Les start-ups de la première saison de l’année du Y Combinator ont démontré que les robots industriels ne sont pas que l’apanage du secteur automobile. L’industrie au sens large, la biologie et l’agriculture sont concernées.
La première saison de 2016 du Y Combinator s’est fait l’écho de l’importance croissante de la robotique, une tendance transversale à plusieurs secteurs. L’automatisation est d’ailleurs envisagée par beaucoup comme la 4e révolution industrielle. D’ici 2018, 1,3 million de robots industriels devraient entrer en action dans les usines du monde entier. Une croissance qui devrait d’abord être portée par le secteur automobile quand on voit qu’aux États-Unis, ce dernier ferait chaque seconde l’acquisition d’un robot industriel selon l’International Federation of Robotics. Pourtant, les start-ups du Y Combinator ont mis en évidence le fait que c’est l’industrie au sens large qui est en réalité concernée. GeckoRobotics, par exemple, investit le marché avec un robot conçu spécialement pour réaliser des inspections techniques dans les centrales électriques. Ces inspections, encore aujourd’hui conduites par l’homme, en moyenne deux fois par an, sont extrêmement dangereuses. De plus, chaque année, elles coûteraient plus de 15 milliards de dollars au secteur de l’énergie américain, selon les propos de Jake Loosararian, co-fondateur de GeckoRobotics. Le robot, qui est capable de grimper sur des surfaces verticales, permet de réaliser une inspection 7 fois plus rapidement et de collecter 10 fois plus de données que lors d’une inspection réalisée par l’homme. C’est aussi une belle opportunité d’économie pour l’industrie, le coût d’une opération pouvant s’étendre de 50 000 à 100 000 dollars. L’industrie pétrolière comme l’industrie chimique sont également des cibles pour GeckoRobotics.
La robotique au service de la recherche
La robotique investit aussi le secteur de la recherche, comme l’a prouvé la start-up OpenTrons. Cette dernière construit des robots à destination des biologistes spécialisés dans le pipetage, soit l'action de prélever une quantité précise de liquide grâce à une pipette. Comme le soulève Will Canine, co-fondateur d’OpenTrons, « que vous fassiez de la recherche sur le cancer, que vous soyez en train de développer de nouveaux médicaments ou de travailler à la création de nouvelles molécules, vous transvasez en permanence à la main de petites quantités de liquide de tube à essai en tube à essai. Ce qui prend du temps et ralentit la science ! ». Le robot d’OpenTrons apparaît alors comme un véritable assistant personnel de laboratoire, actionnable à distance depuis un simple navigateur. Les biologistes n’ont qu’à télécharger des protocoles depuis le site internet d’Open Trons pour conduire leurs expérimentations librement. Ces protocoles sont open-source, chacun est ainsi invité à contribuer à l’enrichissement de la plateforme, une façon de démocratiser la biologie en somme. La start-up générerait déjà des profits depuis un mois et aurait enregistré une croissance de 50 % par mois depuis son entrée au Y Combinator. Avec 4 millions de biologistes ayant recours au pipetage quasi quotidiennement et un prix de vente avoisinant les 5 000 dollars, une opportunité de $20 milliards se profile pour OpenTrons. En outre, son modèle économique repose en parallèle sur la vente de réactifs de laboratoires, un marché lucratif, estimé à $27 milliards par an selon les propos du co-fondateur d’OpenTrons.
Le potentiel des robots agricoles
En tête des secteurs fortement impactés par la robotique, l’agriculture. D’ici 2020, les robots agricoles devraient représenter un marché de plus de 16.3 milliards de dollars. Contrairement aux initiatives de robots compteurs ou cueilleurs de fruits dans les vergers, la start-up Iron Ox ne se concentre pas sur un seul maillon de la chaîne de production mais ambitionne de produire entièrement des fruits frais et à bas coût sans recours à l’intervention humaine. Selon Brandon Alexander, cofondateur de Iron Ox, un tiers du coût de la production agricole végétale serait à attribuer à la main d’oeuvre. La start-up, dont les cofondateurs ont fait leurs armes chez Willow Garage et Google X, a commencé à développer des robots autonomes, notamment un robot mobile terrestre capable de gérer des milliers de plantes sous serre et un robot planteur, opérant tout deux dans une serre-test. À l’heure actuelle, y poussent des laitues, du basilique ou encore du chou de Chine . « Le futur de l’agriculture, c’est l’automatisation ! Et ça ne fait que commencer ! », s’est exclamé Brandon Alexander, co-fondateur d’Iron Ox.