Un nouveau disque de PJ Harvey est forcément un événement. Partant de ce postulat immuable et rassurant, je ne pouvais évidement pas faire comme s'il n'existait pas. L'anglaise reste une des rares valeurs sûres du rock féminin, réussissant à chaque nouvelle sortie à proposer quelque chose de neuf, à se renouveler. Ici, la chanteuse a parcouru le monde, côtoyé la misère et la guerre pour y puiser l'inspiration. L'enregistrement du disque a aussi été ouvert au public. PJ Harvey a voulu un disque en mouvement, généreux, en y faisant rentrer un maximum d'expériences et de bruits extérieurs. Comme si, l'âge aidant, elle semblait de plus en plus intéressée par le monde qui l'entoure. Les débuts rêches et introspectifs sont désormais loin. On pourra le regretter, car sa musique a perdu en originalité et puissance, ce qu'elle a gagné en assurance et lisibilité. Si les premiers titres lancés sur la toile en avant-première auguraient le meilleur, l'ensemble apparaît quand même un poil décevant. Le milieu de l'album, par exemple, constitue une sorte de ventre mou, dont l'inspiration, en retrait, laisse à penser que ce "The Hope Six Demolition Project" ne restera pas l'oeuvre la plus essentielle de l'artiste.
En résumé, PJ Harvey continue de sortir des disques solides et efficaces, mais elle semble avoir besoin de plus en plus d'artifices (l'emploi d'un saxo, les voyages, l'enregistrement public du disque, etc) pour continuer à surprendre. Est-ce cette fatale maturité qui touche aussi le rock ou bien une réelle difficulté à rester simple et directe ?
"The Community Of Hope" :
"The Wheel" :