Quand un livre est plus qu’une bonne histoire

Où, alors que je cherchais comment vous présenter le livre des abonnements Romans / Gros Lecteurs du mois de juin, je commence à raconter toute ma vie ;-)

La carte postale

Alors, qu’on soit bien clair, j’adore les bonnes histoires.

C’est d’ailleurs plutôt compliqué d’en trouver, des bonnes histoires – tous les livres qui me passent entre les mains sont loin d’avoir des personnages qui se tiennent, des rebondissements qui vont maintenir ma curiosité jusqu’au bout… Et quand je tombe sur des pépites avec une super intrigue comme La peau froide ou Hérétiques, j’hésite pas.

Mais j’avoue que je suis toujours à la recherche des livres qui vont être encore plus qu’une bonne histoire. Ceux qui vont peut-être bousculer notre opinion sur tel sujet, nous apprendre quelque chose, nous faire (re)découvrir une façon de penser…

Et puis il y a les livres qui nous permettent de mieux comprendre qui on est. De se trouver en somme.

J’ai eu de la chance, enfant de parents d’origine vietnamienne, j’ai grandi dans un endroit tranquille entourée d’amis qui ne m’ont jamais signifié que j’aurais pu être différente d’eux. C’est peut-être pour ça que plus jeune, je ne me suis pas vraiment posée la question de mon identité, telle que je la vois posée dans les médias ou dans des essais. J’étais moi, voilà tout.

N’empêche que quand j’ai lu, plus ou moins successivement, entre autres, La barque de Trung Tran Quoc, les nouvelles de Nguyen Huy Thiep, Myosotis de Duong Thu Huong, Catfish and Mandala d’Andrew X. Pham (que des livres que je vous recommande chaudement par ailleurs!)… Ma petite tête a quand même compris qu’il se passait quelque chose de nouveau dans mon expérience de lecture.

Ces livres ont déterré ce petit quelque chose de plus qui était là, pas forcément explicite, légué subrepticement par la personnalité de mes parents et de ma grand-mère. Les romans de Nguyen Huy Thiep et de Duong Thu Huong m’ont en quelque sorte permis de découvrir et de comprendre le pays de mes racines familiales. Et je me souviens de l’émotion qui m’a saisie lorsque j’ai lu La barque et Catfish and Mandala, tous deux écrits par des auteurs d’origine vietnamienne, né ou ayant grandi à l’étranger, qui avaient mis des mots sur un sentiment que je ne savais exprimer. Tout cela a alimenté ma curiosité, m’a donné envie de nourrir et de chérir cette partie de moi-même que j’ai longtemps ignorée… Bref, de me trouver.

Et ce qui est amusant, c’est qu’un autre livre, qui n’a vraiment rien avoir, m’a aussi permis de découvrir à quel point une autre terre m’était chère, une terre de lavandes à des kilomètres des rizières. Les Souvenirs d’enfance de Marcel Pagnol, que j’avais commencés dans le but de me forger ma culture « classique », et que j’ai terminés le coeur serré, lorsque je me suis rendue compte à quel point je retrouvais à travers les mots de l’auteur – pourtant à une époque bien différente! – l’innocence et le souvenir de bonheur indicible de mes vacances d’été en Provence.

La carte postale bis

Tout cela pour dire qu’avec le livre des abonnements de juin, recueil de nouvelles d’une auteur vietnamienne ayant vécu en France et qui est repartie vivre au Vietnam, c’est un peu de moi-même que j’envoie. D’accord, la phrase fait très neuneu. Mais je n’y peux rien, la lecture est un truc personnel, surtout quand on s’y retrouve.

Il y a une belle écriture, une élégance quasi charnelle par moments dans ce recueil, et puis cette façon impressionniste de décrire le Vietnam par petites touches qui finissent par en faire un tableau aussi charmant que réaliste. Ça, ce sont les qualités, on va dire, littéraires, et c’est déjà bien.
Mais à côté, il y a ces moments merveilleux où elle raconte des choses qui me rappellent le Vietnam comme Pagnol me rappelait la Provence… C’est de l’ordre du détail, du mot choisi, un je ne sais quoi qui fait que quand je ferme les yeux, je retrouve des odeurs que je croyais anodines et des ambiances que je n’ai pourtant vécues qu’une fois, lors d’un lointain voyage. Et c’est peut-être surtout cela que j’espère vous envoyer.

En plein milieu de l’édition de cet article, le livreur est venu nous apporter les livres du mois de juin! On n’a plus qu’à vous les envoyer maintenant..!

Et vous, avez-vous eu des livres qui vous ont permis de vous trouver ? N’hésitez pas à partager vos souvenirs de lecture en commentaire! :)

Et évidemment, les livres cités…

La barque, joli roman de l’enfance. Et chouette présentation de l’auteur sur le site de l’Ecole des Loisirs par ailleurs.

Nguyen Huy Thiep, auteur incontournable si on s’intéresse à la littérature vietnamienne, du réalisme bercé de mélancolie… Et édité chez L’Aube, même éditeur que le livre du mois de juin ;)

Le tout premier d’une très longue série de livres que j’aurais lu de Duong Thu Huong. Histoire d’amour tragique, que j’ai aussi aimé envoyer dans notre coffret de littérature amoureuse :)

Catfish and Mandala, a two-wheeled voyage through the landscape and memory of Vietnam. Malheureusement pas traduit en Français, mais facile à lire en VO et formidable récit de voyage / retour aux sources.

Evidemment! :)