Tueurs nés (Natural born killers). 1 heure 58. États-Unis. Thriller. Sortie en France le 21 septembre 1994. Réalisé par Oliver Stone avec Woody Harrelson, Juliette Lewis, Robert Downey Jr, Tommy Lee Jones, Tom Sizemore, Pruitt Taylor Vince, Richard Lineback, Maria Pitillo…
Un couple de tueurs, Mickey et Mallory, se servent des médias jusqu’à devenir des stars de l’actualité.
Avant aujourd’hui, je n’avais jamais vu « Tueurs nés ». J’avais lu de bonnes choses à son sujet et l’affiche ainsi que le casting me faisait de l’œil mais j’avais peur d’être déçu. Profitant de mon cycle consacré à Quentin Tarantino (Il est à l’origine de cette histoire même si depuis il a pris ses distances avec le film d’Oliver Stone, estimant que les nombreuses réécritures du script avaient changé sa nature initiale), j’ai donc sauté le pas et enfin découvert ce long métrage en Blu-ray.
Le résultat est assez surprenant je dois avouer. A force de repousser ma découverte, je m’étais un peu fait le film dans ma tête et de tout ce que j’avais pu imaginer, ce n’est clairement pas à ça que je m’attendais. Au début, j’ai même eu un peu peur. J’ai cru que j’allais vite décrocher de ce trip assez spécial puis finalement, je m’y suis fait au point de le trouver intéressant.
Je pense qu’il me faudra plusieurs visionnages afin d’apprécier ce scénario et ses subtilités à sa juste valeur. C’est assez riche, c’est très particulier et même avec le recul, j’ai toujours cette sensation d’avoir vu un film sous acides. Quoiqu’il en soit, cette cavalcade meurtrière possède un fond assez fourni.
J’ai trouvé ça génial cette façon de dédramatiser la violence, de nous rendre voyeur à travers la surenchère médiatique qui n’hésite pas à nous mettre en scène les meurtres non plus pour informer mais pour assouvir un besoin primaire d’un spectateur lobotomisé qui veut juste en prendre plein la vue. L’importance des médias, la société qui nous conditionne aussi à consommer un peu le monde qui nous entoure, tout ceci sont des sensations que j’ai ressentie qui m’ont plu.
L’utilisation de l’humour est aussi excellente. On est dans la parodie, on est presque déconnecté de la réalité comme nos deux tueurs tant leurs actes et ceux du monde qui les entoure nous semble irréaliste. C’est aussi ça qui rend le film assez violent. Au-delà des effusions de sang, cette façon de traiter la violence physique et morale à travers l’humour la rend encore plus percutante.
En fait, j’ai conscience qu’après avoir vu ce film, j’ai un peu de mal pour trouver les mots qui expliqueraient ce que je peux ressentir. Le scénario ne m’a pas laissé si indifférent contrairement à ce que je pensais et même si parfois, je trouve que cette folie va un peu trop loin dans la surenchère, j’aime beaucoup le fait que sans s’en rendre compte, le film ouvre la porte à des débats. On aime ou pas, on accroche ou pas, mais ce récit provoque quelque chose en nous.
La distribution est en tout cas très bonne et s’intègre bien à cette folie. Le duo formé par Woody Harrelson (Mickey Knox) et Juliette Lewis (Mallory Wilson Knox) est excellent. Les deux comédiens sont très complémentaire et forme un couple mythique. Ce qui est dingue, c’est qu’on sympathise avec eux alors même que leur virée meurtrière est sans limite.
On ne cautionne pas leurs actes mais on est pris dans la mise en scène de leurs meurtres. Quant à leurs évolutions, j’ai bien aimé le traitement qu’on a fait à leur romance, seul le changement dans la folie de Mallory me paraissant peut-être un peu trop brusque (le passage façon sitcom du début n’aidant pas, j’ai trouvé que c’est elle qui évolue le plus et de façon un peu brutale).
Derrière ce couple, on retrouve un Robert Downey Jr (Wayne Gale) en roue libre. L’acteur est vraiment très bon dans sa caricature de journaliste qui va juste s’intéresser à son image et à faire de l’audimat. Il joue très bien avec les clichés de son personnage et si au début, il tarde un peu à prendre de l’ampleur, son utilisation à la fin avec l’explosion de son rôle est assez jouissif.
Il tarde un peu à arriver mais j’ai beaucoup aimé également la folie de Tommy Lee Jones (Dwight McClusky). Le comédien incarne un directeur de prison totalement loufoque qui m’a beaucoup fait rire. Ses mimiques, sa gestuelle colle très bien à cet univers de dingue que le long métrage nous propose et accentue encore un peu plus le fait que ce film se regarde comme un trip sur notre société.
Le reste du casting fait le boulot. Il est un peu plus en retrait mais personne ne m’a vraiment dérangé. Niveau clichés, j’ai bien apprécié les traits très exagéré de la famille de Mallory par exemple. Il n’y a qu’avec Tom Sizemore (Le Détective Jack Scagnetti) que j’ai eu un peu de mal. L’acteur est très bon mais je ne sais pas, je n’ai pas réussi à accrocher à son personnage.
Sinon, j’ai vu très peu de films d’Oliver Stone mais j’ai beaucoup aimé son travail ici. Si au début je pensais que j’allais vite décrocher, le cinéaste a réussi à me garder avec lui dans son délire. Sa réalisation est totalement loufoque, totalement épileptique mais contribue pour beaucoup à la réussite globale du long métrage.
Chaque plan est vraiment bien maitrisé, j’ai adoré ce mélange de cadres, de prises de vues et ses différents effets de style où l’on n’a pas hésité à abusé du noir et blanc parfois ainsi que de l’animation. La violence est très présente mais elle est aussi dédramatisée. C’est peut-être l’un des rares éléments qui m’a fait penser du coup à Quentin Tarantino car après, on sent qu’Oliver Stone s’est vraiment accaparé cette histoire.
Il y a vraiment de très bonnes idées dans cette réalisation. Le travail fait dessus est très bon et là aussi, plus j’y repense et plus je me dis que la forme également ne m’a pas laissé indifférent. Le montage est très bien maitrisé. Il y a eu un très gros travail de fait dessus tandis que la photographie ainsi que la lumière sont presque des personnages à part entière qui vont jouer sur l’ambiance générale.
L’ensemble est vraiment très particulier. Il n’y a qu’à voir le final dans la prison pour voir que malgré le côté brouillon apparent, rien n’est vraiment laissé au hasard. J’ai beaucoup aimé les différents décors aussi qui donne ce côté road trip au film ainsi que les costumes qui collent bien au caractère des personnages. Quant à la musique de Trent Reznor et Brent Lewis, je la trouve aussi assez sympathique.
Pour résumer, je suis assez surpris par ce « Tueurs nés ». Dès les premières secondes, j’ai cru que ce film n’allait pas être pour moi, que cela allait être trop bizarre. Et au final, j’ai fini par me laisser prendre par ce trip et bien qu’après mon visionnage, j’ai eu la sensation d’être un peu stone, plus j’y repense et plus le film ne m’a pas laissé de marbre. Sans forcément crier au chef d’œuvre, je trouve que le fond et la forme est très intéressante. Il me faudra plusieurs visionnages selon moi pour l’apprécier à sa juste valeur mais en attendant, j’ai quand même vécu une drôle d’expérience que je ne regrette absolument pas.