« Que reste-t-il d'Alexandre Grothendieck ? Un héritage mathématique considérable et ces 20 000 pages de notes que personne n'a lues attentivement »
Grothendieck : il est aussi difficile d’écrire correctement son nom que de résoudre une équation à 5 inconnues, n'est ce pas? Un nom qui est d'ailleurs carrément oublié du grand public, et pourtant ce mathématicien génial, écologiste radical au début des années 1970, ermite retiré du monde dans un paisible village d’Ariège pendant vingt-trois ans, jusqu’à sa mort le 13 novembre 2014, était vraiment une personnalité hors du commun que le journaliste à Libération Philippe Douroux se propose dans un essai paru chez Allary éditions, de réhabiliter à travers une longue et très détaillée enquête qui l’a vu passer 4 années sur les traces de cet homme aussi à l’aise avec les chiffres que mal à l’aise avec les humains…
Encore plus qu’Alan Turing, Grothendieck est la preuve qu’un génie des maths n’est pas un génie de la sociabilité : toute sa vie personnelle et professionnelle pousse le curseur de la misanthropie poussée à son paroxysme, il refuse tous les honneurs (médaille Fields, prix Crafoord…), s’oppose à toutes les institutions qui l’employèrent (dont le Collège de France) et finit par se retirer du monde, effrayé par ce que les hommes pourraient faire de ses découvertes...
Reclus pendant 23 ans dans un petit village de l’Ariège, il ferma sa porte à tous ceux qui voulurent entrer en contact avec lui : ses ex-collègues, ses ex-femmes, ses anciens étudiants, et même ses enfants...
Considéré par ses pairs comme le dernier grand génie des mathématiques on ne sait pas vraiment ce que l’on serait sans Alexandre Grothendieck vu qu’il est reconnu comme étant le père fondateur des mathématiques modernes, permettant le développement des téléphones portables et d’Internet…
On voit bien qu'entre la volonté de louer ses mérites intellectuels et dénigrer son comportement humain un peu discutable, Douroux a vite fait son choix tant il trouve tout un tas de circonstances atténuantes à cet homme qui aura connu les camps d'internement et qui aura jusqu'au bout tenu bon la carte de l'absolu et sa volonté de ne jamais sacrifier son travail tellement érudit, impossible à comprendre pour les communs des mortels que nous sommes aux honneurs et à l'hypocrisie sociétale...
Après Alan Turing. Réhabilité l’an passé à travers l’excellent film Initiation games et Kurt Gobel (dont la romancière Yannick Grannec avait vanté tous les mérites dans son superbe déesse des petites victoires), Philippe Douroux rend, mais sous l’angle du documentaire cette fois ci un bel hommage à un autre génie un peu oublié des maths, qui devrait plaire à tout le monde mais aux grands allergiques aux chiffres.la preuve, j’ai trouvé le livre vraiment passionnant… allez je n’ai plus qu’à me mettre dans l’autobiographie de Cédric Viviani et la boucle sera bouclée !! :o)