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Envoûtantes Rheinmädchen

Publié le 25 mai 2016 par Philippe Delaide

Après le répertoire baroque et classique, Raphaël Pichon s'est attelé, avec son ensemble Pygmalion, aux légendes du Rhin, plus spécifiquement, sous le titre explicite de "Rheinmädchen", ces femmes des mythes associés au fleuve qui a le plus inspiré les poètes et musiciens allemands.

Au programme, figurent des pièces pour orchestre et choeur féminin, écrites par Schumann, Schubert, Wagner et Brahms. On plonge ainsi dans les différentes dimensions de la musique romantique et post-romantique d'outre-Rhin avec de superbes pièces.

Pichon Rheinmadchen

La pièce d'introduction, vraiment singulière, instaure un climat incroyablement fantastique, tirée de l'Or du Rhin de Richard Wagner (Aus dem Grunde des Rheine, pour un choeur de 24 femmes voix de femmes, harpe, 4 cors et 2 contrebasses). Une sorte de bourdon, de pièce se déployant comme un mouvement de balancier où les voix font écho aux 4 cors. Cette pièce d'une modernité impressionnante nous fait entrer d'emblée dans le royaume ténébreux des légendes du Rhin.

Les 4 duets opus 78 de Robert Schumann qui suivent, proposent une parenthèse rêveuse, méditative, tout en ne perdant pas la dimension onirique qui constitue le fil rouge de ce disque.

On notera également le caractère presque divin, aérien des 5ème et 6ème des 6 Romenzen für Frauenstimmen Vol. I opus 69 de Robert Schumann, qui, chantées a cappella, semblent revenir aux racines du champ polyphonique.

Enfin, mon coup de coeur va indéniablement aux 4 songs opus 17 de Johannes Brahms qui vous emportent dans un monde complètement onirique. Les voix vous enveloppent créant un climat irréel avec les arpèges de la harpe qui évoque inévitablement les frémissements du fleuve légendaire.

Le travail rigoureux de Rapahël Pichon démontre son intelligence du texte, par le choix des pièces et la cohérence de l'histoire qu'il nous raconte. Le tout petit bémol, que l'on a pu lui reprocher dans des enregistrements plus récents notamment de JS Bach, est une certaine sagesse, un caractère parfois un petit peu trop lisse. En étant visiblement à la quête d'une fluidité qui s'avérerait, sans mauvais jeu de mot, tout à fait appropriée au sujet, la plasticité recherchée se fait au détriment d'un grain, d'une forme de nervosité que l'on serait en droit d'attendre. Ces "Rheinmädchen" sont bien sages. La pureté recherché de leur ligne de champ nous séduit d'emblée. Toutefois, sur la durée, au fil de l'enregistrement, on est un tout petit peu frustré de ne pas obtenir plus de couleurs, de contrastes, d'attaques plus saillantes.

Il s'agit tout de même d'un très beau travail, avec un choeur très homogène et d'une très bonne tenue, qui nous démontre qu'outre être un très bon chef orchestral, Raphaël Pichon excelle dans la direction chorale, domaine dans lequel il a débuté et qui lui tient particulièrement à coeur. Il nous aide à nous élever dans les sphères de l'imaginaire lié à la poésie germanique avec son caractère nocturne, ténébreux, indéniablement envoûtant. 

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Coup de coeur du poisson rêveur

Plus de détail sur le site Harmonia Mundi avec l'écoute possible d'extraits.

Rheinmädchen - Ensemble Pygmalion - Direction Raphaël Pichon - Label Harmonia Mundi.


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