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Richard Bohringer, Gilles Leroy, Didier Tronchet: des hommes de gout et de tempérament

Par Filou49 @blog_bazart
24 mai 2016

   Quoi de commun entre un écrivain écorché vif, césar du meilleur acteur en 1986, un écrivain discret lauréat du Goncourt en 2007 et un auteur de BD discret et sensible lauréat de rien du tout à part mon estime personnel? Réponse en trois billets : 

collagelivreshommes

1. Quinze rounds- Richard Bohringer ( Flammarion) 

bonhringer

« Écrire pour ne dire que des belles choses, les beaux sentiments, les belles personnes, c’est ennuyeux, cher lecteur. Vouliez-vous un livre plein d’amertume ? Où je vous dirais que puisque je ne tourne plus, c’est la faute des autres ? C’est de ma faute. J’étais infernal. "

 De l’enfance aux frasques de la jeunesse, des premiers rôles aux succès qui ont jalonné sa carrière, de la découverte de l’Afrique à la passion de l’écriture, Richard Bohringer se raconte dans 15 rounds, récemment paru chez Flammarion, un récit au style enfiévré, au rythme syncopé. Tour à tour fulgurant et émouvant, entre coups de blues et coups de cœur, Quinze rounds est un combat qui se livre sous nos yeux en même temps qu’une déclaration d’amour à la vie. 

Ce récit de la vie de cet acteur multicarte et inclassable est comme le titre du livre l’indique découpé  en quinze chapitres consacrés soit au cinéma, soit en l’amour soit en son rapport avec la religion....  Un livre dans lequel notre acteur si singulier rend hommage à tous les  belles rencontres faites connus (Roland Blanche, Bernard Giraudeau…)  ou inconnus  désirant parler uniquement des personnes qu’il a aimées, oubliant les autres. Et dans lequel il fait son mea culpa, reconnaissant avoir été trop difficile à vivre et à suivre pour ses proches et pour le milieu du cinéma français qui n'était pas du tout le sien au départ.

Le tout enrobé  dans son style reconnaissable pour qui a déjà lu du Bohringer ( mais moins décousu que dans son décevant traine pas trop sous la pluie), percutant, bouillonnant, contrasté qui mêle de belles leçons de vie à de belles  images poétiques 

 » « Le quinzième round, c’est toujours le plus difficile pour les boxeurs, c’est le round des héros » Et ce 15eme round qui clôture ce livre  c’est celui de la maladie, ce cancer des ganglions dont souffre l’acteur depuis plusieurs mois, et qui donne énormément d’émotion à ce livre  bien fidèle à l’image qu’on a de l’acteur..

  2. L'univers à peu près, Didier Tronchet- Les échappés

tronchet

Bègue : Toujours ce complot des mots, destinés à nous ridiculiser jusque dans nos handicaps.. Paubre bègue qui aurait à raconter qu'il a un jour rencontré l'actrice Miou Miou faisant du pousse pousse - Baden- Baden.. 

Qu'il touche à la BD (Jean-Claude Tergal, Raymond Calbuth…), au roman (Le Fils du Yéti), ou même au cinéma (Le Nouveau Jean-Claude),  j'ai toujours eu pas mal de tendresse pour le néo-Lyonnais  Didier Tronchet, un artiste tendre et sensible.

Dans son nouveau recueil de chroniques- l'univers à peu près, Tronchet livre une ode à l'approximation et à l'imperfection.

Au fil de ces  chroniques sur des sujets aussi profonds et essentiels que les tongs,  les testicules, le croustillant d'une chips, les poulpes ou les miroirs déformants, Didier Tronchet  ne recule devant aucun raccourci saisissant pour redonner à l’Univers tout son sens : celui de l’humour.

Des chroniques écrites avec autant de sérieux que de non sens, qui cherchent et réussissent souvent  d’ébranler avec plus ou moins de succès nos certitudes, en tout cas provoquant rires et sourires.

chateau solitudes

3.Le château de solitude- Gilles Leroy édition Grasset

« Sur le clavier, voulant écrire « désir », mes doigts tapent « désert »… »
Vingt-six, c’est le titre d’une récente collection des éditions Grasset, qui propose à des écrivains contemporains d’élaborer un abécédaire personnel, avec pour seule contrainte l’ordre alphabétique des entrées.

Et après François Bégaudeau Yves Michaud, François Bon, c’est au tour de Gilles Leroy prix Goncourt 2007 pour le beau roman "Alabama song",  de se plier à l’exercice et de profiter du défi pour comme les autres se raconter au gré de ses 26 entrées…
On voit que Gilles Leroy éprouve quelques difficultés à se plier à la contrainte demandée, , on a un peu de mal à se retrouver dans les entrées qui ne sont ni linéaires ni alphabétiques mais on ne peut que reconnaitre la beauté de la langue et des idées, particulièrement érudites de l’auteur qui à travers cet essai déploie, comme à travers toute son œuvre sa profonde humanité et son attachement aux gens qui sont un peu à la marge du système..


Merci aux éditions Grasset et à la masse critique de Babelio pour cette belle découverte..

Le château solitude par Gilles Leroy
Le château solitude
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