Un nouveau biopic qui retrace la carrière du scénariste le mieux payé d’Hollywood, jusqu'à ce qu'il soit mis au ban de la profession entre 1947 et 1957, poursuivi par la commission des activités anti-américaines en raison de son adhésion au parti communiste américain entre 1943 et 1948.
Hollywood vu par Hollywood, un classique … Mais ici, à travers cette histoire de liste noire, l’évocation concrète d'un épisode de l'après-guerre dont le jeune public doit avoir bien du mal à comprendre le contexte historique (mais c'est celui de notre enfance ...).
Il faut s’imaginer, alors que le parti communiste s’est aujourd’hui presque totalement effondré, combien l’angoisse de la guerre froide nourrissait les plus terribles fantasmes aux Etats-Unis. C’est l’époque où l’on soupçonne de trahison tout homme professant des idées avancées, celle de l’affaire des époux Rosenberg condamnés à mort pour avoir transmis à l’URSS les secrets de la bombe atomique, celle de la guerre de Corée. En France, toute l’intelligentsia proclame la suprématie du stalinisme et règne sur le monde de la culture, le PCF recueille 28% des voix en 1946.
Dalton Trumbo est un journaliste et écrivain – son livre « Johnny s’en va–t-en-guerre » est un réquisitoire terrible contre les horreurs du premier conflit mondial– et surtout un scénariste à succès. Il figure bientôt parmi les « Dix d’Hollywood » qui refusent, au nom du Premier Amendement de la constitution américaine, de reconnaitre leur appartenance passée ou présente au parti communiste. A ce titre, il est condamné à 11 mois de prison et se voit interdit de travailler par tous les studios. Il va créer une sorte de coopérative de scénaristes travaillant sous de faux noms. Lui-même remporte cependant plusieurs Oscars sous divers pseudonymes, pour « Vacances romaines » ou « Les clameurs se sont tues ».
Le film - scénario de John McNamara - est fondé sur sa correspondance et les souvenirs de sa famille. On le voit travailler comme un forcené, alternant whisky, tabac et amphétamines, nuit et jour, pour des clopinettes, enchaînant des histoires pour séries Z. La paranoïa de la commission des activités anti-américaines sévit pendant 10 ans et elle met en lumière des personnalités bien peu reluisantes : Edward G. Robinson, John Wayne, Ronald Reagan … Grâce à Kirk Douglas qui, le premier, l’inscrit au générique de sa superproduction « Spartacus », puis Otto Preminger qui l’engage pour « Exodus », Dalton Trumbo finit par sortir de cette malédiction et mettre en échec la proscription à laquelle, lui et ses amis, ont été soumis.
Les acteurs du film sont excellents, en particulier Bryan Cranston et Diane Lane, sa fidèle épouse, sans oublier Helen Mirren qui incarne l’abominable chroniqueuse d’extrême-droite Hedda Hopper qui commente le milieu du cinéma avec ses inénarrables chapeaux. Ce qui est un peu difficile, c’est de voir des acteurs peu connus incarner des idoles de notre jeunesse comme Kirk Douglas ou John Wayne. Une mention spéciale pour John Goodman, en producteur de films au kilomètre … dans une scène d’anthologie !