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Steve Jobs

Par Mrvladdy @mrvladdycrane

Steve JobsSteve Jobs. 2 heures 02. États-Unis. Biopic – Drame. Sortie en France le 3 février 2016. Réalisé par Danny Boyle avec Michael Fassbender, Kate Winslet, Seth Rogen, Jeff Daniels, Michael Stuhlbarg, Katherine Waterston, Perla Haney-Jardine, Ripley Sobo, Makenzie Moss, Sarah Snook, John Ortiz, Adam Shapiro, John Steen…

Dans les coulisses, quelques instants avant le lancement de trois produits emblématiques ayant ponctué la carrière de Steve Jobs, du Macintosh en 1984 à l’iMac en 1998, le film nous entraîne dans les rouages de la révolution numérique pour dresser un portrait intime de l’homme de génie qui y a tenu une place centrale.

Il n’y a pas longtemps de cela, je me suis fait un cycle consacré à Danny Boyle, un cinéaste dont j’aime beaucoup le travail et dont même le film le plus faible à mes yeux reste un bon film à voir. Du coup, c’est tout naturellement que j’ai fait le déplacement en salles pour découvrir son nouveau projet à savoir « Steve Jobs ». Je ne sais pas si c’était une révolution mais connaissant peu le bonhomme, j’espérais vraiment que ce film me plairait.

Et ce fut le cas. J’ai énormément aimé ce scénario écrit par Aaron Sorkin d’après le livre de Walter Isaacson. J’ai même été surpris dans le bon sens du terme. Je m’attendais à une biographie assez linéaire sur l’homme et sa carrière et j’ai trouvé sa très plaisant de voir que non seulement ce film est bien plus qu’une simple biographie car sa carrière devient « presque » anecdotique puisqu’on s’intéresse davantage à l’homme tout comme j’ai aimé la construction de ce récit en trois actes.

A travers trois présentations de produits phares à savoir le Macintosh en 1984, le NextCube en 1988 et l’IMac en 1998, on découvre l’évolution d’un homme sombre qui aura été jusqu’au bout de ses idées quitte à ne pas se faire aimer. J’ai beau ne pas trouver sympathique ce type de personnage, cette force de caractère et sa volonté de toujours se battre pour obtenir le meilleur à quelque chose que je trouve fascinant.

Aussi détestable qu’il puisse paraitre, on comprend ainsi un peu mieux comment il est arrivé à ce stade dans sa carrière. Ce portrait d’un homme très entouré et pourtant très solitaire qui n’hésite pas à se mettre sa propre famille et ses amis à dos est vraiment captivant à tel point que je n’ai vraiment pas vu le temps passé.

Malheureusement, je suis une buse en informatique et tout l’aspect politique me perd assez facilement. Du coup, j’ai un peu été déconnecté lorsque l’on parle de technologie et de manipulation interne dans l’entreprise. Ceci étant, le récit reste quand même suffisamment bien construit pour que je puisse toujours resté un peu accroché et seul le final un peu brutal m’a déstabilisé.

Il y a aussi dans ce scénario quelques petites touches d’humour que je trouve vraiment agréable. Parfois, il y a des échanges qui apparaissent si irréaliste dans les rapports humain que pouvait entretenir Steve Jobs que cela en devient aussi drôle que consternant. J’ai en tout cas apprécié voir ce côté un peu obscur de cette personnalité que je ne connaissais pas au-delà de l’image public qu’elle pouvait véhiculer.

Michael Fassbender (Steve Jobs) est en tout cas excellent dans la peau de ce personnage. Très charismatique, il porte le film sur ses épaules et son interprétation m’a vraiment convaincu. J’ai vraiment vu le Steve Jobs que je m’imaginais et j’ai beaucoup aimé dans la folie de ce rôle les différentes émotions que le comédien réussit à véhiculer à travers son regard. Il y a un travail sur sa gestuelle et ses différentes postures que j’ai aussi apprécié.

A ses côtés, Kate Winslet (Joanna Hoffman) m’a elle aussi bluffé. J’aime beaucoup cette actrice. Ici, elle a su laisser un peu en retrait son personnage à l’écran tout en lui accordant une très grande importance. J’ai aimé la fragilité qu’elle peut avoir associé à la force de caractère qui fait qu’elle n’est jamais ridicule lorsque son rôle doit affronter Steve Jobs. Il y a une tendresse pour son personnage que je trouve très agréable.

J’ai aussi été surpris par Seth Rogen (Steve Wozniak). J’aime bien le fait de le voir dans autre chose que le comique de service bien lourd. Son rôle d’ami qui va essayer de sauver l' »humanité » de Steve Jobs tout en se frottant à un mur est très intéressant. Il y a une dualité entre ses deux personnages très prenante et le comédien réussit à exister juste comme il faut.

Un tantinet plus en retrait, Jeff Daniels (John Sculley) s’en sort lui aussi très bien dans la peau de ce père spirituel qui va subir la folie de contrôle de Steve Jobs. J’ai aimé leur relation, c’est aussi pour ça que ça m’embête vraiment d’être un peu perdu lorsqu’ils évoquent entre eux la politique interne de leur boîte.

D’une manière générale, ce monde qui gravite autour de Steve Jobs a du mérite. Ça se déchire, ça revient, ça repart… En fait, comme son entourage, on a envie de détester le bonhomme et en même temps, il y a une telle fascination qu’on ne peut s’empêcher de revenir. Le reste de la distribution est très bonne notamment les actrices qui incarnent la fille de Jobs et j’ai particulièrement apprécié Michael Stuhlbarg (Andy Hertzfeld) dont le jeu m’a plu.

Si le scénario m’a surpris dans sa construction en trois actes, le long métrage m’a aussi surpris dans sa forme. Hormis quelques plans où on pourrait deviner la patte du réalisateur, je trouve que pour une fois, le style visuel de Danny Boyle ne se fait pas trop ressentir. Le fond prend vraiment le dessus sur la forme et pour ce type de récit, c’est sans doute pas plus mal.

Le réalisateur nous offre en tout cas une nouvelle fois quelque chose de très propre et de visuellement très agréable à suivre. En temps réel, dans l’agitation des présentations, il nous entraîne avec lui dans ses coulisses mouvementées et nous propose des cadres et des plans d’une très grande beauté avec une excellente exploitation des différents décors.

Comme les machines de Steve Jobs et ses promotions bien ficelés, tout semble ici parfaitement bien millimétré. Chaque détail est à sa place et le montage efficace fait que l’ensemble est extrêmement dynamique. L’utilisation des flashbacks à des fins complémentaires n’étouffe jamais cette histoire et sont aussi toujours bien placés.

Un grand travail a été fait aussi au niveau de la photographie et de la lumière. On voit bien à l’écran les trois différentes époques. Les décors, les costumes ainsi que les bons maquillages ne font pas tout. La photographie nous plonge bien dans cet univers et fait que l’on ressent aussi à travers elle ses trois périodes bien différentes. Il y a une véritable scission entre chaque acte et les ellipses de temps sont toujours bien compensées lorsque l’on avance dans le temps.

La bande originale composée par Daniel Pemberton fait d’ailleurs le même travail. Trois actes et trois façons différentes d’aborder la musique qui colle très bien avec l’époque mais aussi avec l’évolution de Steve Jobs. Après une musique un peu lyrique dans le premier acte, la musique devient plus lourde dans le second à l’image de la confrontation entre Jobs et Sculley avant de revenir dans le troisième acte à une musique plus légère lorsque les produits de Jobs s’envolent enfin concrètement.

Pour résumer, « Steve Jobs » fut pour moi une excellente surprise. Un peu à part selon moi dans la filmographie de Danny Boyle, le cinéaste nous livre en tout cas une biographie originale dont le gros point fort et de se concentrer davantage sur l’homme, son caractère, sa pensée, ses actes… plutôt que sur sa carrière à proprement. Cette carrière ne sera qu’un élément du décor qui nous permettra de nous dépeindre ce portrait en trois actes d’une très grande richesse. On aime ou pas mais le long métrage réussit à faire la même chose que Steve Jobs à savoir nous fasciner et nous captiver par sa force de conviction. Dommage que la technique et la politique d’entreprise me perde un peu car sinon, cela reste un film dont le fond et la forme vaut vraiment le détour.

4/5 (Excellent)


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