Elle. 2 heures 10. France – Allemagne. Drame – Thriller. Sortie en France le 25 mai 2016. Réalisé par Paul Verhoeven avec Isabelle Huppert, Laurent Lafitte, Anne Consigny, Charles Berling, Virginie Efira, Christian Berkel, Judith Magre, Jonas Bloquet, Alice Isaaz, Vimala Pons, Stéphane Bak…
Michèle fait partie de ces femmes que rien ne semble atteindre. À la tête d’une grande entreprise de jeux vidéo, elle gère ses affaires comme sa vie sentimentale : d’une main de fer. Sa vie bascule lorsqu’elle est agressée chez elle par un mystérieux inconnu. Inébranlable, Michèle se met à le traquer en retour. Un jeu étrange s’installe alors entre eux. Un jeu qui, à tout instant, peut dégénérer.
Sans être un fin connaisseur du cinéaste, je reconnais que j’aime bien le travail de Paul Verhoeven (d’ailleurs, je lui consacrerai bien un cycle un de ses quatre car je suis loin d’avoir vu toute sa filmographie). Du coup, j’étais vraiment curieux de découvrir « Elle » en salles surtout que sa bande annonce m’avait bien intrigué.
A la sortie de ma projection, je ne sais pas trop quoi en penser. D’une manière générale, j’ai plutôt bien aimé ce scénario écrit par David Birke d’après le roman de Philippe Djian. Il possède de nombreux points assez intéressant, son intrigue est captivante et on a vraiment envie de savoir où on veut nous emmener.
Maintenant, à côté de ça, je ne sais pas si ce film sera toujours aussi fort sur moi après un second visionnage. Il y a de nombreuses choses auquel je n’ai pas trouvé un grand intérêt. La violence physique et morale m’a paru souvent gratuite, je ne suis pas rentré totalement dans le trip de ses personnages et lorsqu’on nous révèle l’identité de l’agresseur, j’ai été déçu tant j’ai trouvé ça prévisible et sans saveur également (je ne suis pas trop rentré dans son trip aussi même si je vois ce que l’on a tenté de nous montrer).
Tout n’est donc pas mauvais, le cinéaste bouscule même un peu le monde du drame bourgeois dans le cinéma français avec une certaine qualité dans l’écriture mais il y a beaucoup trop d’éléments auquel je n’ai pas adhéré pour être totalement conquis. C’est ainsi que j’ai trouvé la fin un peu brutale d’ailleurs, cette sensation de « tout ça pour ça » un peu désagréable. Les quelques facilités et certains passages me faisant rire nerveusement n’aidant sans doute pas.
A l’écran, Isabelle Huppert (Michèle) s’accapare bien de son personnage. Très à l’aise, elle est convaincante et même si c’est son personnage que je n’ai pas toujours trouvé très crédible dans ses situations, je pense que si le long métrage a su me tenir en haleine de bout en bout, c’est en partie grâce à l’interprétation de l’actrice qui joue le jeu à fond.
A ses côtés, Laurent Lafitte (Patrick) m’a moins emballé. Il n’est pas mauvais mais les intentions de son personnage sont écrites en trop gros sur son front. Anne Consigny (Anna) est intéressante mais on ne la creuse pas assez tandis que Christian Berkel (Robert) manque clairement de subtilité dans son jeu. J’ai bien aimé Charles Berling (Richard) ainsi que Virginie Efira (Rebecca) qui aurait pu être travaillé un peu plus je pense. Cette dernière par exemple possède des aspects beaucoup trop caricaturaux malgré la bonne volonté de la comédienne.
La mise en scène de Paul Verhoeven est sinon très bonne. Ce n’est sans doute pas son plus grand film, ce n’est sans doute pas celui que je retiendrais le plus, mais son travail est de qualité. Dommage qu’il reste dans le cadre du cinéma français, qu’il n’a pas pu apporter ce qu’il nous a déjà montrer par le passé même si l’on reconnait quand même sa patte à travers certains plans et un regard assez acide sur le récit qu’il nous narre.
A l’image du scénario, j’ai quand même un peu de mal à dire clairement si j’ai vraiment aimé la forme. C’est efficace certes mais le réalisateur avait les moyens de faire mieux. J’ai trouvé par moment que c’était faussement provocateur et du coup, je n’ai jamais vraiment senti le malaise ou la brutalité que j’aurais dû ressentir. Maintenant, encore une fois, cela reste malgré tout globalement très propre. La bande originale composée par Anne Dudley est aussi très bonne.
Pour résumer, il me faudra peut-être davantage de temps pour avoir un avis vraiment tranché sur « Elle ». En attendant, dans sa majorité je trouve ce drame quand même efficace et assez prenant malgré ses facilités et ses imperfections. Un nouveau visionnage plus tard dans le temps sera sans doute nécessaire mais l’expérience ne laisse pas totalement indifférent. Pour avoir discuté avec quelques spectateurs à l’issue de ma séance, je n’étais d’ailleurs pas le seul à ne pas détester ce long métrage sans pour autant l’encenser. Il continue de nous travailler après le mot fin et c’est déjà une bonne chose. Je ne regrette en tout cas pas de lui avoir laissé sa chance.