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[Critique] X-MEN : APOCALYPSE

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] X-MEN : APOCALYPSE

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Titre original : X-Men : Apocalypse

Note:

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Origine : États-Unis
Réalisateur : Bryan Singer
Distribution : James McAvoy, Michael Fassbender, Jennifer Lawrence, Oscar Isaac, Sophie Turner, Nicholas Hoult, Rose Byrne, Olivia Munn, Evan Peters, Tye Sheridan, Hugh Jackman…
Genre : Science-Fiction/Fantastique/Action/Adaptation/Suite/saga
Date de sortie : 18 mai 2016

Le Pitch :
1983. 10 ans se sont écoulés depuis la catastrophe à la Maison-Blanche, qui faillit coûter la vie au Président. Les mutants évoluent désormais à visage découvert parmi les humains, même si l’intégration demeure difficile pour certains. Un équilibre précaire qui va être mis à mal par le réveil d’Apocalypse, le premier mutant, considéré comme un dieu dans l’Égypte ancienne. Une créature toute-puissante et immortelle, qui a juré de mener le monde à sa perte et qui utilise d’autres mutants pour arriver à ses fins. Devant l’ampleur inédite de la menace, Charles-Xavier, Raven et leurs amis décident de passer à l’offensive…

La Critique :
Le premier X-Men, sorti en 2000, fait partie de la première vague super-héroïque qui déferla sur le monde, inaugurant ainsi une mode (ou carrément un mouvement à part entière) qui aujourd’hui, bat son plein. En toute logique, on peut considérer Bryan Singer, son réalisateur, comme l’un des précurseurs. Singer qui, 16 ans après avoir posé quelques-unes des bases du cahier des charges de ce genre de production, est toujours aux commandes de la saga, après l’avoir mise de côté pour le pire (X-Men 3), mais aussi pour le meilleur (X-Men : Le Commencement). Son retour, il y a deux ans, sur X-Men : Days Of Future Past ayant prouvé sa détermination et son désir de continuer à faire de cette franchise, une sorte d’anti-Avengers, portée par une vision sur bien des points plus ambitieuse que n’importe quel autre long-métrage de la concurrence. X-Men : Apocalypse apportant une nouvelle preuve de cet état de fait. Dans le bruit, l’urgence, la peur, les cris et les larmes…

X-Men-Apocalypse-Olivia-Munn-2

Days Of Future Past a considérablement bouleversé la chronologie des X-Men, bousculant les repères imposés au préalable par X-Men, X-Men 2 et surtout X-Men 3 que Bryan Singer ne s’est jamais caché de vouloir effacer des mémoires et de la saga. Avec ce nouveau chapitre, le réalisateur reprend donc les choses là où ils les avait laissées et choisit de situer l’action au début des années 80. Comme dans le précédent volet, le cinéaste a ainsi reconstitué les 80’s, dans les moindres détails, en s’amusant via de savoureuses références et l’utilisation de morceaux propres à cette époque. La photographie de Newton Thomas Sigle se chargeant de conférer au long-métrage une large part de son identité visuelle très vintage, du plus bel effet. Pour le reste, il est salvateur de constater que malgré la pression qui a pu s’exercer sur ses épaules, par rapport notamment aux scores des films Marvel Studios et Warner, Singer a su conserver une patine qui lui est propre. Qui est propre en tout cas à ses X-Men. Certains effets semblent ainsi volontairement « voyants », comme lors de la première séquence, qui présente au public Apocalypse, tout comme certains costumes, assez kitsch, voire un peu de mauvais goût, à l’image de celui d’Angel et de celui de Tornade. Tout ceci faisant partie de la dynamique créée par Singer en 2000 et c’est ainsi notamment pour cette raison que ces productions ne ressemblent qu’à elles-mêmes quand à côté, on observe souvent une nette tendance au copier/coller. En 2016, les X-Men restent fidèles à leurs convictions. Dans toute leur entièreté. Une telle intégrité est très appréciable et dénote d’un caractère frondeur là encore somme toute assez rare pour être souligné et salué.
Autre caractéristique cruciale : les films X-Men ont toujours brillé par leur dimension politico-sociale. Dès le tout premier épisode, la saga a toujours traité de thématiques cruellement d’actualité. Le racisme, l’homophobie, l’exclusion sont au centre de la dynamique d’une œuvre globale qui parle de notre monde sans prendre de gants, en exploitant avec brio les caractéristiques de ses personnages pour entamer à sa façon une profonde réflexion lui permettant de s’élever bien au-dessus du simple spectacle bourré à raz la gueule d’effets-spéciaux. Une caractéristique qui a pris une nouvelle ampleur avec Le Commencement, qui pour sa part, inscrivait les X-Men dans la grande Histoire. Ici, avec Apocalypse, la tendance est moins nette, mais on observe néanmoins toujours cette volonté de traiter des problèmes qui agitent le monde. En prenant pied en pleine Guerre Froide, le long-métrage extrapole par le biais des mutants pour souligner les enjeux du conflit et traiter de l’insécurité sur un plan planétaire, pour enfin venir se greffer aux considérations d’aujourd’hui. Le tout sans se départir de son discours humaniste, plein de bon sens, de force et d’éloquence, qui ne sonne en outre, jamais avec niaiserie.

Au scénario, Simon Kinberg et ses lieutenants se sont une nouvelle appliqués à ne pas privilégier la forme au détriment du fond. Ce nouveau volet est l’occasion pour eux de creuser les mêmes thématiques et de prendre de nouvelles directions, profitant du fait que les personnages ont vieilli, mais également de l’arrivée de nouveaux, dessinant progressivement une nouvelle réalité parallèle à celle présentée dans les tout premiers épisodes. La famille, l’amitié, X-Men : Apocalypse se repose sur des valeurs simples et fédératrices, sans chercher à inutilement forcer le trait. L’émotion s’extirpe ainsi sans mal, au cours de remarquables séquences, dont la réussite est bien sûr grandement imputable au talent des acteurs. Avoir un type comme Michael Fassbender aide énormément quand il s’agit de conférer de la profondeur à une telle production. Fassbender qui est aussi à l’aise avec le costume de Magneto quand il faut bouger du métal que dans les scènes plus intimistes. Tout comme l’excellent James McAvoy, la parfaite Jennifer Lawrence, Tye Sheridan, le gamin de The Tree of Life et de Mud, Sophie Turner, la Sansa de Game of Thrones, Olivia Munn, qui s’avère tout aussi sublime qu’intense, Alexandra Shipp, la nouvelle et excellente Tornade, Nicholas Hoult, Rose Byrne, de retour pour le meilleur, le génial Evan Peters et son formidable Vif-Argent, ou bien sûr Oscar Isaac. Dans la peau du grand bad buy, ce dernier fait des merveilles et parvient, malgré la tonne de maquillage et un costume qui aurait pu en gêner plus d’un, à communiquer l’ambiguïté du personnage, tout en mettant en exergue ses motivations. Il n’est pas exagéré d’affirmer qu’Apocalypse, grâce à Isaac et une écriture pertinente, fait partie des meilleurs méchants vus dans un film de super-héros depuis que ces derniers existent.
Avec son casting en béton armé, X-Men : Apocalypse, à l’instar des deux précédents films, accentue ses airs de film indépendant boosté par un budget XXL. Ici, les dialogues, tout comme l’implication des actions des personnages, leur pouvoirs et leurs relations, prennent place au sein d’un tout qui jamais ne privilégie le grand spectacle au profit du scénario. Et c’est donc pour cela, logiquement au fond, que ce qui se déroule devant nos yeux, à plusieurs reprises arrive à sonner avec une intensité sans cesse renouvelée, allant même jusqu’à coller la chair de poule, quand bien même on sait qu’un autre film suivra. Sans renier sa condition propre, X-Men : Apocalypse subjugue les codes qui sont à la base de son ADN et repousse les limites de ce genre de divertissement, imposant de nouveaux canons qu’il est à ce jour le seul à pouvoir exploiter sans se planter.

Sur un plan purement spectaculaire, X-Men : Apocalypse fait également les choses en grand. Bryan Singer, si il demeure un grand directeur d’acteurs à l’aise dans un registre plus intime capable du meilleur sans avoir recours à de quelconques effets tapageurs (on rappelle qu’Usual Suspects, c’était lui), a su, au fil des années, travailler sa capacité à utiliser le moindre dollar mis à sa disposition pour livrer au spectateur des shows à proprement parler hallucinants. Ici, conformément à l’adage hollywoodien qui veut qu’une suite soit encore plus démente en terme d’effets et de destruction massive en tous genres que son prédécesseur, Singer fait montre d’une maestria dingue. Quand il filme ses mutants en combats rapprochés, la lisibilité de ses bastons est exemplaire, comme l’illustre totalement l’une des meilleures séquences du film et aussi la plus attendue, quand Wolverine entre en jeu. Un grand moment qui boucle une boucle et ouvre de nouvelles perspectives alléchantes. L’audace de Singer fait des merveilles quand il se lance lui-même des défis, comme par exemple avec ce nouveau tour de force autour de Vif-Argent, dont l’objectif est clairement d’aller encore plus loin que la fameuse évasion au ralenti de Magneto dans Days Of Future Past. Mission accomplie Bryan, en effet, c’est encore plus puissant. Et rock and roll avec ça !
Apocalypse est un film qui n’oublie jamais de divertir, tout en faisant réfléchir. On peut donc simplement s’asseoir et profiter du show. De ces incroyables destructions massives, de ces combats titanesques, qui mettent à l’amende beaucoup des escarmouches de la concurrence, entre des super-héros dont les facultés sont exploitées comme elles se doivent, sans en faire des tonnes. Encore une fois, en cela, la dernière scène est un modèle du genre. La promesse du pitch est largement tenue. Rien n’est vain. Tout va dans le sens de l’histoire, qui reste superbement cohérente. On en prend plein les mirettes, l’intensité atteint des sommets et parfois, fin du fin, une certaine poésie se détache même de ces images crépusculaires. Singer a compris depuis belle lurette que les effets-spéciaux ne devaient pas se suffire à eux-mêmes et c’est car il les exploite pour servir son histoire et non pas le contraire, que son long-métrage s’extirpe avec autant de force de la masse pour dominer sans partage.

Film complexe et ultra spectaculaire, X-Men : Apocalypse résonne très longtemps après la dernière note de son générique de fin (et de sa scène post-générique). Dans la lignée de ses prédécesseurs, il continue à écrire une passionnante histoire, dont la profondeur n’a aujourd’hui pas d’équivalent dans le paysage super-héroïque cinématographique. Les patrons sont ici et pas ailleurs. On ose le dire ? Allez on ose : chef-d’œuvre !

@ Gilles Rolland

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  Crédits photos : 20th Century Fox France


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