Inglourious Basterds. 2 heures 33. États-Unis – Allemagne. Guerre – Action. Sortie en France le 19 août 2009. Réalisé par Quentin Tarantino avec Brad Pitt, Christoph Waltz, Mélanie Laurent, Diane Kruger, Eli Roth, Michael Fassbender, Til Schweiger, Daniel Brühl, Mike Myers, Jacky Ido, Julie Dreyfus, Denis Ménochet, Léa Seydoux, Sylvester Groth, Martin Wuttke…
Dans la France occupée de 1940, Shosanna Dreyfus assiste à l’exécution de sa famille tombée entre les mains du colonel nazi Hans Landa. Shosanna s’échappe de justesse et s’enfuit à Paris où elle se construit une nouvelle identité en devenant exploitante d’une salle de cinéma. Quelque part ailleurs en Europe, le lieutenant Aldo Raine forme un groupe de soldats juifs américains pour mener des actions punitives particulièrement sanglantes contre les nazis. « Les bâtards », nom sous lequel leurs ennemis vont apprendre à les connaître, se joignent à l’actrice allemande et agent secret Bridget von Hammersmark pour tenter d’éliminer les hauts dignitaires du Troisième Reich. Leurs destins vont se jouer à l’entrée du cinéma où Shosanna est décidée à mettre à exécution une vengeance très personnelle…
Il me semble que je n’avais pas revu « Inglourious Basterds » depuis sa sortie en salles. Pourtant, j’en gardais un excellent souvenir, celui sans doute de mon film préféré dans la filmographie de Quentin Tarantino et bien avant de remettre mon Blu-ray dans mon lecteur, le long métrage me semblait encore bien frais dans ma mémoire.
Et c’est toujours le cas. Je suis toujours autant fan de ce scénario écrit par Quentin Tarantino. Le cinéaste a toujours eu un don selon moi pour nous offrir des dialogues percutants et ici, ils trouvent toute leur splendeur dans ce récit que je trouve abouti de bout en bout. Toujours très bavard, l’histoire ne démérite pas pourtant en terme d’action ce qui est une excellente chose.
Quand l’action se fait moins sentir, on a le droit à une tension qui est palpable à l’image de la scène d’ouverture avec cette ambiance pesante dans le face à face entre Hans Landa et Perrier Lapadite que je trouve mémorable. Dès les premières secondes, le ton est donné et à aucun moment il ne redescendra restant cohérent et constant jusqu’à la fin.
Les références cinématographiques de Quentin Tarantino se font une nouvelle fois ressentir dans ce nouveau projet qui porte bien sa signature. J’ai été pris par ce western en temps de guerre avec en prime un humour léger qui est loin d’être déplaisant. Chaque ingrédient de ce récit semble parfaitement maitrisé. J’aime toujours autant cette idée de chapitre qui fait en sorte qu’on ne soit jamais perdu et du coup, je n’ai en plus jamais eu la sensation qu’il y avait eu des scènes inutiles.
Une nouvelle fois, devant la caméra on a le droit à une distribution de grande classe avec en prime un Christoph Waltz (Le Colonel Hans Landa) qui survole l’ensemble tant sa prestation est juste mémorable. Son jeu d’acteur est fin, il colle très bien à son personnage et chacune de ses apparitions sont extrêmement jouissive. En tant que spectateur, on devine vite ses intentions mais on prend toujours un malin plaisir à le voir jouer avec ses victimes en usant d’un humour sadique excellent.
Face à lui, j’ai bien aimé également Brad Pitt (Le Lieutenant Aldo Raine). Charismatique, j’ai beaucoup aimé la caricature de son personnage et l’accent que le comédien lui donne a un petit côté amusant. Il s’impose en tout cas très facilement en tant que meneur d’hommes et si je n’avais qu’un regret, ça serait peut-être celui de ne pas le voir un peu plus car à l’image de la scène finale, je pense que l’on aurait pu davantage exploiter le duel entre Christoph Waltz et Brad Pitt.
Eli Roth (Sergent Donnie Donowitz) s’en sort très bien aussi. Je ne suis pourtant pas un très grand fan de la personne mais son personnage m’a amusé. On aurait aussi pu l’exploiter un peu plus. Celui qui a réalisé « Nation’s Pride » (Le film dans le film visible dans les bonus du Blu-ray en intégralité) semble à l’aise dans cet univers décalé et il donne une bonne perversion à son personnage.
On les voit assez peu aussi mais j’aime beaucoup aussi Michael Fassbender (Le Lieutenant Archie Hicox) ainsi que Til Schweiger (Le Sergent Hugo Stiglitz). Toujours très classe et avec un humour un peu plus fin, les acteurs nous livrent une prestation remarquable. Je pourrais aussi évoquer Daniel Brühl (Fredrick Zoller) mais ce dernier devient un peu trop agaçant et paradoxalement un peu plus fade vers la fin à mes yeux.
Pour la touche féminine qui apporte une belle pointe de glamour à ce casting, Diane Kruger (Bridget Von Hammersmark) est remarquable. Elle arrive un peu dans le récit comme un cheveu dans la soupe mais son jeu est fort agréable. C’est aussi le cas pour Mélanie Laurent (Shosanna Dreyfus) dont on éprouve vite une certaine tendresse.
Malheureusement pour elle, elle est souvent en duo avec Jacky Ido (Marcel). J’ai rien contre lui mais dans ce long métrage, son jeu est catastrophique je trouve. On n’y croit jamais. Pire encore, comme si cela ne suffisait pas, son interprétation rabaisse le jeu de sa partenaire. C’est ainsi que les moments où j’ai trouvé que Mélanie Laurent jouait de façon un peu plus fausse, c’est quand elle devait donner la réplique à Jacky Ido…
Parmi les autres rôles secondaires, on peut noter la présence savoureuse de Mike Myers (Le Général Ed Fenech), Léa Seydoux (Charlotte LaPadite), Julie Dreyfus (Francesca Mondino) ou encore Martin Wuttke (Adolf Hitler) pour ne citer qu’eux. Ils sortent du panier mais c’est avec ce film et sa brillante façon de jouer la scène d’ouverture que j’ai découvert Denis Ménochet (Perrier LaPadite) et j’ai trouvé très bon Sylvester Groth (Joseph Gobbels).
Pour ceux qui ont vu « Une poignée de salopards » (le film dont s’inspire très librement ici Quentin Tarantino), il est aussi amusant de retrouver le temps d’une apparition le réalisateur Enzo G. Castellari (Un général nazi) et Bo Svenson (Un Colonel américain). Fidèle à Tarantino (qui joue d’ailleurs un nazi dans « Nation’s Pride »), on retrouve aussi Samuel L. Jackson qui prête sa voix pour la narration.
Sinon, je ne suis pas du genre à faire la guerre à la version française d’un film, je pense que chacun est libre d’apprécier un film comme il le souhaite tant qu’il prend du plaisir mais avec du français, de l’anglais, de l’italien et de l’allemand (pour cette dernière langue, le réalisateur Tom Tykwer a aidé au scénario), ce film est absolument à voir en version originale à mes yeux. J’ai testé pour voir mais la version française, ce n’est juste pas possible pour moi. En plus, avec un Christoph Waltz qui parle les quatre langues et un Brad Pitt qui s’essaie à l’italien avec un bon accent américain, on aurait tort de se priver.
Pour la réalisation, je trouve aussi que c’est l’un des films les plus aboutis de Quentin Tarantino. Il n’y a rien à jeter. Chaque plan est un tableau, chaque face à face génère une tension excellente et l’action y est présente juste comme il le faut. On retrouve son identité très présente dans ce long métrage et en même temps, encore une fois, il réussit à lui donner une âme bien à lui.
Malgré ses multiples références, on n’est pas en présence ici d’un simple copier-coller. Il y a des éléments phares du cinéaste mais aussi ce petit quelque chose qui le différencie de ses autres productions. Du début jusqu’à la fin, tout est maitrisé en tout cas. Même le plan final m’a fait quitter ce film avec le sourire comme si Quentin Tarantino nous adressait un message auquel je serais d’accord avec lui.
Visuellement, je trouve vraiment ce film très beau. Je suis en admiration devant le choix des cadres, la photographie qui est sublime, la lumière qui est parfaite et des effets visuels que j’ai beaucoup aimé même lorsqu’ils vont dans la surenchère à l’image de la projection en noir et blanc du visage de Shossana dans le cinéma dont je ne dirais pas plus afin d’éviter de spoiler (j’espère d’ailleurs ne pas en avoir trop dit…).
Le montage fait qu’il n’y a aucun temps morts. Cette idée de chapitre que le cinéaste a déjà utilisé s’avère parfaite ici pour bien suivre l’intrigue et permettre à cette distribution très riche d’avoir chacun son heure de gloire sans avoir la sensation que l’un est plus mis en avant que l’autre. C’est d’ailleurs pour ça que parfois je me dis que j’aurais aimé voir un peu plus de chaque personnage, cela concerne l’ensemble du casting.
Les décors sont eux aussi très bons. Je les ai trouvé magnifiquement exploités et j’ai trouvé ça intéressant de voir Quentin Tarantino plongé dans une intrigue ancienne et non pas dans une intrigue sensé se déroulé de nos jours. Les costumes sont excellents et la bande originale accompagne très bien l’ensemble en suivant bien le rythme.
Pour résumer, même si j’ai beaucoup d’affinités avec les films de Quentin Tarantino qui me procure toujours énormément de plaisir, je pense que ce « Inglourious Basterds » est à ce jour mon film préféré de ce réalisateur. Je trouve le scénario excellent, les dialogues percutant, le casting magnifique avec un Christoph Waltz au-dessus du lot et une mise en scène à tomber. Devant une telle qualité, je comprends en tout cas aisément pourquoi ce film reste assez facilement dans ma mémoire. Il possède tout ce que je recherche dans un film de Tarantino et le revoir fut un vrai bonheur. Un bonheur que je recommande très chaleureusement en version originale en tout cas pour un plaisir maximum.

