Elle, c’est Michèle (fantastique Isabelle Huppert), une femme mince et froide de presque cinquante ans qui a connu un traumatisme absolu dans sa prime enfance : son père a assassiné 27 personnes un soir de folie. Elle en est restée privée de sensibilité, dominante et cruelle, incapable de comprendre son grand fils, accro au sexe (encore le même fantasme du réalisateur de "Basic instinct").
Elle se défoule dans son métier : elle a créé avec une amie (Anne Consigny) un studio de jeux vidéo particulièrement violents avec une équipe de jeunes designers auxquels elle insuffle sa violence intérieure.
Ames sensibles s’abstenir : certaines scènes sont particulièrement difficiles à supporter. Elles ont au moins le mérite de montrer sans fard ce qui se passe lors d’un viol : pour maîtriser une femme, même frêle, il est nécessaire de cogner. Plus que violent, c'est gore ... et dangereux aussi, car cela tend à faire croire qu'une femme peut aimer ça jusqu'à en redemander. C’est ce qui arrive à Michèle, chez elle, avec une rare violence. Mais, paradoxalement, elle n’en parle pas à la police. On comprend qu’elle ne veut pas réveiller les tourments de son enfance alors qu’une célèbre émission de télévision vient justement de rappeler au public la sordide affaire de son père, emprisonné depuis quarante ans.
Michèle s’efforce de découvrir son agresseur, qui continue à l’épier et à la harceler. Derrière chaque homme qu’elle côtoie, elle suspecte son bourreau. En réalité, il va l’attaquer à nouveau et elle va le démasquer ... Au moment où il va la frapper au visage, elle lui dit « Vas y ! » et il interrompt son geste « Ah non, ça ne va pas comme ça avec moi ! ». Lui aussi est un psychopathe, sous des dehors de jeune homme bien sous tous les rapports …
Le film, tiré d’un roman de Phlippe Djian (Oh ...), s’étire hélas en longueur. Les décors sont soignés mais le scénario compliqué à souhait, même si le casting est impeccable (Laurent Lafitte, inquiétant, Virgine Efira, en fausse naïve, Charles Berling en ex-mari un peu perdu, Judith Magre, la mère allumée, et Jonas Bloquet, le fils déboussolé). Un exercice de style, qui dérange ... Mais sans doute est-ce l'objectif de Paul Verhoeven ?