Partager la publication "[Critique série] BANSHEE – Saison 4"
Titre original : Banshee
Note:
Origine : États-Unis
Créateurs : Jonathan Tropper, David Schickler
Réalisateurs : Everardo Gout, Jonathan Tropper, OC Madsen, Loni Peristere.
Distribution : Antony Starr, Ivana Miličević, Ulrich Thomsen, Frankie Faison, Hoon Lee, Matt Servitto, Tom Pelphrey, Chris Coy, Eliza Dushku, Lili Simmons, Matthew Rauch, Ryann Shane…
Genre : Action/Thriller/Drame
Diffusion en France : Canal +
Nombre d’épisodes : 8
Le Pitch :
Lucas Hood a quitté Banshee et vit reclus dans une cabane perdue dans les bois, à la suite des tragiques événements qui se sont déroulés dans le camp militaire, durant lesquels Gordon, le mari de Carrie a été tué et Job, le meilleur ami de Lucas, enlevé sans laisser de traces. Cependant, quand une jeune fille chère à son cœur est retrouvée morte, Lucas décide de sortir de sa retraite et de rechercher le coupable. Proctor pour sa part, a largement eu le temps d’étendre son champ d’action. Désormais maire de Banshee, il contrôle un important trafic de drogue. Un trafic qu’un mystérieux justicier solitaire voit d’un très mauvais œil…
La Critique :
La troisième saison de Banshee a imposé la série parmi les plus intenses, les plus violentes et les plus enclines à repousser les limites d’une action qu’elle a tôt fait d’entrevoir au-delà des limites que s’était longtemps imposé le petit écran. Plans-séquences à tomber à la renverse, affrontements hyper âpres, gore revendiqué et assumé, second degré, tout était réuni pour non seulement contenter les amateurs, mais aussi pour leur offrir bien davantage que ce qu’ils étaient venus chercher en premier lieu. Une saison 3 qui se terminait d’ailleurs comme elle s’était déroulée : dans la fureur et la brutalité la plus primaire. De quoi attendre avec une impatience non dissimulée le quatrième acte, annoncé qui plus est comme le dernier. Jonathan Tropper et David Schickler ayant en effet souhaité mettre un terme aux aventures de Lucas Hood et de sa clique, laissant espérer un dénouement aussi intense que tout ce qui avait précédé. Car en général, quand les séries savent s’arrêter avant de tourner en rond et avant de trop tirer sur la corde, c’est souvent bon signe. En général…
On ne va pas se mentir : la saison 4 de Banshee est décevante. Au départ, tout était là pour nous offrir un dernier tour de piste hyper brut de décoffrage. Les pions étaient disposés sur l’échiquier de telle façon qu’il était quasiment impossible que la série se plante avant de franchir la ligne d’arrivée. Pourtant, dès le premier épisode, le doute émerge. On se rend compte que de l’eau a coulé sous les ponts depuis le dernier épisode de la saison précédente. La tension semble retombée. Lucas Hood se fout de Proctor, qui était pourtant dans sa ligne de mire, Proctor se fout de Hood, Carrie Hopewell joue les vigilantes et un des personnages principaux a été tué. L’action, quant à elle, est mise en sourdine au profit d’une mélancolie prégnante, voire plombante. La même mélancolie qui jadis, imprégnait les images violentes. Sauf que maintenant, il n’y a plus que ça. Plus courte, cette saison se permet de faire du sur-place et d’enchaîner les flash-backs, de manière hyper maladroite, allant même jusqu’à faire patiner sévère la progression d’un récit surprenant, mais pas dans le bon sens. Alors que nous étions clairement en demande de la résolution de tous les conflits en cour, les scénaristes nous en proposent de nouveau. Un serial killer satanique fait même son entrée, à l’unisson avec une enquêtrice du FBI. Un personnage plus ou moins anecdotique, et même carrément symptomatique de la tendance à l’exagération mal canalisée du show, dont seule l’interprète, Eliza Dushku, arrive de justesse à justifier la présence. Tout le monde y va de sa petite histoire, les épisodes défilent et rien ne change vraiment. Oh bien sûr, de temps à autre, une baston vient égayer la routine mais c’est guère tout. Même les brutaux accès gore semblent pour la plupart hors sujet, tant ils dénotent d’une incapacité à renouer avec la verve d’antan et s’imposent surtout comme de simples prétextes un peu gratuits.
Un constat un peu ironique pour une série qui, dans son premier acte, avait justement pédalé dans la choucroute avant de trouver son fulgurant rythme de croisière. Mais heureusement, Banshee se réveille. Un peu tard c’est vrai, car il faut attendre d’avoir dépassé la moitié de la saison, mais quand même. Et c’est lorsque tout s’imbrique, que les éléments annexes, plus perturbateurs qu’autre chose, laissent la place aux vraies problématiques, que tout rentre dans l’ordre. On s’aperçoit alors que tout ceci avait pour but d’étoffer ce qui, au fond, n’avait pas à l’être. Tropper et Schickler ont mal négocié le virage. Une dernière saison se doit d’être directe. Surtout pour une série comme celle-ci. On n’est pas censé tourner autour du pot encore et toujours. On ne doit pas mettre le silencieux et tenter de sa la jouer fine. Parfois, Banshee fait carrément du hors-sujet et c’est regrettable. On suit toujours avec plaisir l’action, mais difficile de ne pas regretter l’absence… d’action justement. Ici, aucune baston n’arrive au niveau des meilleures de la série et cet ultime tour de piste d’accentuer les défauts d’une histoire qui se perd, en jouant, quand il ne le faut pas, sur l’outrance et en se calant sur une rythmique en dents de scie…
Mais comme indiqué plus haut, Banshee sait retrouver le droit chemin. Quand la toute fin se profile, le rythme s’intensifie. L’antagoniste principal redevient celui qui a toujours occupé cette place et Lucas Hood serre les poings et les mâchoires comme avant. Le dernier épisode est en cela une belle réussite. Surtout si on considère qu’il conclut plusieurs arcs narratifs sans se départir d’une bonne volonté qui lui permet de tenir debout sur la longueur. Et tant pis pour les petits gimmicks un peu superflus, car l’esprit est là. On retrouve un peu de la frénésie si enivrante. Banshee laisse enfin de côté la mélancolie et somme ses héros d’arrêter de se lamenter pour prendre les armes et foncer dans le tas, se souvenant au dernier moment qu’elle n’a jamais été une série dramatique pur jus mais avant tout un bon gros trip digne des meilleurs films d’action des années 80/90. Si l’émotion arrivait à toucher dans les trois premières saisons, c’était justement car elle était bien dosée et qu’elle habitait les actes désenchantés et désespérés des protagonistes. On se souvient de l’incroyable baston avec Chayton, le monumental indien, qui charriait via sa violence, une somme de ressentis à fleur de peau. Banshee a toujours fonctionné grâce à un équilibre devenu dans ses derniers instants, plus bancal qu’autre chose. Alors que l’écriture avait trouvé en milieu de saison 1 une mesure bienvenue, celle-ci a trop voulu forcer le trait dans cette saison 4, desservant à la fois les personnages et leur propension à nous embarquer dans leurs aventures. Heureusement en revanche, que les acteurs, eux, ne lâchent rien et portent le récit à l’unisson. Mine de rien, leur charisme fait beaucoup. Que l’on parle d’Antony Starr, d’Ivana Miličević, d’Ulrich Thomsen, de Frankie Faison ou de Matt Servitto.
Dans l’idéal, Banshee aurait du exploser tous les compteurs une dernière fois, démontrant à la concurrence désireuse de prendre sa place, que ce ne serait pas du gâteau. Qu’il allait falloir usiner pour espérer combiner avec autant de sauvagerie des éléments qui ensemble, formait un méchant cocktail bien tassé. Mais non, en l’état, Banshee a choisi de se poser avant d’éclater. Sur le tard. De justesse. Permettant in extremis de s’offrir certes une belle conclusion pleine d’éloquence mais au sein de laquelle persiste ce petit sentiment d’inachevé et de rendez-vous manqué.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Canal +/Cinemax