Durant 2015, le gouvernement a pris deux décisions importantes : "Ne plus payer cash plus de cinq millions de dinars pour l'immobilier et plus d'un million de dinars pour les voitures." Et les banques, explique Abderrahmane Benkhalfa, ont eu, pendant cette année, une "épargne supplémentaire estimée à 130 à 135 milliards de dinars par rapport aux années antérieures". Abondant en termes de chiffres, il dira qu'il y a un "montant d'épargne en stock investi dans les banques qui a dépassé les 7.000 milliards de dinars", précisant que "sur le plan international, l'Algérie est l'un des pays qui a des capitaux les plus sains".
Confiant à l'aboutissement de l'opération de l'emprunt obligataire, M Benkhalfa dira que "nous n'avons rien à craindre, nos clients, épargnants, commerçants, structurés ou pas, sont les bienvenus. Cela permet de réinjecter les capitaux ''endormis'' ou qui ne sont pas utilisés dans l'activité économique". À une question de savoir si le montant plafond escompté a été atteint, le ministre indique que ce montant "n'est pas déterminé, mais demeure important". Sur sa lancée, le premier responsable des Finances explique que le marché financier "va fonctionner et les épargnes sont à tel niveau qu'il faut plusieurs initiatives, plusieurs niveaux de rémunération, pour diversifier et permettre à chaque citoyen et commerçant de trouver une réponse à sa demande". À l'heure actuelle, "nous y allons au rythme souhaité et avec beaucoup d'optimisme". L'emprunt obligataire, faut-il le rappeler, n'est pas propre à l'Algérie. "Nous retournons à un sentier salutaire qui consiste à financer la croissance par les moyens nationaux", enchaîne le ministre. Pour tout emprunt, les rendements annuels sont de 5% pour une souscription de 3 ans, et de 5.75% pour une durée de 5 ans, avec exonération d'impôts. "C'est un taux élevé", reconnaît le ministre, soulignant tout de même que "nous sommes en train de garantir aux gens un rendement. Cet investissement sera investi dans des projets économiques qui vont éventuellement apporter plus parce que l'État partage avec les épargnants le fruit de cet investissement dans des ouvrages importants qui vont dans la croissance ou dans des entreprises d'investissements." Et d'ajouter : "Nous sommes dans cette voix salutaire qui consiste à recycler l'argent de l'État dans des projets économiques."
Recycler l'argent de l'informel
D'autre part, il rebondit sur la situation financière difficile, corollaire de la chute des recettes pétrolières, que traverse l'Algérie. Relativisant les choses, M. Benkhalfa note que l'emprunt obligataire demeure un choix, expliquant, pour la crise financière, que c'est une "tourmente mondiale, marquée par des récessions et des guerres des taux au niveau des monnaies". Sans passer par trente-six chemins, le ministre reconnaît également que "l'Algérie a perdu beaucoup de ressources". Mais les efforts se poursuivent pour "pouvoir recycler l'argent, rentrer l'informel dans l'économie". Sur la manière à réduire l'informel, le ministre des Finances répond : "Par l'inclusion. Nous avons pris une décision avec les 7% d'inclusion fiscale. Nous prenons ces dispositions pour l'inclusion financière. De nombreux Algériens ont des capitaux sains, mais, pour des procédures administratives, ils se trouvent en marge de l'activité économique. Ils n'ont pas à rester en dehors de la croissance nationale. Nous prendrons d'autres dispositions avec notre diaspora. L'économie algérienne doit pouvoir vivre et compter sur les épargnes de tous les citoyens." Quant à la compatibilité de la démarche avec les exigences religieuses, M. Benkhalfa réitère que "c'est une opération bancaire, financière. Le niveau du taux d'intérêt est au-dessus de l'inflation. Il s'agit d'un investissement économique que l'État partage ce qu'il gagne avec les épargnants".
Fouad Irnatene
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CASH souscrit pour 20 milliardsLe Crédit populaire d'Algérie a organisé, hier à Alger, la cérémonie de lancement d'une opération de souscription de la compagnie d'assurance CASH (filiale de Sonatrach) à l'emprunt national pour la croissance économique lancé le 17 avril 2016. En marge de cette rencontre, les deux responsables ont exprimé leur pleine satisfaction quant au lancement de cette première opération qui a pour objectif, le financement des projets inhérents à la promotion de l'économie nationale. Désormais, les guichets de banques ou d'agences postales sont à la disposition des souscripteurs à l'emprunt. Ces derniers ne sont donc pas tenus de présenter un justificatif sur la provenance de l'argent qu'ils viennent de déposer auprès des banques, agences postales ou le Trésor public.
D'ailleurs, le PDG du Crédit populaire d'Algérie (CPA), Omar Boudieb, a assuré que "cette contrainte a été complètement levée". Et de continuer : "Le fait que notre pays ait connu une baisse de ses ressources, ces derniers temps, à cause la chute des prix de pétrole, l'emprunt obligataire est devenu le moyen nécessaire pour faire face à cette situation et de continuer notre rythme annuel de croissance qui oscille entre 3.5% et 5%. L'Algérie est obligée de continuer sur cette lancée, car le nombre de sa population est de plus en plus important, en plus elle est composée de plein de jeunes. L'emprunt représente le meilleur avantage de tous les marchés financiers en ce qui concerne, notamment la durée et le taux d'intérêt et la fiscalisation." S'agissant du nombre des souscripteurs depuis le lancement de cette opération, il a indiqué qu'"actuellement, nous avons enregistré un nombre important. Il est à noter que ces titres sont présentés en deux formats de 50.000 dinars chacun, et que les souscripteurs peuvent acquérir autant qu'ils veulent d'une manière nominative. Les deux sont des titres à un taux fixe, l'un à 5% pour une échéance de 3 ans, alors que le second est d'un taux de 5,75% pour une période de 5 ans. Avec ces taux, les rémunérations seront de l'ordre de 2.500 dinars/an pour le premier et de 2.857 dinars pour le second". De son côté, le président de la Cash, M. Naouri, a fait savoir que la CASH a souscrit pour un montant de 20 milliards de centimes, et des titres de 1 million de centimes seront disponibles à partir de la semaine prochaine pour satisfaire les personnes à petits revenus. Aussi, des titres de 100 millions de centimes seront imprimés pour les gros déposants.
Concernant le chiffre d'affaires de la CASH, il a souligné qu'"il est estimé à 10 milliards de dinars". Pour rappel, à l'occasion du lancement de l'opération de l'emprunt national de la croissance économique, le ministre de Finances Abderrahmane Benkhalfa avait souligné que toute personne intéressée (particuliers, entreprises publiques ou privées) est invitée à "investir son épargne disponible dans le développement de l'économie nationale". Pour inciter les personnes à souscrire à cet emprunt, Benkhalfa a voulu donner des garanties sur l'objectif de cet emprunt qui consistait à financer les projets économiques des investissements publics, et qu'il ne s'agissait nullement de financer les dépenses de l'État.
Makhlouf Ait Ziane
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