Horseshoe G.A.N.G. « Anti Trap Music » @@@@
Sagittarius Laisser un commentaireLe Horseshoe G.A.N.G. est une affaire de famille, une affaire qui peut marcher. Demetrius, Julius, Kenny et Dice Wickliffe sont tous les quatre sortis du même utérus, qui avait expulsé avant eux Dominick, plus connu sous le pseudonyme de Crooked I a/k/a KXNG Crooked.
Le frère aîné a veillé au grain en les intégrant dans son Circle of Bosses et leur a mis les sabots à l’étrier dès 2008 en les invitant sur ses projets le temps que le groupe se fasse un nom sur la scène de Los Angeles. Ce qui n’a pas empêché les cadets d’avoir foutu un peu le bazar en se frottant à la clique de Funk Volume (Hopsin et compagnie), parce qu’ils n’ont pas la langue dans leur poche. Fallait oser appeler leur album Anti-Trap Music.
D’entrée ça joue les grandes gueules avec ce titre extrémiste, se poser à contre-courant de la tendance actuelle de manière radicale, mais leurs intentions sont claires : le gang basé à Long Beach n’est pas là pour faire de la figuration. Il devait bien y avoir de toute façon un jour ou l’autre des détracteurs de la trap et qui le clamerait haut et fort. Voilà, c’est fait.
Le Horseshoe Gang vous passe le salam sur l’intro avec un « say ‘hi’ to the bad guys », accompagné des synthés qui avertissent du danger. Avec KXNG Crooked comme exemple, les quatre frères ont été à la bonne école. Des rimes écrites au sang d’encre, des flows musclés, pas de doute, la génétique et l’environnement, les influences expliquent cela. Et cette allergie farouche à la trap expliquée sur l’unique interlude, vu selon eux comme un vecteur musical vantant les substances psychotropes qui tue leur communauté à petit feu. Autrement, ça ne les dérange pas par contre d’utiliser les prods à la DJ Mustard (« I Want« , « Poor Swagg« ) signées The Pitchshifters, parce que ‘effet de mode’ et comme c’est bien fichu, on va pas s’en plaindre.
Que ça plaise ou non, ils disent ce qu’ils ont à dire comme sur le gangsta « Shoe-icide Squad« , révélant chacun leurs personnalités et leurs styles, leur panel de flows, avec au finish l’ébouriffant « Crooked I Robot« . Les instrus varient en fonction de l’état d’esprit des textes, prenez par exemple « Poverty Slogans« . Le Horseshoe Gang ressort les paroles sans cesse répétées par les rappeurs sur instru bouncy avec de grosses babasses et épurés comme les Pac Div, question d’efficacité. Ou alors « Falling » et « Stress Belief » qui parlent social en y mêlant des sentiments d’amertume et impressions que rien ne marche, le réalisme à l’état pur, les instrus sont cette fois plus mélancoliques. Pour la touche r&b smooth, c’est sur « Broken Ass Nigga » pas du tout romantique. Quand ils tournent autour de la question « Who’s The Best Rapper« , les frangins donnent leur liste de meilleurs MCs, citant Ice Cube, Scarface, Jay-Z, Kurupt, Twista, The D.O.C., LL Cool J, etc… (égratignant au passage les rappeurs blancs comme MGK, Mac Miller et Macklemore), sur un beat vocal.
Comme vous pourrez le constater, le gang de Long Beach ne mentait pas sur la marchandise. Ce n’est pas qu’un coup de bluff pour faire le buzz. Aucun morceau inutile, que des pétards mammouth, le Horseshoe Gang va à l’essentiel et bien que compact (onze titres), on découvre de plus en plus d’arguments en faveur d’Anti-Trap Music au fil des écoutes. L’album connaît déjà son petit succès en indépendant puisque toutes les copies physiques se sont déjà vendues et s’est classé dans le Top50 d’iTunes dans quinze pays.