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Comixology Unlimited : pas si illimité que ça

Par Cosmos @midnight_peanut

Le 24 mai 2016, Comixology a annoncé le lancement d’une nouvelle offre : Comixology Unlimited. Pour 6 $ par mois, elle permet à ses abonnés de lire autant de comics numériques qu’ils le souhaitent dans le catalogue de nombreux éditeurs.

Enfin… presque

Comixology Limited

Tout d’abord, les titres Marvel et DC ne sont pas inclus. Le premier a en effet sa propre offre : Marvel Unlimited, qui fonctionne également sur un abonnement mensuel et donne accès à des milliers de chapitres, à l’exception de ceux sortis ces 6 derniers mois. Les titres sont disponibles via navigateur, ainsi que sur l’application mobile pour une lecture hors-ligne si besoin. Marvel permet de lire jusqu’à 12 titres hors-ligne à la fois, mais Comixology Unlimited va jusqu’à 50. De quoi bien charger sa tablette avant de partir en voyage par exemple.

Dans l’essence cependant, la proposition de Comixology est bien différente : à quelques exceptions près, elle n’inclut que des débuts de série. Pour lire la suite, il faut passer à la caisse.

Bloodshot dans Comixology Unlimited

Seuls les 4 premiers chapitres de Bloodshot – c’est-à-dire l’équivalent du premier tome – sont contenus dans l’offre Unlimited.

Au lieu d’être un « Netflix des comics » comme l’ont titré certains articles, cette offre permet donc de tester beaucoup de comics légalement et à bas prix, avant de décider ou non d’investir dans la suite. Comme pour Netflix par contre, les œuvres proposées vont tourner : certaines seront ajoutées ou retirées au fil du temps.

Dans une interview à ComicBookResources, le PDG de Comixology explique qu’il est souvent difficile pour les nouveaux lecteurs de savoir par où commencer dans les comics. Ce n’est pas faux, mais cette remarque vaut surtout pour les univers de super-héros, avec leur longue continuité et leur pléthore de chapitres #1. Comme les catalogues de Marvel et DC ne sont pas inclus dans l’offre, il reste surtout des comics indépendants avec un style et un début bien identifiables. On peut se demander si cette initiative n’est pas essentiellement une manière de relancer les ventes de comics numériques, qui continuent de croître mais beaucoup plus lentement qu’il y a quelques années.

Enfin, seuls les lecteurs des Etats-Unis peuvent s’abonner pour le moment, mais l’offre sera étendue à d’autres pays par la suite.

Quelqu’un a pensé à prévenir les auteurs ?

Un rapide coup d’œil sur Twitter après l’annonce officielle permet de se rendre compte que les contrats ont été passés avec les éditeurs… mais que ceux-ci n’ont pas tous prévenu leurs auteurs :

So at what point were the publishers going to talk to the creators about ComiXology Unlimited?

— Pia Guerra (@PiaGuerra) 24 mai 2016

Did any creators hear about Comixology Unlimited before it was announced?

— Jamie McKelvie (@McKelvie) 24 mai 2016

Publishers who signed with Comixology Unlimited are probably having a lot of fun talking to creators today I bet

— Warren Ellis (@warrenellis) 24 mai 2016

@joe_hill @warrenellis I find it singularly disturbing that you had to ask « What happened? » when L&K was listed as an available series.

— Richard P Clark (@zipyrich) 24 mai 2016

(il est question de Locke & Key, dont Joe Hill est le scénariste)

I give @DarkHorseComics a lot of credit for telling me about Comixology Unlimited back in *January*, and inviting me to participate.

— Brian Wood (@brianwood) 24 mai 2016

De plus, on ne sait pas dans quelle mesure les équipes créatives sont rémunérées. L’offre commence par 30 jours d’essai gratuit : est-ce que celles-ci touchent quelque chose si leurs comics sont lus pendant ce laps de temps ? (à l’origine, Apple Music ne prévoyait pas de rémunérer les artistes pour les titres écoutés pendant cet essai par exemple).

Si on achète des comics et des produits culturels en général, c’est notamment pour rémunérer leurs créateurs. Les offres « unlimited » ou les plateformes de streaming sont pratiques et peu coûteuses pour nous les consommateurs, mais à l’heure où les musiciens se plaignent du peu qu’elles leur rapportent, on peut se demander si en participant à ce genre d’offres, on ne contribue pas à appauvrir encore plus les auteurs de comics (on estime qu’environ 50% d’entre eux vivent au seuil de pauvreté ou en dessous).

Dans la suite de son tweet mentionné ci-dessus, Brian Wood explique que Dark Horse lui a fait une proposition qui avait l’air de valoir le coup, ce qui est rassurant. Mais rappelons quand même que Comixology a été racheté par Amazon en avril 2014, et que le géant américain est assez connu pour ses pratiques commerciales agressives, qui bénéficient certes au consommateur, mais au détriment d’autres maillons de la chaîne. De quoi inviter à la méfiance malgré tout…


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