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Industrie de la mode : l'exemple de la région stéphanoise

Par Richard Le Menn

Industrie de la mode : l'exemple de la région stéphanoise

C'est du reste surprenant de passer de paysages industriels à d'autres très bucoliques, rappelant encore le roman L'Astrée d'Honoré d'Urfé (XVIIe siècle) se situant dans cette région, avec son fameux berger Céladon qui portait un ruban vert qui a donné son nom à une couleur. Lorsque l'on vient en train, ou passe en voiture dans les villes, on ne ressent bien sûr pas du tout cette atmosphère bucolique, mais davantage celle d'une industrie très présente autrefois ; ni même lorsqu'on emprunte les autoroutes qui charcutent véritablement

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les paysages. Mais si l'on prend le temps de rentrer dans les campagnes, de monter dans les collines, de suivre la Loire, de repérer les ruisseaux, on entre dans une autre atmosphère. Du reste les personnes travaillant dans cette industrie en particulier liée à la mode, étaient pour la plupart des ouvriers-paysans. Ceci permit de garder un certain équilibre entre la ville et la campagne.

Cette industrie créa des métropoles comme Saint-Étienne, et permit à des villages de se développer par l'intermédiaire de petites manufactures, puis usines, dès la seconde moitié du XVIIIe siècle, mais surtout au XIXe, et grâce à d'innombrables maisons-ateliers installées jusque dans les plus petits villages et même parfois dans des fermes réaménagées, produisant pour d'importantes manufactures et usines de la région situées dans une grande ville alentour, Lyon (soie), Saint-Étienne (rubans) et Tarare (mousseline) étant sans doute les principales.
La main-d'oeuvre autrefois en particulier paysanne, le resta pendant longtemps (jusqu'à même la Seconde Guerre mondiale), travaillant en période froide en manufacture, usine ou même sur un ou deux métiers personnels (à la maison), et pendant la saison chaude dans les champs. Ce système existait bien sûr aussi pour d'autres fabrications liées à la mode (comme la dentelle...) ou non, et même avant l'arrivée des premières manufactures, l'hiver ayant toujours été consacré à des travaux d'intérieur alors que l'été à ceux d'extérieur.

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Dans trois prochains articles de mon blog je vais écrire sur trois visites que j'ai faites en moins de deux jours dans le département de la Loire : le Musée d'Art et d'Industrie de Saint-Etienne et son exposition Le ruban c'est la mode ; l'usine de l'entreprise Neyret de Grammond, fabriquant des rubans de haut-de-gamme (étiquettes de vêtements de luxe, rubans prestigieux...) et existant depuis près de deux-cents ans et dans la même famille depuis plus de sept générations ; et la Chapellerie Atelier-musée du chapeau à Chazelles-sur-Lyon.

Mais avant cela je souhaite ici parler de l'industrie de la mode et de son origine en France. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, ce n'est pas l'industrie qui est à l'origine de la mode dans ce pays mais les Français et en particulier les élégant(e)s ; notamment toutes les personnes dont je parle dans mon livre sur Les Petits-maîtres de la mode. Je m'explique : La mode en France a une origine antique. Elle a continué d'occuper une très grande place au Moyen-Âge et par la suite. Depuis l'époque médiévale, plusieurs rois, constatant que les Français dépensaient des sommes faramineuses dans l'achat d'articles étrangers (venant en particulier d'Italie mais aussi de bien plus loin) pour se vêtir, être élégant et dans le bon ton, publièrent des édits imposant plus de sobriété dans les tenues. En 2007 j'ai écrit un rapide article sur ce sujet visible ici. Mais le goût français pour l'élégance et la beauté, fit que ces édits ne furent pas suivis, et qu'une partie des devises du royaume continuèrent de s'évanouir à l'étranger. Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), contrôleur général des finances et ministre de Louis XIV, décida donc d'importer les

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Il y a de plus quelques villes emblématiques autour de la Loire, comme Lyon avec son Musée des Tissus, ses traboules et très vieilles maisons liées au tissage. À Tarare on fabriquait la fameuse et très en vogue mousseline ! Du reste tous les cinq ans y est organisée une Fête des Mousselines. Citons enfin Le Puy en Velay pour sa dentelle et son Centre d'Enseignement de la Dentelle au Fuseau.

Photographie du haut : Métier à tisser moderne. Photographie provenant du site du Musée du Tissage et de la Soierie de Bussières.

Photographie de gauche : Grenadière au travail (brodeuse à fil d'or). Photographie du film du site du Conservatoire de la broderie à fil d'or de Cervières.

Photographie de droite : " Redingote en twill de soie jaune, agrémentée de passementeries et de pompons de soie coordonnée. Ceinture à nouer en ruban de soie façonnée et coordonnée. Vers 1815. Collection Le Paon de Soie, n°inv. 2011.1.292. " Exposition Le ruban c'est la mode du Musée d'Art et d'Industrie de Saint-Etienne.

Photographie ci-dessous : Vue depuis le Conservatoire de la broderie à fil d'or. Photographie provenant du site

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