Il est bon de le retrouver
C’est le cas de le dire, un vieil ami. On se perd de vue mais chaque fois que l’on se retrouve c’est un plaisir toujours renouvelé. Il en est ainsi des maisons d’Antoine Westermann. Une ambiance et une chaleur particulière s’en dégagent, de celle que l’on découvre souvent en Alsace, faite de simplicité, du sens de l’accueil, et de l’amour du travail bien fait pour soi et pour le client. C’est le cas ici, dans cette belle salle un peu sombre aux pierres apparentes, de bon goût, qui rehausse cette rue Saint-Louis-en-l’Île qui résiste encore à l’envahissement des marchands du Temple, fringues et usines à bouffe en embuscade. Hommage en passant à Bertillon qui fut à la tête pendant des décennies de cette résistance.
En cuisine, le chef Wilfried Octuvon-Bazile est un cuisinier de talent qui ne plaisante pas avec la qualité des produits ni avec ses réalisations généreuses, pleine d’esprit et de sens et surtout savoureuses à souhait. Ici, les légumes ont la priorité, dans l’énoncé des plats où ils précèdent la viande ou le poisson, comme dans l’assiette.
Le Pâté en croûte n’est pas le truc du chef mais le reste est absolument délectable. Toutes fraîches, les Asperges, d’un vert pimpant, sont servies avec un œuf poché qui reste cent fois meilleur qu’un œuf à basse température n’ayant pas ce côté glaireux fort déplaisant et n’apportant pas grand chose au goût. Elles sont agrémentées d’une délicate vinaigrette aux herbes fraîches qui n’altère pas la saveur franche des asperges parfaitement cuites… pas al dente à couper au couteau à viande.
La Blanquette de veau est depuis longtemps le must du restaurant. On la trouve uniquement dans le semainier, le dimanche. Ça tombe bien pour ce plat chaleureux et familial. Pour deux, elle est servie en coquelle en céramique du plus bel effet. Copieuse, généreuse, chacun se sert et se ressert à son envie. Le veau, par ailleurs de bonne qualité, est assez moelleux et composé uniquement d’épaule. Les légumes, superbes carottes, champignons de Paris, oignons, sont formidables, en provenance d’un maraîcher du Sud-Ouest. Toujours l’exigence Westermann. La sauce est un poil liquide mais de bon goût. Excellent riz pilaf. Au final, un très beau plat classique qui s’accompagne bien d’un Bourgogne Pinot Noir 2014 de F. Coche (7 €).
La Tarte au chocolat, traditionnelle et à l’alsacienne est également un rendez-vous difficilement contournable de la maison. Un sablé parfait, un chocolat doux et savoureux et le tout d’une délicatesse réjouissante.
Il y a des légumes printaniers avec une épaule d’agneau confite, des fèves et des girolles poêlées servies avec un suprême de volaille rôti, un Risotto aux asperges vertes, et des oignons nouveaux et champignons avec un cabillaud poché, le tout en matelote. De quoi vraiment se régaler.
Carte des vins courte mais précise et un bon choix de vins au verre abordables. Ambiance paisible, gourmande, accueil parfait comme le service, et le bonheur de voir des touristes découvrir une cuisine française réalisée avec sérieux et talent. Une table parisienne comme on les aime.
69, rue Saint-Louis-en-l’Île75004 Paris
Tél : 01 40 46 01 35
www.mon-vieil-ami.com
M° : Pont Marie
Menu : 48 € (3 Plats) au dîner
Menu Carte : 50 € environ