqu’il aura capturé les Brittle – morts ou vifs.
Alors que les deux hommes pistent les dangereux criminels, Django n’oublie pas que son seul but est de retrouver Broomhilda, sa femme, dont il fut séparé à cause du commerce des esclaves…
Lorsque Django et Schultz arrivent dans l’immense plantation du puissant Calvin Candie, ils éveillent les soupçons de Stephen, un esclave qui sert Candie et a toute sa confiance. Le moindre de leurs mouvements est désormais épié par une dangereuse organisation de plus en plus proche… Si Django et Schultz veulent espérer s’enfuir avec Broomhilda, ils vont devoir choisir entre l’indépendance et la solidarité, entre le sacrifice et la survie…

Alors que j’ai eu la chance de voir en salles quelques jours avant le « Django » de Sergio Corbucci pour me mettre en bouche, c’est avec beaucoup d’impatience que je me suis dirigé vers ma salle de cinéma pour voir « Django Unchained », nouvel opus de Quentin Tarantino, un cinéaste qui ne m’a jamais déçu à ce jour et dont j’avais hâte de découvrir sa relecture du personnage.

Et sur ce point, je n’ai pas été déçu. Le scénario écrit par Quentin Tarantino est une relecture très intéressante dans la même lignée que le reste de sa carrière. Du film de Sergio Corbucci, il n’en a garder qu’une extrême partie de son essence pour nous offrir un western totalement différent en traitant du sujet délicat de l’esclavage. Pour ma part, ça m’a bien botté car du coup j’ai vraiment eu la sensation de voir autre chose. N’étant pas spécialement un grand connaisseur des westerns, comme son aîné « Django » il y a quelques jours, ce « Django Unchained » m’a tout de même donné envie de me plonger dans ce genre cinématographique que je connais mal.

Tout en restant dans l’hommage et le respect du genre cinématographique qu’il met en avant, Quentin Tarantino nous offre un parfait melting pot de références et de films qui ont pu bercer sa mémoire. Certains crieront une nouvelle fois au plagiat et au manque d’originalité, pour ma part, j’aime ses relectures qui me donnent envie de pousser un peu plus loin dans le genre et que je trouve passionnante. J’ai ressenti donc ici comme une sorte de best of du western qui paradoxalement réussi à me montrer un autre visage, à me montrer quelque chose de différents tout en respectant les codes du genre. C’est du coup une sensation assez bizarre mais tout autant jouissif que ce long métrage a réussi à obtenir sur moi.

Le fait de traité de l’esclavage est aussi une riche idée. C’est là encore un sujet délicat que je maitrise mal et loin de moi de rentrer dans certain débats, je trouve qu’il à exploiter ce sujet avec une certaine intelligence en dénonçant certaines atrocités tout en le retournant à son avantage. C’est ainsi qu’on découvre une société assez malsaine où comme dans de nombreux westerns spaghettis, le monde n’est ni blanc, ni noir mais possède une large nuance de gris. Chaque personnage présente ses qualités et si certains sont bien plus du côté des « méchants », les « gentils » du film sont loin aussi d’être exempts de tout reproche. J’ai trouvé que la psychologie des personnages étaient très travaillés, on a du mal à cautionné chaque actes de nos personnages surtout que le scénario nous rappelle souvent la débilité de la situation.

C’est sans doute pour ça que le bain de sang offert par le film passe mieux. Le cinéma de Tarantino, tout comme le western en général, regorge de sang, de fusillades, de gueules amochés… et ici, même si certaines situations ou mots utilisés paraissent assez malsaines, elles n’en trouve pas moins toute leur justification dans ce récit. C’est ainsi que certaines morts ont même pu me paraître très jouissives et « normales » surtout que le film s’efforce à « punir » les personnages dont la moralité est plus que douteuse.

Après, comme tout film de Quentin Tarantino, le scénario n’est pas à prendre au premier degré même si il y a quand même certains constats intéressant comme la bêtise de l’Homme à cette époque. Il ne fait pas l’apologie du meurtre gratuit, il joue même avec en utilisant un excès de sang ou des mort grotesque comme des corps qui s’envole littéralement quand ils reçoivent une balle. Ce film s’inscrit dans la lignée du reste de la carrière du cinéaste, un film dans l’excès qui n’en reste pas moins divertissant et qui maitrise parfaitement son sujet.

Après, on peut aussi reprocher au film d’être un peu trop « parlant ». Pour ma part, cela ne m’a pas dérangé surtout que je trouve le scénario très bien écrit. C’est aussi la marque de fabrique de Quentin Tarantino qui ici va se faire plaisir dans ses dialogues, pas toujours aussi percutant que dans le passé mais toujours aussi efficace. Coupés en deux parties, j’ai autant aimé l’une que l’autre même si je reconnais qu’il y a quelques baisses de rythme par moment qui n’est pas plus préjudiciable que ça mais qui m’a laissé penser que le film aurait pu perdre quelques minutes et gagner en rythme. Maintenant, c’est quand même le cinéma de Tarantino que j’aime avec des répliques bien pensé, une trame qui tient la route, un hommage au genre, de l’humour, une crédibilité approximative et du sang à foison.

Devant la caméra, une nouvelle fois et c’est aussi une des caractéristiques du cinéaste, Quentin Tarantino a su très bien s’entourer et s’offrir un casting d’une très grande classe mélangeant acteurs du moment et d’autres un peu has been qu’il sait remettre à merveille sur le devant de la scène. Cette distribution est en tout cas une nouvelle fois excellente et chaque personnage réussis à bien exister ce qui n’est pas une chose si aisé lorsque le casting est aussi riche. J’ai vu le film en version originale mais pour avoir vu la bande annonce en version française et pour l’importance du récit qui mélange plusieurs langues, je conseille très fortement la version originale d’ailleurs.

Jamie Foxx par exemple est excellent en Django. J’aime bien l’acteur sans en être particulièrement fan mais ici il trouve un rôle à la mesure de son talent. Ça faisait bien longtemps que je ne l’avais pas trouvé aussi convaincant et charismatique. Très à l’aise avec son personnage, j’ai pris beaucoup de plaisir à le voir évoluer à l’écran. J’avais pourtant un peu de mal à l’imaginer dans un western mais son jeu a été parfaitement bien exploiter pour rendre son personnage attachant même lorsqu’il doit se comporter comme le pire des salauds pour atteindre son objectif.

Christoph Waltz en Docteur King Schultz est lui aussi très bon. Depuis qu’il a été mis sur le devant de la scène avec « Inglorious bastards » du même Quentin Tarantino, je savais que c’était une valeur sûre, un comédien dont on a su exploiter le talent et le charisme bien tard mais qui maintenant me convainc quasiment à chaque fois. Je regrettais juste que depuis « Inglorious bastards », on lui proposait que des rôles de méchants mais Quentin Tarantino a su une nouvelle fois équilibrer la balance en lui donnant un rôle un peu plus « louable ». Le comédien y excelle une nouvelle fois en tout cas et semble bien à l’aise avec son personnage mais aussi avec son vocabulaire si particulier qui lui va comme un gant.

Ça faisait un peu plus de 15 ans que Leonardo DiCaprio tenait uniquement le haut de l’affiche. Avec Quentin Tarantino il se voit relégué au rang de second rôle qui apparait bien tardivement mais en Calvin Candie il est juste exceptionnel. Parfait dans le rôle du grand méchant de service, j’apprécie toujours cet acteur que je trouve extrêmement talentueux et injustement boudé par ses pairs. Ici, il est vraiment remarquable et d’un sadisme plaisant à voir. Charismatique, il joue beaucoup avec les excès de son personnage et n’hésite pas à aller jusqu’au bout ce qui rend sa performance encore plus plaisante à mes yeux.

Dans la peau de Stephen, j’ai beaucoup aimé aussi Samuel L. Jackson. La bande annonce en révélant peu sur son apparition j’avais peur que le comédien ait un rôle anecdotique mais au final je comprends ce choix car trop en montrer aurait gâché une grosse partie de son personnage complexe et ambigu. Je l’ai trouvé en tout cas très surprenant et très intéressant, l’acteur étant vraiment très convaincant. Mon seul regret, c’est que quitte à en faire un film un peu long, on n’en sache pas plus sur le passé de son personnage et comment il est devenu ce qu’il est mais son duo avec Leonardo DiCaprio est excellent et peut se suffire à lui seul.

Quel pied aussi de voir à l’écran Don Johnson en Spencer « Big Daddy » Bennett. L’acteur cabotine juste comme il faut et livre une prestation vraiment convaincante qui fait qu’on peut regretter de ne pas le voir un peu plus à l’écran. Son apparition dans cette intrigue m’a en tout cas beaucoup plu et m’a valu quelques bons rires pendant ma projection. L’acteur semblait en tout cas s’amusait à l’écran et j’en regretterai presque qu’il n’ait pas eu un rôle plus important même si au niveau du scénario je le comprends parfaitement.

Pour apporter une petite touche de féminité dans ce monde de brutes (en même temps c’est un western), on à le droit à Kerry Washington en Broomhilda. Un peu légère, je n’ai pas été spécialement fan du jeu de l’actrice qui colle pas toujours dans cette distribution je trouve mais la comédienne joue quand même le jeu et on ne la voit pas trop du coup ça ne m’a pas embêté non plus outre mesure mais il ne fallait pas qu’elle prenne plus d’importance à l’écran je pense. Il en va de même pour Laura Cayouette en Lara Lee Candie-Fitzwilly qui aurait pu vite m’apparaître comme exécrable si on l’avait mise plus en avant.

Dans le reste de ce casting, j’ai bien aimé retrouver Walton Goggins dans la peau d’un Billy Crash que l’on adore détester. L’acteur à la tête de l’emploi et joue de façon convaincante. J’ai bien aimé aussi M.C. Gainey, Tom Savini et Cooper Huckabee dans le rôle des frères Britle (respectivement Big John, Elvis et Roger) tandis que j’ai trouvé plaisante les apparitions de Jonah Hill (surprenant chez Tarantino) en régulateur ou encore James Remar, un acteur que j’apprécie beaucoup, en Ace Speck. Quentin Tarantino quant à lui s’offre un caméo sympathique bien que pas indispensable à mon sens tandis que le caméo de Franco Nero (lors du combat chez Calvin Candie) est juste extrêmement savoureux lors de la rencontre du Django de Tarantino et du Django de Sergio Corbucci (« Le D est muet »😉 ).

Si le scénario et le choix du casting apparait comme évident dans le cinéma de Quentin Tarantino, ce dernier reste également fidèle à lui-même dans sa réalisation. C’est étrange car on pourrait lui reprocher cette complaisance, ce manque d’originalité qui fait que son cinéma est assez reconnaissable mais pourtant, à chaque fois j’ai la sensation de redécouvrir une autre œuvre. Le réalisateur a vraiment su exploiter tous les codes du genre pour nous en faire ce milk shake très agréable à suivre qui nous replonge à l’âge d’or du western sans chercher à l’imiter ou à l’égaler mais à lui rendre hommage.

Du coup, si on reconnaît quelques ficelles de son cinéma, j’ai quand même été surpris par le traitement. Je me suis même demander comment cela se faisait-il qu’il ne s’était pas essayer au western plus tôt surtout que certains de ses films nous offrait déjà des scènes dignes d’un Sergio Leone (je pense par exemple à la scène de l’église de « Kill Bill » pour ne citer que celle-là). L’espace d’un film, j’ai eu la sensation de me retrouver plongé dans les années western mais le tout avec un coup de peps qui dépoussière totalement le genre et nous démontre que c’est un registre que l’on peut encore exploiter.

Après, ça reste quand même assez contemporain avec des effets visuels très réussis qu’ils soient volontairement dans la surenchère ou non ainsi qu’un grain de l’image très propre qui font qu’on ne retrouve pas totalement le charme un peu kitsch que peut avoir les western du passé mais ça reste très agréable à suivre. Les décors sont très bien exploités et j’ai beaucoup aimé aussi le choix des costumes que l’on joue avec le personnage de Django (et son costume bleu qui fait même rire les esclaves) ou celui de Calvin (souvent très tirés vers le rouge comme pour nous rappeler le côté démoniaque de son personnage). Entre ses extrêmes, on retrouve des costumes qui ont de la classe je trouve et qui me donnerait presque envie de retourner dans mon enfance pour rejouer la conquête du far-west.

Le montage est lui aussi assez réussi même si je trouve certaines choses moins percutantes que d’autres comme la transition entre les deux parties du film. On a plus le droit au travail de Sally Menke qui avait monté tous les films de Quentin Tarantino (elle est malheureusement décédé en 2010 à l’âge de 56 ans) mais Fred Raskin fourni quand même un bon travail en respectant l’univers du cinéaste ce qui fait que la transition entre ses deux monteurs est plutôt bonne. On aurait pu quand même donner un peu plus de rythme au film je pense mais avec le recul, le long métrage me satisfait amplement malgré tout.

Très bon choix aussi concernant la bande originale. Fidèle à lui-même, plutôt que de faire appel à un compositeur, Quentin Tarantino a sélectionné lui-même les chansons qu’il voulait voir dans son film et cela nous offre un cocktail assez détonnant qui nous rappelle bien que l’on se trouve dans l’un de ses longs métrages. Le contraste entre la musique et certaines scènes (comme la fusillade sanglante à la fin) provoque le sourire mais colle aussi parfaitement avec cet univers. Ça accentue encore un peu plus le fait qu’on peut encore exploiter ce genre je trouve et sans pouvoir l’égaler au moins lui donner une seconde vie. L’hommage musicale au « Django » de Sergio Corbucci (manque plus que le cercueil) m’a lui aussi énormément plu même si comme lorsque j’ai découvert le film de 1966, j’ai longtemps eu ce thème en tête en sortant de ma salle et l’envie de revoir le film avec Franco Nero (que je vais finir par m’acheter je sens même si j’espère une édition Blu-ray). L’utilisation de la musique de Luis Enriquez Bacalov (à qui l’on doit le thème de 1966) ou encore d’Ennio Morricone est en tout cas une riche idée qui renforce encore plus l’hommage du film au genre.

Pour résumer, j’ai vraiment adoré ce « Django Unchained » qui après le « Django » de 1966 m’a encore plus donné envie de me plonger dans le western histoire de comblé mes lacunes cinématographique. Fidèle à lui-même, Quentin Tarantino m’a une nouvelle fois emballé avec son univers grâce à un scénario très intéressant associé à un excellent casting et une très bonne mise en scène. Ce n’est pas mon film préféré du cinéaste mais j’adhère totalement à sa vision du cinéma, à l’hommage respectueux qu’il rend sans jamais oublier de nous divertir et de nous en mettre plein la vue. Le long métrage aurait pu gagner en intensité avec une durée un peu plus courte mais je ne boude pas mon plaisir face à ce film que je reverrais sans doute avec grand plaisir.

4.5/5 (Grand Film)


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