Du suprême degré de la vie intérieure

Du suprême degré de la vie intérieure.

"Maintenant, comprenez : cette irradiation démesurée de Dieu, jointe à une incompréhensible clarté qui est la cause de tous les dons et de toutes les vertus ; cette même lumière incompréhensible transforme et pénètre au moyen de l'absence de mode, c'est-à-dire au moyen d'une inconcevable lumière, l'inclination jouissante de notre esprit.

Et en cette lumière, l'esprit s'immerge dans le repos jouissant ; car ce repos est sans mode et sans fond, et on ne peut le connaître que par lui-même, c'est-à-dire par le repos. Car si nous pouvions le connaître et le concevoir, il tomberait dans le mode et la mesure, et ainsi ne pourrait nous satisfaire, et le repos deviendrait une éternelle inquiétude.

Et c'est pourquoi l'inclination simple, aimante et immergée de notre esprit, forme en nous un amour jouissant ; et l'amour jouissant est sans fond. Et l'abîme de Dieu appelle dans l'abîme ; à savoir tous ceux qui sont unis à l'esprit de Dieu dans l'amour jouissant. Cette invocation est une irruption de sa clarté essentielle ; et cette clarté essentielle en un enveloppement de son amour sans fond, fait que nous nous perdons nous-mêmes et que nous nous échappons à nous-mêmes, dans la sauvage ténèbre de Dieu.

Et unis ainsi, sans intermédiaire, à l'esprit de Dieu, nous pouvons rencontrer Dieu par Dieu, et posséder durablement avec lui et en lui, notre éternelle béatitude."

Ruysbroeck

Jan van Ruusbroec (ou, selon la graphie moderne, van Ruysbroeck), latinisé en Iohannes Rusbroquius, francisé en Jean de Ruisbroeck, est un clerc brabançon né en 1293, peut-être dans le village de Ruisbroek (Duché de Brabant) non loin de Bruxelles et mort en 1381 à Groenendael, situé également dans le Brabant.

Considéré parfois comme un disciple de Maître Eckhart, il tient une grande place dans le courant de la mystique rhéno-flamande.

Ses ouvrages, inspirés par les doctrines du Pseudo-Denys l'Aréopagite, sont écrits en moyen néerlandais et ont été publiés en latin par Surius (Cologne, 1552), et réimprimés en 1609 et 1692.

Van Ruusbroec a été béatifié en 1908 par le pape Pie X. Il est fêté le 2 décembre

(WIKI)