On ne la présente plus. Le nom, la famille, l’apprentissage, un investissement personnel dans la culture raisonnée, Marie-Laure Lurton aime cette identité qu’elle s’est elle-même forgée.
Elle a eu la chance ou le handicap de grandir dans une famille totalement dédiée au vin et aux vignobles dont la notoriété dépassait largement les limites du Bordelais. Dans ce cas de figure, soit vous cassez le cordon ombilical et vous faites totalement autre chose, soit vous vous immergez dans ce monde en recevant les leçons et le savoir-faire de vos aînés. Marie-Laure a fait les deux.
Pour le vin, elle s’est formée auprès d’Emile Peynaud et a choisi sa propre voix prenant en héritage et en responsabilité trois vignobles parmi les moins prisés de la famille. Elle a cherché, testé, essayé pour revenir enfin à ce qu’elle préfère : travailler sur une vinification classique et surtout hors mode, un mot qu’elle abhorre ce qui ne signifie pas qu’elle se ferme aux évolutions, comme l’approche environnementale aujourd’hui incontournable.
Au fil des ans, elle affirme et s’affirme dans ce qu’elle veut vraiment faire. C’est dans ce cadre qu’elle se sépare du Château Duplessis en 2015 et qu’elle vient de claquer la porte de l’Alliance des Crus Bourgeois du Médoc. Pourquoi ? Réponse sans détour : « J’ai envie de faire les vins que j’aime en me libérant des carcans et des cahiers des charges ». Autant un cri de colère qu’un cri d’alarme car selon elle, « Nos vins disparaissent des cartes des restaurants et sont boudés par des consommateurs de plus en plus exigeants. Le diktat bordelais n’est plus en accord avec le marché. » En avant pour de nouvelles aventures…
Château de Villegeorge 2010 Haut Médoc
Cépages : cabernet sauvignon, merlot
Un domaine dont Marie-Laure Lurton hérite en 1992 et dont elle n’aura de cesse de moderniser, améliorer, rehausser tous les secteurs de culture, de productions et de vinifications tout au long des années par tranches de travaux successives. Le domaine de 13 hectares environ est sur la commune d’Avensan où les graves forment la grande majorité des sols.
Le millésime 2010 est une parfaite expression à la fois du travail accompli et de la potentialité comme de l’identité forte de ce terroir. Le nez exprime bien sûr de beaux arômes de fruits rouges et noirs, typique d’une bonne maturité du raisin. En bouche, il est rond, limpide, bien sur le fruit et un peu poivré, fort agréable à boire dès maintenant, même s’il a un bon potentiel de garde. Un vin généreux, à la fois puissant et délicat. Servir en carafe à 15° sur des viandes grillées, des rouelles de lapereau, ou une belle volaille rôtie.
Prix : 15 € environ
Château La Tour de Bessan 2011 Margaux
Cépages : merlot, cabernet sauvignon, petit verdot
Élevage en barriques durant 12 mois.
Dès 1992, Marie-Laure Lurton va mettre tout en œuvre pour réhabiliter, relooker, et redonner ses lettres de noblesse à ce domaine, acheté par Lucien Lurton en 1972. Investissements consacrés au vignoble et aux bâtiments, palissage en hausse, travail au sol pour limiter les rendements, arrivée des merlots à la place des cabernets francs, et salle de dégustation.
Le domaine est sur plus de 29 hectares dont 25 en production répartis entre Soussans, Cantenac et Arsac. Le millésime 2011 est encore en pleine jeunesse mais on peut profiter dès maintenant de ses qualités particulières : fruité, tendrement épicé, complexité et élégance comme il se doit pour un Margaux. Un vin gourmand. Servir en carafe à 15° sur un tournedos grillé, un pigeon rôti, ou un fromage de Hollande bien affiné.
Prix : 18 € environ
33480 Moulis-en-Médoc
www.marielaurelurton.com