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Sombre folie par COIN

Par Livresque Du Noir @LivresqueduNoir

Depuis mon dernier coup de cœur ( L'innocence des Bourreaux de Barbara Abel), je commençais à tourner en rond, à la recherche d'un thriller psychologique qui me retournerait les entrailles.

...Jusqu'à hier soir, quand Erik m'a mis entre les mains Sombre Folie, un roman auto-publié d'Eva Lorde.

Comment dire ?... Une grosse claque que ce roman qui réunit les bons ingrédients.

Des personnages qui portent en eux des failles profondes...

Un ancien hôpital psychiatrique abandonné...

Une ambiance glauque à souhait...

Sans oublier de la réflexion autour des thèmes de la culpabilité, de la folie, de l'oubli.

Ajoutez à cela une maîtrise du suspense et une écriture aboutie et vous obtenez un très bon thriller psychologique.

Je ne connais pas Eva Lorde, mais elle mérite que l'on parle d'elle.

Pour ce qui est de l'histoire, voilà tout d'abord le résumé qu'en propose l'auteur :

Après quinze ans de culpabilité, Aline décide d'affronter la réalité et de découvrir si elle est ou non responsable de la disparition de sa sœur. Pour cela, elle devra affronter ses angoisses et ses peurs de toujours.
Ses recherches l'entraîneront dans l'univers de la psychiatrie du milieu du vingtième siècle, jusqu'à une forme de folie bien plus incompréhensible que ce qu'elle aurait pu imaginer.

Nous suivons ainsi Aline, de ses douze ans jusqu'à l'âge adulte. On vit à ses côtés son mal-être, ses cauchemars, sa construction impossible du fait de sa culpabilité qui, loin de s'atténuer avec le temps, ne fait que s'accroître avec les années qui s'égrènent.

Et cette porte secrète dans le mur d'enceinte d'un hôpital psychiatrique désaffecté, cette porte que sa sœur aurait pu emprunter, focalise toutes les angoisses de l'héroïne. L'auteure met parfaitement en scène cette limite symbolique, frontière entre réalité et folie, culpabilité et résilience. Tant qu'Aline n'aura pas vérifié par elle-même l'existence ou non de cette porte, la reconstruction sera impossible. On fantasme en même temps que le personnage autour de la porte d'accès éventuel et le fait que l'on s'interroge nous aussi sur son existence accentue encore la tension dramatique.

Avec Sombre Folie, Eva Lorde réussit aussi à faire naître une profonde empathie pour ses personnages sans pourtant sombrer dans le pathos. Ce qui n'est pas simple avec les récits qui se déroulent dans un univers psychiatrique...

Les personnages de Sombre Folie ne livrent jamais à leur entourage toutes leurs pensées, toute leur souffrance, et pourtant, c'est de cette retenue même que naît l'émotion.

Les derniers chapitres se sont finalement emballés pour conduire le lecteur jusqu'à l'atroce révélation finale. Comme si Aline était pressée d'en finir elle aussi, après toutes ses années à survivre et non pas vivre. J'aurais aimé rester encore un peu plus longtemps avec les personnages à ce moment-là... mais tout bon thriller a une fin... Malheureusement...

J'espère qu'Eva Lorde ne s'arrêtera pas là. Je lui souhaite, et nous souhaite, encore de belles aventures littéraires comme celles-ci.

Un seul mot... MERCI.

Sombre folie par COIN

Quelques extraits pour finir de vous convaincre :

Dès le début, les premières lignes donnent le ton :

" Aline s'éveilla en sursaut, se redressant brusquement dans son lit, le visage couvert de sueur et le cœur battant à tout rompre. Elle peinait à reprendre son souffle et resta quelques instants immobile, hagarde. Les yeux grands ouverts et remplis de ces terreurs nocturnes qui avaient recommencé à peupler systématiquement toutes ses nuits depuis quelques semaines. "

D'autres personnages, Jeanne notamment, resteront près de vous lorsque vous refermerez ce roman...

" Jeanne souffrait d'une sorte d'autisme, même si à l'époque, ce n'était pas diagnostiqué en tant que tel. Peu importe, elle était dans son monde à elle, dans sa bulle. [...] Je crois que dans sa tête, elle ne voyait pas la même chose que nous, elle ne voyait pas les murs sales et gris, les portes lourdes et les serrures bruyantes, elle ne voyait pas les autres patientes, parfois effrayantes. J'imaginais qu'elle était dans une sorte de forêt magique et mystérieuse, telle une petite fée qui sautillait d'un champignon géant à une fleur multicolore, je crois que c'était un peu comme ça derrière ses yeux bleus. [...] " " Ce petit bonheur a duré quelques mois, et puis la réalité a tout bouleversé. La réalité dans toute sa laideur, dans toute sa perversité. Une réalité à l'image des hommes qui salissent tout ce qu'ils touchent, qui ne savent jamais voir le beau, le magique. Le sacré. Une réalité qui avait un nom : Guy Lemoine. " " Elle savait. Elle connaissait ce mal dont lui avait parlé la vieille, ce corps étranger qui s'installait au creux du ventre pour vous torturer sans fin à coup de remords et de culpabilité, et qui ne cessait de devenir plus gros, plus imposant jusqu'à occuper toutes vos pensées, jusqu'à s'imposer à chaque seconde de chaque journée. "

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