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Les collections océaniennes des musées d'ethnographie suisses

Publié le 14 avril 2016 par Detoursdesmondes
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À la fin du mois, un petit programme Afrique et Océanie concocté pour les membres de Détours des Mondes : Colmar avec l'exposition du Museum d'histoire naturelle : L'Afrique et ses donateurs en compagnie de Josette Rivallain et Anick Walker ; Bâle pour son Musée des cultures en compagnie de Béatrice Voirol, conservatrice des collections océaniennes et Zürich avec le musée Rietberg et la nouvelle exposition Dada Afrika à l’occasion du 100e anniversaire de Dada, agrémentée d'une sympathique invitation de la Galerie Walu.
Tout les amateurs d'art océanien connaissent la renommée du musée de Bâle : des chercheurs tels que Fritz et Paul Sarasin, Felix Speiser, Alfred Bühler et Paul Wirz contribuèrent en effet à un enrichissement spectaculaire des collections du Pacifique. Malheureusement depuis la rénovation du musée, celles-ci sont moins accessibles au public qu'à l'époque où Patrick O'Reilly les décrivait dans le Journal des Océanistes (1946)... cela inciterait à se transformer en souris pour faire le tour des réserves !

"Nouvelle-Guinée. — La Nouvelle-Guinée hollandaise (collection Wirz, 1920), la Nouvelle-Guinée centrale, le Sépik, le fleuve Digul, la Nouvelle- Guinée anglaise (collection de P. G. Black, 1903), les îles de l'Amirauté, la Nouvelle-Irlande, la Nouvelle-Bretagne (collection Fr. Wandres, 1896- 1899), les Trobriand, sont représentés par 8 ou 10.000 objets dont beaucoup, évidemment, n'ont pu être exposés et demeurent dans les réserves. Les îles de l'Amirauté représentent à elles seules mille objets rapportés par le Dr. A. Buhler en 1931-32. En une courte visite, il est impossible, cela va de soi, de faire autre chose que de jeter un coup d'œil sur les objets présentés au public et d'admirer la richesse de ces collections, sans doute unique en Europe, depuis la destruction des grands musées d'Allemagne.

Mélanésie du Nord. — Sans pouvoir rivaliser avec la Nouvelle-Guinée, les vitrines des Salomons offrent de belles séries grâce aux récoltes de Speiser (1929-1930) à Nissan, Buka (120 pièces) et Bougainville (250 objets), où je note une très belle sculpture, portrait d'une jeune morte. E. Paravicini, en 1918-1929, a ramené également des objets de Malaita, Guadalcanal, Choiseul et de la Nouvelle-Géorgie.. Une sorte d'autel de pierre, provenant de Choiseul, pièce unique et erratique, donnée par Bernatzick, figure à Bale. On la trouvera, décrite et reproduite, dans le rapport du musée pour l'année 1934.

Nouvelles-Hébrides. — Les collections rapportées en 1913 par M. le professeur Félix Speiser font de Bâle un des plus riches dépôts européens pour les Nouvelles-Hébrides. La culture matérielle d'Ambrym est représentée par environ 110 objets, celle d'Aoba, par 100, Gana, par 100, Espiritu Santo, par 200, Malo, par 100, Malekula, par 180, dont de magnifiques statues d'ancêtres. Pentecôte et Tanna, par une centaine chacune. Les masques, les statues de fougère, les tambours de bois sont . nombreux. Parmi les objets uniques, notons le fameux récipient de pierre figurant un cochon à dents, dont l'usage reste problématique. Les séries concernant les parures sont excellentes.

Nouvelle-Calédonie. — Grâce aux séries rapportées, en 1913, par Fritz Sarazin et Jean Roux, la Nouvelle-Calédonie est très abondamment représentée à Bâle: plus de 400 objets pour la Calédonie et presque autant pour les Loyalty. La quasi-totalité des objets exposés ici ont été décrits dans l'ouvrage magistral de Sarazin. La collection est, naturellement, composée pour une bonne part d'objets assez modernes, encore qu'on y rencontre de nombreuses pierres magiques, des paquets de sorciers, des têtes de monnaies. Signalons également 4 bambous gravés.

Polynésie, Tahiti. — A part 6 échantillons de tapa qui proviendraient d'un voyage de Gook, Tahiti est pauvrement représenté et d'une manière toute moderne, par environ 70 objets rapportés par MM. Théo Meyer et Lucas Staehlin, qui exécutèrent en 1932 un voyage d'études en Polynésie française. Ces objets, en caisses lors de mon passage, n'étaient pas visibles. D'après les fiches, il s'agit de pierres de hache, de pilons, hameçons, éventail, tambour en bambou, flûte, corbeilles, rapes à coco, plats de bois. Un poisson en grosse vannerie, de 4 m. 50 de long, a été également rapporté de Tahiti à Bâle, en 1913, qui servit de masque lors de quelque fête.

Iles Marquises. — L'archipel est représenté par environ 350 objets, non exposés. Il s'agit d'armes, d'objets usuels, de parures, d'instruments de musique, de sculptures. Cette collection a été étudiée par von der Steinen dans son ouvrage classique sur les Marquises. M. Speiser me signale que le poignard considéré par cet auteur comme une pièce unique et ancienne, était en réalité une lame de bois, moderne, fixée avec de la cire à cacheter sur un manche plus ancien.

Tonga, Tubuai, Cook-Island, Hawaii, Samoa, les îles Paumotu sont représentés par quelques objets.

La Nouvelle-Zélande, par une cinquantaine d'armes et de sculptures, l'île de Pâques, par une «idole» et quelques objets de pierre, tous en caisses. Les îles Gilbert et les Carolines, par 150 firmes et instruments usuels.

L'Australie se présente à Bâle avec plus de 500 objets, assez souvent localisés. Ce sont les collections du professeur Ed. Hanschin (1932) et de T. T. Webb (1930) concernant le nord de l'Australie. Je note également une collection d'objets cérémoniels en plume, recueillis par Miss Strehlow et entrée au musée en 1913."

Pour lire l'ensemble de l'article sur Persée :
Note sur les collections océaniennes des musées d'ethnographie de la Suisse

Un article de Patrick O'Reilly.


Photo : Masque Awan, collecté par Paul Wirz, © M. der Kulturen, Bâle.


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