Vincent van Gogh
Fils d’un pasteur néerlandais, neveu de son homonyme Vincent Van Gogh qui co-dirigeait la firme de négoce d’art international Goupil & Cie à La Haye, Vincent, comme son frère Théo, commença par suivre la tradition familiale en juillet 1869 en entrant en apprentissage chez Goupil & Cie. Il devait y rester plus de 5 ans, à La Haye, puis dans les filiales, à Bruxelles, Londres (juin 1873 à mai 1875), Paris (jusqu’à fin 1875), où il commenca à développer un dégoût pour le commerce de l’art. Il se mit alors à mener une vie de reclus et à lire intensément la Bible.
Il quitte son emploi et retourne chez ses parents à Etten en 1876, avant de retourner en Angleterre comme professeur dans un internat, puis prédicateur.
L’année suivante, il commence des études de théologie à Amsterdam, qu’il abandonne un an après, avant de partir pour le Borinage, en Belgique, comme prédicateur et évangéliste auprès des mineurs de charbon de cette région désolée. Son tempérament fougueux et ses opinions politiques et sociales avancées le font se heurter aux autorités de l’Eglise et Vincent abandonne sa vocation.
C’est seulement en août 1880 à l’âge de 27 ans, que Vincent décida de devenir peintre. Vincent Van Gogh est un peintre largement autodidacte. Il commence par copier des dessins, particulièrement des scènes de la vie paysanne de Jean-François Millet, auquel il voue une estime quasi religieuse. Ayant envisagé de rentrer à l’Ecole des Beaux-Arts de Bruxelles, il y passe l’hiver 1881, mais travaille de façon indépendante et quelquefois avec le peintre hollandais Anton Van Rappard jusqu’en avril.
Vincent n’ayant pas de moyens d’existence, c’est son frère Théo, qui travaille à la filiale parisienne de Goupil, qui le prend en charge comme il devait le faire régulièrement tout au long de la vie de Vincent.
Ses amis se détournèrent de Vincent lorsqu’il voulut se mettre en ménage puis épouser une mère célibataire, Sien Hoornik, qu’il avait engagée comme modèle. Il ne put dès lors compter que sur l’aide matérielle et morale de son frère Théo, et, après un bref séjour à Drenthe en septembre 1883, la solitude le pousse à retourner en décembre 1883 chez ses parents, désormais installés à Nuenen (dans le Brabant, près d’Eindhoven), deux ans après les avoir quittés.
Paris
A Nuenen, ses rapports avec sa famille s’améliorent. Vincent commence à y peindre ses premières œuvres autour du thème de la vie populaire, réalisant de nombreuses études de tisserands et de paysans, dans des tons sombres et lourds, comme la terre qu’ils labourent (Les mangeurs de pommes de terre, avril 1885).
Après le décès de son père en mars 1885, Vincent, cherchant à vivre de sa peinture, quitte Nuenen et la Hollande (il n’y reviendra jamais) en novembre 1885 pour Anvers. Mais le marché de l’art y étant en récession et l’originalité de sa technique heurtant les vues des professeurs de l’académie locale, il partira en mars 1886 retrouver son frère Théo à Paris.
Van Gogh allait s’adapter très vite à Paris, se liant d’amitié avec de nombreux impressionnistes, lesquels pratiquaient pourtant une peinture d’avant-garde bien différente de la sienne, allant même jusqu’à adopter, au moins provisoirement, certaines de leurs façons. Il y étudia dans l’atelier du peintre Fernand Cormon, dessinant sans relâche à partir de modèles et de plâtres. Mais faute d’y trouver ce qu’il cherchait, Vincent quitta l’atelier au bout de 3 mois pour travailler à nouveau seul. Il s’y fit toutefois de véritables amis : Emile Bernard, et Henri de Tououse-Lautrec qui lui fit découvrir la vie nocturne de Montmartre.
Van Gogh délaissa rapidement les « harmonies de gris » qu’il avait si longtemps étudiées pour une palette plus colorée, et se mit à peindre des scènes de rue et des vues de la ville.
Lorsque Van Gogh arrive à Paris en 1886, les Impressionnistes tiennent leur dernière exposition et commencent enfin à être acceptés. Déjà Georges Seurat et Paul Signac cherchent, avec le Divisionnisme, à créer un néo-impressionnisme plus scientifique. Van Gogh, s’intéressant particulièrement à leurs recherches basées sur la division du spectre de la lumière, reprit sa technique, étudiant l’impression optique laissée par de petites touches de couleurs primaires (le rouge, le bleu et le jaune) et complémentaires (le violet, l’orange et le vert).
Van Gogh fut aussi sensible au courant du Synthétisme de Gauguin, tendant vers une certaine abstraction et stylisation où les formes des objets sont obtenues à l’aide de zones colorées délimitées avec précision. Paris découvrait avec enthousiasme les estampes japonaises, et Van Gogh qui les collectionnait tenta également de saisir dans plusieurs toiles les principes qui leur étaient sous-jacents : stylisé du tracé, zones de couleur pure, beauté de la nature (Portrait du père Tanguy, 1887).
Ne pouvant se payer des modèles, Vincent peint ceux qui veulent bien poser pour lui, ou réalise des autoportraits (pas moins de 25 entre mars 1886 et février 1888).
La plupart des œuvres de cette époque ne portent pas l’empreinte typique de Van Gogh, comme s’il devait poursuivre ses recherches sans essayer d’exprimer ses propres visions et qu’il « n’arriverait à rien avant d’avoir travaillé sur au moins deux cents toiles« . Venu à Paris dans l’espoir d’être mieux connu des milieux artistiques, et de vendre ses toiles, Van Gogh dut, comme beaucoup de ses amis impressionnistes, exposer dans la vitrine de salles de café ou de magasins. Officiellement, Van Gogh ne vendit de son vivant, en tout et pour tout, que deux tableaux, et ce par l’intermédiaire de Théo.
Finalement, Van Gogh, fatigué, dépressif, souhaita quitter l’agitation de Paris, ses hivers rigoureux, pour le sud de la France où il emportait avec lui l’espoir de fonder une communauté d’artistes, un nouvel « Atelier du Midi«
Arles
Lors de son séjour à Arles, de son arrivée le 20 février 1888, à son départ pour l’asile de Saint-Rémy le 8 mai 1889, Van Gogh allait exécuter quelque 200 toiles, plus d’une centaine de dessins, et écrire plus de 200 lettres.
Arles est à l’époque une ville importante de 23000 habitants, mais Vincent, qui s’y installe dans la « Maison Jaune« , ne s’y intégrera jamais véritablement : « les gens ici sont paresseux et insouciants », « Je ne vois nulle part ici la gaieté du sud dont parle tant Daudet, mais plutôt une désinvolture insipide et une négligence sordide« . Mais il n’avait rien à redire quant aux paysages qui prennent pour l’artiste des visions poétiques : « quelles compensations quand vient un jour sans vent, quelle intensité de couleurs, quelle pureté de l’air, quelle vibrante sérénité« .
Van Gogh travaille avec frénésie, peignant son nouvel univers avec une vivacité de couleurs et une gaieté sans précédent dans sa carrière, sans perdre de temps à la recherche de nouveaux motifs.
L’arrivée de Gauguin à Arles le 23 octobre 1888 devait encore accélérer la vie de Van Gogh, tout en contribuant à améliorer sa santé. Il était heureux, avant que les deux hommes ne s’opposent sur leur façon de travailler, et ce qu’il devait appeler, « la catastrophe« , dans la journée du 23 décembre, qui vit Van Gogh menacer Gauguin avec un rasoir, avant de se mutiler partiellement l’oreille droite. Conduit à l’hôpital de la ville, il se rétablit vite et regagna la maison jaune dès le 7 janvier 1889, se remettant à peindre (Autoportrait à l’oreille bandée).
Il devait retourner à l’hôpital début février, se plaignant d’entendre des voix. Des voisins envoyèrent une pétition pour que le peintre fut interné. Il entra le 8 mai 1889 à l’asile de Saint-Rémy.
Saint-Rémy
Une semaine après son entrée, Vincent fut autorisé à peindre, on lui trouva même une chambre faisant office d’atelier.
Il allait conserver durant tout son séjour à l’asile jusqu’en mai 1890, mises à part quelques périodes de dépression et ses « attaques », un esprit très imaginatif et créatif, peignant d’abord dans les jardins de l’asile une série de toiles impressionnistes comme Les iris. Puis il retrouve un style plus novateur, avec un graphisme plus fort, des couleurs plus vives, des lignes accentuées et des perspectives audacieuses, pour peindre les paysages de Provence dans des séries, sur les cyprès.
Vincent envoie régulièrement des toiles à Théo. Iris et Nuit étoilée seront exposées au 5ème Salon des Indépendants en septembre 1889, puis 10 de ses toiles au Salon de 1890, ainsi que 5 à l’Exposition annuelle des vingt à Bruxelles. La réaction très positive d’artistes comme Monet et Pissaro, ainsi que du critique Albert Aurier encouragèrent beaucoup Vincent et Théo. Vincent qui oscillait entre des périodes très productives et des moments de désespoir, en était venu à penser qu’il était parvenu à créer une oeuvre de valeur… avant de douter encore : « mon travail pendant ces dix ans se résume à de pitoyables études, des échecs« .
Après plusieurs « attaques », Van Gogh sentit qu’il lui fallait quitter l’asile. Le 16 mai, il partit pour Paris, où il ne resta que quelques jours chez son frère, avant de partir le 2O mai, ne supportant plus le bruit et l’agitation de la ville, pour Auvers où il se confia au Dr Gachet, l’ami des peintres.
Auvers-sur-Oise
Il commença très vite une série sur les maisons aux toits de chaume, les rues du village et son église. Décrivant son tableau L’Église, Van Gogh écrit : « c’est une fois de plus presque la même chose que les études que j’ai faites de la vieille tour et du cimetière de Nuenen, mais les couleurs sont probablement ici plus expressives et plus fortes« . Cette phrase montre que l’artiste perçoit son oeuvre dans sa totalité. Van Gogh aura toute sa courte vie de peintre traité les mêmes thèmes, cherchant toujours à progresser en faisant évoluer son style, ses couleurs.
Vincent fit le portrait du Dr Gachet, puis de sa fille, suivit de très près les moissons et peignit de nombreuses études sur ce thème, ne s’attachant qu’aux seuls paysages, sans présence humaine, dont les célèbres Champ de blé sous un ciel orageux et Champ de blé avec corbeaux.
Les circonstances exactes de son suicide le dimanche 27 juillet 1890 au soir restent mystérieuses. Il se tira une balle de revolver, réussit à se relever, mais ne décéda que le 29 juillet.
Pendant son bref séjour à Auvers, moins de deux mois, il avait peint 70 toiles témoignant de la force d’âme et de la détermination avec lesquelles l’artiste avait poursuivi son but pendant dix ans. En voici, en quelques toiles, le fascinant résultat :
Paul Gauguin
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Claude Monet
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