Il accueille les gens qui arrivent, disant son nom, serrant les mains… La main d’Antoine Mouton, qui accueillait quelques instants auparavant, accompagne ses mots, de gestes ronds, ou incisifs, de mouvements de vagues ou de nuages. Ce sont d’abord des nuages, en effet, photographiés pendant un voyage en train, et ces mots simples, textes très brefs, évoquant celui-ci, celui-là, celui « qui / s’en va ». Puis sa lecture va nous emporter dans des textes inédits, assez longs, nous permettant d’en apprécier la période, la cadence. La poésie, chez lui, ne consiste pas à filer la métaphore. Elle est faite de la matière des mots qu’il tresse (trois verbes, trois brins), et s’apparente au modelage, à la danse. Dans la discussion qui suit cette lecture (que quelques pages des Chevals morts viennent conclure), Antoine Mouton raconte qu’il écrit des mots quand il se réveille dans la nuit, sans chercher alors à les agencer autrement que selon leur venue et que ces mots seront, plus tard peut-être, articulés ensemble et avec d’autres. Il dit aussi, plusieurs fois, écrire ou avoir écrit en voyage : le train pour Où vont ceux qui s’en vont ? la voiture pour Les Chevals morts. Une écriture, et une lecture, qui nous mettent en mouvement.