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Le parc, de Olivier Chapuis

Par Julien Sansonnens
Le parc, de Olivier Chapuis

Ce court roman, ciselé comme une nouvelle, s'articule autour du bien connu et très apprécié parc lausannois de Mon Repos, l'un des trop rares havre de verdure du centre ville. Le décor est posé dès le prologue: un mort, un filet de sang rouge sur la neige, un photographe qui immortalise la scène.

Le parc, c'est l'histoire d'une balle de pistolet et de cinq destins télescopés, cinq existences convergeant vers ce lieu tranquille, au gré du hasard, du destin peut-être. Il y a d'abord le mort, Cédric Valloton, cadre supérieur dans une entreprise de robinetterie, personnalité un brin paradoxale, écologiste ambitieux et fier de lui. Il y a l'agent Baumann, deux ados en école buissonnière, Loïc Menetrey et sa copine Sabrina, et quelques autres encore. Des Lausannois comme vous et moi en somme, une brochette de gens ordinaires.

Le parc est un roman noir et réussi, qui commence très classiquement par une mort et gagne en intérêt au fil des pages. Olivier Chapuis est parvenu avec une certaine maîtrise à imbriquer les histoires les unes dans les autres, créant en quelques chapitres un suspense efficace. On apprécie son écriture sobre et un brin narquoise, son regard et cette manière de se moquer de son monde tout en douceur, sans jamais de méchanceté. La couverture ne trompe pas: le roman est très cinématographique, il se découpe en cinq ou six scènes bien délimitées, on imagine assez bien cette histoire devenir un film, un court-métrage sans doute, une journée à Lausanne à travers quelques regards.

On dépose une civière à côté du corps, qui, lentement, se couvre d'un duvet ouateux, scintillant de blanc, linceul de cristaux éphémères - la mort semble apprécier les mises en scène grandioses. Debout à quelques mètres, le photographe Bertrand Stark mitraille. Il enverra ses photos à plusieurs journaux, à des magazines, exposera quelques clichés. Certaines témoins pourraient penser qu'il s'agit de voyeurisme, mais il se trompent. Stark aime l'art. " Si l'art ne possède pas le pouvoir de conjurer la mort, il peut cependant la magnifier ", répond-il lorsqu'on l'interroge sur le sens de son travail.

L'auteur: Président de l'association vaudoise des écrivains, Olivier Chapuis a commencé à écrire vers l'âge de dix ans, avant une éclipse commerciale qui l'a ramené à l'écriture au milieu des années 90. Depuis, il a publié plusieurs nouvelles dans des ouvrages collectifs, un roman numérique intitulé Insoumission (2015), et Fragments (2013), un recueil de nouvelles numériques.


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