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L’ABCdaire de deux nanas fondues de Collette

Par Anneju71 @LesMotordus

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On s’est donné comme objectif avec Geneviève, du blog Collectif Polar, de vous présenter un livre par mois en lecture commune.

Au lieu de faire un article « classique », on a eu l’esprit tordu de se dire : « L’alphabet a 26 lettres. On en prend 13 chacune. On trouve 13 mots qui qualifient notre ressenti sur le roman. On les définit. » Mais comme je vous l’ai dit, on n’a pas toutes les cases dans le bon ordre😉. On a donc décidé de ne pas vous donner qu’1 seule définition mais 2. Chacune participe à l’ABCdaire de l’autre. Un vrai travail d’équipe !

Sur mon blog, vous allez trouver mes 13 mots et pour avoir les 13 autres, il faut aller sur celui de Geneviève en cliquant ici !

Alors ce mois-ci, on est des fondues de Sandrine Collette. Après 3 romans magistraux, Des noeuds d’acier, Un vent de cendres  et Six fourmis blanches, Il reste la poussière est paru le 25/01/2016 chez Denoël, collection Sueurs froides.

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Patagonie. Dans la steppe balayée de vents glacés, un tout petit garçon est poursuivi par trois cavaliers. Rattrapé, lancé de l’un à l’autre dans une course folle, il est jeté dans un buisson d’épineux.
Cet enfant, c’est Rafael, et les bourreaux sont ses frères aînés. Leur mère ne dit rien, murée dans un silence hostile depuis cette terrible nuit où leur ivrogne de père l’a frappée une fois de trop. Elle mène ses fils et son élevage d’une main inflexible, écrasant ses garçons de son indifférence. Alors, incroyablement seul, Rafael se réfugie auprès de son cheval et de son chien.
Dans ce monde qui meurt, où les petits élevages sont remplacés par d’immenses domaines, l’espoir semble hors de portée. Et pourtant, un jour, quelque chose va changer. Rafael parviendra-t-il à desserrer l’étau de terreur et de violence qui l’enchaîne à cette famille?

Je vous laisse découvrir mes 13 mots et nos définitions :

B
 comme Bêtes :

AJ : Dans ce nouveau roman de Sandrine Collette, les bêtes ont une place très importante. C’est la première fois que l’auteure joue de la présence de ces bêtes. Elles sont mieux considérées que les hommes. Certes, c’est leur gagne-pain, mais elles sont carrément mille fois mieux traitées que les personnages.  Certes,  les jumeaux ne sont pas forcément toujours tendres avec les bêtes non plus. Il y a des liens très forts entre les maîtres et leurs animaux.

GVL : Tu sais Anne-Ju comme je suis sensible à la condition animale. Et là, effectivement l’auteure se sert de cette sensibilité pour nous faire vivre encore plus intensément cette aventure. Il y a les animaux de bétail. Ceux qui font vivre les hommes et puis il y a les animaux domestiques. Ceux-là non plus n’ont pas une vie facile. Au service des hommes elles sont. Bêtes de somme ou chien de garde. Mais surtout l la bête de cette histoire c’est l’humain. Et là réellement l’homme est un loup pour l’homme ! La cruauté en plus …

D
 comme Destinée :

AJ: Si j’ai choisi ce terme, c’est pour son association de vouloir et pouvoir. La destinée de chacun des personnages est assez atypique. Ils ont tous un destin qui n’est pas forcément tracé.  Tous les personnages ont une volonté d’avenir différent mais ils n’ont pas forcément le pouvoir de le faire ou alors quelqu’un d’autre va l’exercer pour eux. Joachim n’aurait jamais parié sur cette nouvelle destinée. Rafael doit faire des choix qui pourraient paraître logiques pour nous mais pour lui ne le sont pas forcément. C’est toute la complexité des personnages, des lieux, des éléments de vie qui sont mis en avant dans ce roman et que j’adore.

GVL : Que voilà un beau mot pour définir ce roman !

Et oui, sommes-nous maîtres de notre destin ? Nos choix ne le conditionnent-il pas ?

C’est exactement ça que nous propose Sandrine Collette. Des tranches de vie, à un moment donné dans des conditions particulières. Et on va suivre leurs chemins, leurs destins qui vont s’entremêler et s’entrechoquer.

F
 comme Famille :

AJ: Waouh quelle famille ! On n’en croise pas tous les jours des comme cela et heureusement ! Quoique, je me dis qu’il y a quelques décennies, de nombreuses familles étaient identiques.  Je pense aux conquêtes du Far West et non à la petite maison dans la prairie.

L’auteure nous dresse le portrait d’une famille très dure envers tous ses membres. La mère est le pilier. C’est elle qui décide de tout pour tout le monde. Abandonnée par son mari, elle élève à la dure de chez dure ces 4 enfants. Aucun cadeau n’est fait. Aucun instinct maternel n’est montré. Un vrai dragon ! Elle va même jusqu’à faire une chose horrible mais chut je n’en dirai pas plus. Ensuite, nous avons les enfants qui entre eux ne se font aucun cadeau. Les jumeaux sont les plus puissants dans cette fratrie et font régner la peur et la terreur sur les deux plus jeunes.  5 personnes qui luttent pour vivre, pour survivre par tous les moyens.

GVL : Oh oui, quelle famille. La mère peut paraître une véritable marâtre. Une mère sèche et autoritaire. Elle est le chef de famille. C’est sous son regard que la fratrie s’organise. Une famille telle une meute avec ses dominants et ses dominés. Chacun y ayant une place, déterminée, précise, presque immuable.

H
 comme Huis Clos :

AJ: Sandrine Collette, la reine incontestable du huis clos. Tout y est ! Personnages, pas trop, juste ce qu’il faut. Des décors magnifiques mais terriblement oppressants. Des histoires bien noires avec une lueur d’espoir. Tout ce qu’il faut pour créer des malaises, des colères, de la rage, de l’envie, de la survie. On est tellement en autarcie que l’on n’est plus trop maître de nous à la lecture de ses romans.

GVL : Tiens c’est marrant que tu parles de huis clos. Plus c’était évident pour son premier roman, Des nœuds d’acier, plus là, l’idée ne m’avait pas effleuré l’esprit. Mais maintenant que tu en parles, c’est vrai que j’ai eu ce sentiment d’enfermement en lisant ce titre. Et ce malgré les grands espaces qui se dévoilent devant nous durant toute la lecture.

J
 comme Jumeaux :

AJ: Je sais que Geneviève en a parlé brièvement pour la lettre G, mais je voulais revenir sur ces jumeaux : Joaquim et Mauro. Pourquoi avoir choisi des jumeaux ? Envie de créer des clans. Car, il est évident que ces deux-là se soutiennent dans la dureté de la vie qu’ils subissent. Ils forment une armée à eux tous ceux. Ils sont une force indestructible. Leur mère ne leur refuse rien, leur passe tous les sévices qu’ils font subir aux plus petits. Mais justement c’est  cette gémellité, qui va faire que tout va basculer dans l’imprévu. Un grain de poussière qui va se coincer et changer leurs destinées.

GVL : Peu importe que je parle des jumeaux dans ma partie, certain de tes lecteurs n’iront sans doute pas lire la suite. Et tu as raison, c’est important de parler de ces jumeaux. Non seulement ils sont liés par cette gémellité mais en plus ils sont les aînés de la fratrie. Et du coup ça leur confère une place supérieure. Une place qu’ils revendiquent haut et fort.

L
 comme Lueur d’espoir :

AJ: As-tu remarqué Geneviève qu’il y a toujours dans ses romans noirs, une lueur d’espoir ? On la décèle bien celui-là quand Steban part dans cette steppe et découvre de nouveaux horizons. Mais aussi avec cet argent qui pourrait être une nouvelle porte de sortie meilleure vers l’avenir. Sans oublie Joachim qui se voit proposer tout autre chose. A un moment donné, chaque personnage entrevoit une lueur d’espoir à son niveau. Comme dans tous ses romans, on a le sentiment que tout peut changer grâce à un mot, un geste, un sentiment, une action. L’espoir fait vivre ? Non il fait survivre dans les romans de Sandrine Collette.

GVL : Oui, il y a une lueur d’espoir dans toute cette noirceur. Et chacun des protagonistes a un  espoir secret  de voir sa vie changer, même si ils n’y pensent  pas tellement et qu’ils sont empêtrés dans leur quotidien.

C’est nous lecteurs, spectateurs du drame qui portent leurs espérances dissimulées. C’est nous qui sommes leur lueurs d’espoir car nous l’espérons aussi !

N
 comme Noirceur :

AJ: Rien que  la couverture nous dit déjà que nous sommes dans du roman noir. Tu as remarqué que les autres couvertures sont aussi noires les unes que les autres ? On a tout du roman noir avec Sandrine Collette : les décors, les personnages, les ambiances, les intrigues. Pfff après sa lecture, j’ai eu besoin de lumière et de rire.

GVL : Oui, nous sommes bel et bien dans un roman noir car il s’intéresse aux aspects les plus sombres d’une société en pleine mutation. L’Argentine est en plein essor économique, et pour autant comme à chaque fois, il y aura des laissés pour compte.

Mais le roman noir, c’est aussi une forme moderne du roman d’aventures qui véhicule une vision pessimiste du monde.

P
 comme Phénoménal :

AJ: J’aurai pu choisir un autre adjectif mais je trouve que ce mot va tellement bien au style !

« Elle est vraiment, elle est vraiment phé no mé nale ,lalalalala lalalala..Elle mériterait, elle mériterait d’être dans toutes les bibliothèques …. »

GVL : Et elle le sera petit Padawan. Car ce livre est salué par la critique mais aussi par ses lecteurs. Même les plus réticents, ceux qui disaient : «  Oui, Sandrine Collette, elle a fait un bon bouquin, son premier et depuis… ».  Même ceux-là, trouvent ce roman exceptionnel.

Et tu as raison, cette auteure est phénoménale. Et moi ce que je trouve phénoménal c’est qu’elle se renouvelle à chacun de ses polars !

R
 comme Rencontre :

AJ: Je ne voudrais pas trop spoiler mais dans le livre, Rafael fait une rencontre qui  va influencer sur sa destinée. Elle n’est pas là par hasard. Elle va le pousser à se surpasser et surtout à prendre confiance en lui. De là découle toute la suite du roman.

GVL : Oui, il y a des rencontres qui changent un homme. Ici c’est plutôt le jeune garçon qui par cette rencontre, cette péripétie devient un homme.

Mais chut laissons le futur lecteur découvrir tout ceci !

T
 comme Tragique :

AJ: Quand j’y repense, toute cette histoire est tragique au final. Je ne peux pas trop en dévoiler car je veux que les lecteurs découvrent. Pour avoir lu les 4 romans de Sandrine Collette, dès le début, je pense toujours au plus tragique. Même si un côté de moi me dit que quelque chose de bien peut se produire. Il y a toujours une lueur d’espoir mais la tragédie est omniprésente. Tragique que mère considère ses enfants comme des ouvriers agricoles, tragique que ces garçons aient peur les uns des autres, tragique que cette femme lutte seule dans son monde si hostile….et j’en passe !

GVL : Oui, sous nos yeux se déroule une tragédie. Personnellement j’aurai plus volontiers parlé de drame. Sandrine Collette utilise les ressorts du drame plus que de la tragédie. Pour expliquer tout cela, une définition s’impose. Oui je sais je fais ma bibliothécaire😉.

« Quand la tragédie commence, l’acte qui a fait basculer dans le tragique est déjà accompli. L’intérêt de la tragédie n’est donc pas de montrer une action dont on suivrait les péripéties, mais de montrer les conséquences d’un acte qui engage un être dans sa stabilité. »

« L’adjectif dramatique désigne tout ce qui a trait à l’action (drama, en grec).
Ainsi, l’intensité dramatique correspond à la quantité d’événements qui surviennent en un laps de temps donné, le rythme  dramatique, à leur vitesse de succession, le suspens dramatique (ou suspense, en anglais), à la tension que crée l’imminence d’une catastrophe. L’ensemble de ces éléments constitue l’intérêt dramatique. »

V
 comme Violence :

AJ: Je pense que tu seras d’accord avec moi Geneviève, mais ce livre est violent. L’atmosphère est violente, les sentiments, le climat, les personnages. Ce n’est pas une violence où je dégomme tout sur mon passage. Mais une violence sournoise que vous croisez un jour  suite à un coup ou une insulte et qui ne vous quitte plus. Elle laisse un goût de sang dans la bouche. La violence appelle la violence ? Je ne sais pas mais il est difficile de lutter contre. Steban en est un exemple vivant (enfin façon de parler).

GVL : Oh oui ma Juju, je suis d’accord avec toi. Tout ici est violence. Il y a dans ce roman une espèce d’urgence et d’impétuosité, d’exaltation voire de véhémence. On est souvent à bout de souffle. Il y a un tel déchaînement de sentiments.

Je comprends que tu puisses ressortir de ce roman avec une sensation de révolte, d’écœurement ou encore de fureur et de colère.

X
 comme XoXo :

AJ: Avec ce Xoxo, je voulais vous témoigner mon amitié et vous remercier. Vous suivez nos ABCdaire et on est ravi. Même si on le fait avant tout pour nous, on désire qu’il vous parle, vous interpelle. D’ailleurs, on compte sur vous pour nous faire des retours aussi bien positifs que négatifs sur les livres et les auteurs choisis. C’est toujours intéressant et enrichissant de débattre sur tel ou tel livre ou tel ou tel auteur. Donc, n’oubliez pas que vous avez la parole !

GVL : Rhaaaa, je ne parle pas le langage SMS aussi bien que toi, petit Padaxan.

Mais oui, je partage ton Xoxo. Et remercie avec ferveur les lecteurs qui suivent avec assiduité nos lectures communes. Il faut dire qu’ils sont un peu longs nos Abécédaires. Mais que voulez-vous, nous sommes des passionnées et donc, on aime vous en donner pour votre curiosité.

Alors oui, partageons et surtout comme le dit si bien Anne-Ju, faites nous partager à votre tour votre ressenti.

 

Z
 comme Zut c’est fini ! :

AJ: Comme à chaque fois, c’est plaisant et fatiguant de faire ces ABCdaires. On choisit nos livres. On se trouve du temps pour trouver les mots et les définitions. On s’aide aussi car ce n’est pas toujours évident. Et puis, certains livres nous parlent plus que d’autres, ou plus à l’une qu’à l’autre. Mais ce que je sais, c’est que c’est toujours un grand et réel plaisir de s’éclater sur les ABCdaires avec mon maître Jedi.

On voulait que nos LC sortent du lot. Et je pense que nous avons réussi notre défi même si des fois, on baisse les bras. Il faut dire que l’on s’éclate tellement que l’on veut que vous aussi vous vous éclatiez autant que nous en le lisant et surtout en lisant le livre ! Car, notre but avant tout est de vous faire découvrir un auteur qui nous est cher ! On s’en sort plutôt pas mal, n’est-ce pas Maître Jedi ?

GVL : Oui cet ABCdaire est prenant.  Comme je le disais sur Facebook, il y a quelques jours :

« On met du cœur et du temps à faire ces ABCdaires. On essaie d’en faire un par mois, et j’avoue que perso, ça me demande une énergie de dingue, j’ai l’impression de faire, en une seule chronique, toutes les chroniques de ma semaine.
Et…J’ai juste un regret, si j’y mets, si nous y mettons autant d’énergie c’est que les livres ou les auteurs que l’on vous présente sont importants pour nous, pour moi.
Alors, oui j’ai juste un regret. J’ai l’impression que ceux-ci ne vous intéressent pas plus que ça !
Je me trompe ??? Ou bien ? »

Mais, peut-être suis-je un poil trop exigeante? Car déjà j’y prends beaucoup de plaisir et qu’intellectuellement je trouve cela excitant. Et puis? c’est aussi une forme de partage et d’échange avec toi Juju. 

Oui j’aimerais les partager davantage. Faire naître le même enthousiasme, que j’ai eu pour ces lectures, chez nos lecteurs. Leur dire avec tous ces mots la beauté du texte, l’implication de l’auteur, son talent.

Alors oui ZUT, si on n’a pas réussi notre pari car ZUT, prolonger notre lecture avec vous c’est juste kiffant.

Voilà, c’est le coup de gueule de la fin car oui ZUT c’est déjà la fin.

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