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La justice de l’Etat (texte de Schopenhauer)

Publié le 16 juin 2008 par Jcgbb

Quel est le rôle de l’Etat ? Jusqu’où peut-il étendre son pouvoir sur les individus ? Le rôle de l’Etat est de réglementer les rapports entre les individus et de veiller à ce qu’ils ne se nuisent pas les uns les autres. Le but de l’Etat est la paix. Aussi doit-il avoir un rôle de justicier, lorsque les citoyens se portent atteinte les uns aux autres. Mais comment définir cette justice dont il a la charge ? Comment juge-t-il les personnes qui attentent à l’intégrité d’autres personnes ? Cette justice politique est-elle la même que ce qu’on appelle justice au sens moral du terme ?

La thèse du texte est de distinguer deux sortes de justice, l’une morale, l’autre politique, et de montrer par conséquent que la justice de l’Etat, qu’on appelle le Droit, n’est pas identique à la vertu morale de justice. Autrement dit, l’institution politique qu’est la Justice ne recouvre pas tous les sens qu’on doit donner à ce terme. La justice n’est pas réductible au droit : car en morale, il ne suffit jamais de faire ce qui est juste, pour l’être. Le Droit juge les actes, la morale juge les intentions. Ainsi ne juge-t-on pas les individus de la même manière, selon qu’on les juge politiquement ou moralement.

La méthode du texte consistait à s’appuyer sur la définition de la morale pour la distinguer de la justice étatique et pour limiter cette dernière. L’enjeu était donc de réfléchir aux limites de l’intervention de l’Etat dans la vie des individus. On pouvait distinguer trois temps, qui correspondent à trois différences entre justice morale et justice politique.

Tout d’abord, la morale considère l’agent plutôt que la victime. Son rôle est de définir des critères de justice qu’il peut ensuite utliser pour agir. L’Etat, lui, s’occupe des préjudices causés aux victimes. C’est cela qu’il juge, car sa fonction est de protéger les individus et d’empêcher les préjudices. Son problème n’est pas de punir (l’Etat n’est pas méchant), ni de venger (il ne cherche pas à rendre le mal), mais de protéger et de dissuader. Puis, Schopenhauer affine les différences : la morale regarde aux intentions, pas aux actes. Car, comme l’expliquait déjà Kant, une bonne intention peut manquer son effet indépendamment des efforts qu’elle investit, et à cause d’éléments extérieurs à elle. On pourrait ajouter qu’une action juste ne suffit pas à garantir la moralité de l’agent : on peut bien faire par pur intérêt. L’acte, en morale, n’est pas décisif, alors que ce qui compte pour la société c’est qu’on ne passe pas à l’acte. Enfin, la morale a un but éducatif, tandis que l’Etat a un but pacifique. Il n’a pas à contrôler les consciences, ni à moraliser les individus : ce serait violer la liberté de conscience.


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