Escapade australienne.
Originaire du bout du monde, aka Sydney, Hein Cooper a sorti la semaine dernière son premier album The Art of Escape. Sous ses airs de surfeur australien, ce grand échalas nous offre un disque pop-folk solaire qui sent le sable encore chaud au coucher du soleil. Dix titres tantôt mélancolico-jolis, tantôt up-lifting et légers qui s’écoutent avec plaisir sous un ciel printanier. Les promesses estivales et les envies d’évasion s’égrainent sous les doigts du songwriter.
Le disque s’ouvre sur le titre éponyme « The Art of Escape » et son pattern de picking qui accompagne un chant nonchalant puis des montées dans les aigus pour le refrain. Les circonvolutions de la guitare nous transportent et nous invitent à parfaire notre art de l’évasion aux côtés du jeune homme. Un dernier strumming et des percus lourdes accompagnent une montée électronique et une voix distanciée qui viennent clore ce premier titre.
Un rythme plus cadencé introduit « Rusty » qui dévoile des percus plus enlevées et arrangements à la guitare et au synthé pour un titre plus pop. « I get a little rusty » nous confie-t-il sur du clapping. Deux mots lâchés par une voix électro féminine et nous voilà projetés dans « Overflow ». Le morceau s’ouvre sur des sifflements et une production un peu plus riche dont la basse envahit le fond sonore puis contraster les aigus du refrain, qui nous rappelle un peu Muse pour le meilleur (ou pour le pire). Hein Cooper s’amuse avec son ambitus et nous embarque dans un titre qui appelle au déhanchement.
Mais changement d’ambiance avec « Curse My Life » dont les accords de guitare nous rappellent un peu « Where is My Mind? » des Pixies. Il nous y raconte comment il s’est retrouvé le cœur brisé, dans les règles de l’art de la ballade folk. L’ending offre des harmonies toutes douces avant d’enchainer avec les salves électroniques et les chœurs évanescents de « Dopamine ». Un pattern qui tourne et un phrasé cyclique puis des percus épaisses nous prennent par la main. La composition est solide et fonctionne très bien, un tube à écouter idéalement sur des dunes, au crépuscule. On sent qu’on va beaucoup la chantonner cette mélodie derrière nos lunettes de soleil…
On continue sur la lancée plus pop avec « All My Desires » qui débarque avec des accords plus folk grattés rapidement sur les cordes de sa guitare. Des chœurs et du clapping collégiaux. Quelques accents qui rappelle Tom Odell. Les montées du refrain sont maitrisées, Hein jongle habilement avec tous les tours qu’il a dans son sac. Puis, « Polar Bears » s’immisce avec des petits aiguillons électroniques pour une ballade rafraichissante dans le Grand Nord. Une section rythmique un peu tribale pour un chant plus onirique qui portent un titre qui fait taper du pied.
« The Real » nous surprend avec une basse saturée et une section rythmique électro, une voix modifiée et inquiétante vient nuancer le chant. On est entré de plein pied dans de la dream-pop, sans vraiment s’en rendre compte. Un peu de spoken word incantatoire et des chœurs chimériques dans un capharnaüm sonore qui s’éteint et laisse la place à la fragilité de « Water ». Juste des accords plaqués puis une montée en puissance, on est de retour du côté folk de la force. Ces allées et venues sont assez inattendues mais nous trimballent à travers le disque qui tient plus d’une collection de chansons que d’une narration suivie. Mais cela fonctionne bien dans cette optique d’évasion, on ne s’attarde pas dans un endroit qu’on connaît déjà.
Le titre assez long s’agrémente d’un solo un peu garage et un peu pop, à la coloration d’un Beach House. Finitions à la voix, sans fioriture, qui nous amènent à « Luna Sky » pour conclure cet album. Des lyrics répétées et un rythme syncopé. « I’m flying through the Luna Sky / alone tonight / But I make it through the quietest times / I’m home, I’m high », ça y est, le soleil a basculé de l’autre côté de l’horizon et la nuit monte sous les frondaisons. Le temps de faire passer le pét’ à son voisin allongé sous les étoiles et nous voilà à la fin de ce voyage éclectique et imaginaire proposé par le songwriter australien.
Du guitariste folk bricoleur accompagné de sa pédale loop, Hein Cooper passe au full band et prend une dimension indie pop intéressante et prometteuse. C’est sous l’égide protectrice du producteur Marcus Paquin qui a aussi officié pour Local Natives, Arcade Fire ou The National qu’il nous livre ce premier effort qui nous fait voyager dans des contrées ensoleillées de l’été. Sans apporter un vent de prodige, The Art of Escape souffle un vent de fraîcheur appréciable en cette saison et qu’on pourra savourer en live car il sera en concert le 11 mai prochain au Point Éphémère pour défendre son premier opus.
À écouter, donc, au bord de l’eau (la mer pour les plus chanceux, les quais d’un fleuve ou d’un canal pour les autres), allongé sur un transat baigné de soleil, en dégustant une boisson bien fraîche avec ses potes juste avant l’apéro. Cheers !
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Mathilde
Chroniqueuse et petites mains des partenariats sur l'Internet. Khâgneuse en Histoire des arts dans la vraie vie.Pop, folk, rock et indies, la monomanie à tous les étages. Team chatons tristes.
Mon Cocktail Préféré : Champomy d'abord ! Et puis la bière. Enfin, tant qu'il y a du gin...
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