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[Avant-première] Adopte un veuf, la comédie remède à la crise du logement

Par Rémy Boeringer @eltcherillo

[Avant-première] Adopte un veuf, la comédie remède à la crise du logement

Adopte un veuf, qui sortira le 20 avril prochain, et que nous avons eu la chance de voir en avant-première, ce jeudi 14 avril 2016, est une agréable surprise. Ce qui n’était pas évident lorsque l’on sait que François Desagnat, le frère de Vincent, est le réalisateur qui avait commis, pour la troupe du Morning Live, La beuze et Les 11 commandements. Porté par Dussollier, fidèle à lui-même, c’est-à-dire excellent et par Bérengère Krief, qui se révèle aussi attachante qu’hilarante, ce cinquième film du réalisateur pourrait avoir trouvé la solution à la crise du logement et a la fracture générationnelle. Pour le pire mais surtout le meilleur.

Hubert Jacquin (André Dussollier, la voix de l’aviateur dans Le petit Prince, Diplomatie et La belle et la bête et qu’on a pu écouter au Festival du Livre de Nice), veuf depuis peu, se morfond dans son grand appartement bourgeois en mangeant des apéricubes devant des vieux péplums. Rose (Blanche Gardin), sa boulangère, lui conseille de trouver une femme de ménage. Distrait, il se trompe de numéro et c’est Manuela Baudry (Bérengère Krief que l’on a vu dans Joséphine s’arrondit) qui débarque chez lui, croyant qu’il cherche une colocataire.

[Avant-première] Adopte un veuf, la comédie remède à la crise du logement

Manuela (Bérengère Krief) et Hubert (André Dussollier)

Adopte un veuf, c’est d’abord un casting trois étoiles qui regroupent la crème de l’avant-garde comique française tel Blanche Gardin et Bérengère Krief et les vieux briscards parmi lesquels André Dussolier, génial avec ses faux airs de blasé désabusé et Nicolas Marié que l’on aime toujours retrouver depuis ses débuts devant la caméra d’Albert Dupontel (et que l’on a chroniqué dans 9 mois ferme). À leur côté, Arnaud Ducret (malheureusement Eric dans Les profs 2) et Julia Piaton que l’on suit depuis quelque temps avec beaucoup de bonheur (dans Qui c’est les plus forts ?, Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?, Le talent de mes amis ou encore Arrêtez-moi là), ne déméritent absolument pas. Ce quatuor de colocataires improbables offre de beau moment de rire et même quelques instants d’émotions. Les personnages secondaires ne sont pas en reste. On note notamment une petite visite du frérot (Vincent Desagnat), drolatique en marchand de sommeil crapuleux (qui a dit pléonasme ?). Adopte un veuf possède avant tout un humour fin qui détonne avec ce que l’on pouvait attendre, faisant surtout la part belle au jeu d’acteur, laissant les mimiques des protagonistes prendre l’avantage. Les dialogues bien ficelés, laissent se faire des quiproquos jubilatoires qui constituent de vrais petits moments burlesques. Une osmose cocasse se créent entre un avocat dépressif, quarantenaire, en pleine séparation, une infirmière à l’apparence coincée, une étudiante en lettres fantasque et ce vieux docteur rabougri, engoncé dans son luxe et son ennui. Autant de caractères divergents promettant de joyeuses disputes et des occasions de faire rire le public de situations incongrues. Paris réussi pour Adopte un veuf qui fait toujours mouche même si les ressorts scénaristiques sont parfois déjà vu.

[Avant-première] Adopte un veuf, la comédie remède à la crise du logement

Marion (Julia Piaton), Manuela (Bérengère Krief) et Paul-Gérard (Arnaud Ducret)

Le long-métrage est une vraie comédie dont on ressort plus heureux que l’on est entré, porteuse de messages positives, n’usant pas trop de clichés, et gardant une petite place pour l’émotion. C’est qu’en plus de nous faire poiler, les quatre compères finissent par être touchants, les uns par leur naïveté, les autres pour leur grand cœur, tous parce qu’ils apprennent à vivre ensemble, non sans difficultés, mais avec un élan sincère. Adopte un veuf, de comédie, se mue en film de potes, et perdant sa seconde peau, en romance. En plus de ça, Desagnat propose, l’air de pas y toucher, des pistes à suivre en matière de logement et de solidarité. On laisse crever nos vieux en maison de retraite et l’on plonge de plus en plus de jeunes dans l’enfer de la rue. Adopte un veuf amène une solution radicale : et si nos vieux riches logeaient nos jeunes pauvres ? Et si l’on ne pouvait pas faire d’une pierre deux coups en ramenant de la vie dans des foyers éteints tout en aidant notre prochain à vivre dignement ? Puisque l’on ne peut rien attendre d’un État incapable de faire appliquer les lois sur les logements sociaux ou sur le droit au logement opposable, puisque le scandale des 2 millions de logements vacants perdure faute de volonté politique, et à l’heure de l’économie collaborative, ce genre de piste citoyenne pourrait être à creuser. Et puis, il y a fort à parier que les générations, que l’on oppose souvent de manière factice, gagneraient à se parler, à se comprendre, à échanger et à partage davantage. Peut-être qu’un bon péplum pourrait enrichir Manuela autant qu’une Caïpirinha pourrait raviver la terne existence d’Hubert ? N’est-il pas ?

[Avant-première] Adopte un veuf, la comédie remède à la crise du logement

Hubert (André Dussollier) et Manuela (Bérengère Krief)

Si vous avez envie de passer un bon moment en salle dans les semaines à venir, n’hésitez à prendre votre grand-mère par le bras, ou la voisine grabataire du dessous, et foncez voir Adopte un veuf.

Boeringer Rémy

Pour voir la bande-annonce : 


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