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Interview de Guillaume Richez

Par Livresque Du Noir @LivresqueduNoir
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Guillaume Richez s’est prêté au jeu de l’interview Livresque du Noir.

Bonjour Guillaume et bienvenue sur Livresque. On commence ?

  • Un auteur, c’est souvent un univers. Quelle photo serait la plus appropriée pour illustrer le tien ?

La première image qui me vient à l’esprit n’est pas une photographie, c’est le célèbre tableau d’Edward Hopper, Nighthawks, une œuvre qui m’accompagne depuis mon adolescence (j’avais une reproduction dans ma chambre entre l’affiche des Dents de la mer et un poster de Miles Davis). Aujourd’hui encore, la grande affiche de l’exposition au Grand Palais consacrée à ce peintre américain en 2013 décore mon bureau. Cette œuvre m’a toujours fait penser aux films noirs des années 40 et 50, ceux que j’ai pu découvrir quand j’étais gamin en regardant l’émission « La Dernière séance » présentée par Eddy Mitchell, les films de Huston, Hawks, Hitchcock, cet univers noir que j’aime tant. Mais c’est aussi en référence à l’esthétique même de Hopper, l’hyperréalisme. Si je devais définir ma démarche en tant qu’auteur, je dirais qu’elle s’apparente à ce mouvement, l’hyperréalisme.

  • Que recherches-tu dans l’écriture ?

C’est une question difficile. Disons que pour moi tout part du sujet. Beaucoup de sujets m’intéressent. Je réfléchis, je commence à esquisser une trame, à croquer quelques personnages. Et quand j’en viens à penser qu’il y a suffisamment de matière pour en faire un bon roman, je commence à me documenter, à jeter sur le papier les premières esquisses.

Au départ, la question est  toujours : est-ce que j’ai envie de passer des mois et des mois à travailler sur ce projet ? Si la réponse est oui, alors je me lance. Faute de temps, je ne peux pas travailler sur plusieurs manuscrits en même temps, c’est un luxe que je ne peux pas me permettre. Je dois me consacrer à un seul projet et donc être sûr d’avoir fait le bon choix avant de me lancer. Et quand je commence à travailler, je n’ai qu’un seul objectif : raconter le mieux possible mon histoire.

  • Quand tu écris le mot “Fin” sur un manuscrit, qu’est-ce que cela représente pour toi ?

Je n’écris pas « fin » sur la dernière page du manuscrit et quand s’achève le dernier chapitre je sais qu’une autre phase du travail va commencer : les corrections. Cette « fin » n’est donc qu’un recommencement.

  • Les salons et séances de dédicaces sont-ils des étapes nécessaires dans ton activité d’auteur ?

Mon expérience des salons et des séances de signature en librairie est très modeste, mais oui, évidemment, la rencontre avec les lecteurs est une étape importante, et pas seulement pour vendre des livres. C’est surtout un moment d’échange avec les lecteurs et aussi de partage avec les autres auteurs invités.

  • Quel rôle joues-tu dans le choix du titre et de la couverture de tes romans ?

Le choix du titre est très important. J’ai toujours un titre en tête avant même d’écrire la première ligne du roman même si le titre peut changer par la suite, ce qui est d’ailleurs le cas pour mon dernier roman pour lequel j’ai changé quatre fois de titre ! Et comme pour le choix de l’illustration que l’on retrouve en couverture, le choix final du titre peut résulter d’un échange avec l’éditeur.

  • Les blogs littéraires sont légion. Quel regard portes-tu sur ce qui y est publié, notamment sur tes œuvres ?

D’une manière générale, les blogs littéraires sont une très bonne chose. Je vais cependant nuancer quelque peu. J’ai eu l’occasion d’en discuter avec plusieurs blogueurs. Je publie moi aussi assez régulièrement mon avis sur mes lectures et je pars du principe de ne pas parler des livres qui ne m’ont pas plus. Je considère que la vie est trop courte pour perdre son temps à écrire quoique ce soit sur un livre qu’on n’a pas aimé et que de toutes façons ce livre trouvera toujours ses lecteurs.

Quand on donne son avis sur un roman, une œuvre sur laquelle un romancier et toute une équipe éditoriale a travaillé, il me semble que d’un point de vue déontologique, que l’on ait aimé ou détesté, la moindre des choses est de prendre le temps nécessaire pour bien y réfléchir et argumenter. J’ai vu des livres se faire encenser ou au contraire descendre en une seule phrase sans que le blogueur ne fournisse la moindre explication. Ecrire en conclusion « à éviter » ou « coup de cœur », sans un seul argument, ne remplace pas une critique construite et argumentée.

  • Le livre numérique se développe de plus en plus. Comment ressens-tu ça ?

En ce qui me concerne je ne lis que des livres sur support papier. J’aime les livres et me dire que toute ma bibliothèque peut tenir dans un disque dur ne me fait pas rêver. Les livres numériques ne doivent pas se substituer aux livres papier. J’aime flâner dans les librairies, chez les bouquinistes et dans les bibliothèques. J’aime tenir un livre dans mes mains. Le plus ancien livre de ma bibliothèque, Le Paradis perdu de Milton, a été imprimé en 1729, il y a 287 ans ! Qu’en sera-t-il de tous ces fichiers ePub dans 300 ans ? Quand on voit ce que les cassettes VHS sont devenues, on peut sérieusement douter de la durée de vie de ces fichiers ! Et comment dédicacer un e-book ?

  • Quelle serait ta définition d’un bon libraire ?

Passionné, curieux, ouvert, mettant en avant des œuvres à côté desquelles j’aurais pu passer.

  • La France reste un des rares pays où les auteurs sont peu nombreux à être représentés par un agent littéraire. Selon toi, c’est une bonne ou mauvaise chose ?

C’est en effet une exception toute française. Les agents dénoncent de leur côté un rapport qu’ils jugent trop déséquilibré entre l’éditeur et l’auteur. Je crois que cela revient à déplacer le curseur. Tout doit reposer sur une relation de confiance, que ce soit entre l’agent et l’auteur ou entre l’auteur et l’éditeur. Si cette relation de confiance existe entre l’éditeur et l’auteur, où est le problème ?

  • Quel livre n’aimerais-tu surtout pas écrire ?

Un livre de cuisine. Je cuisine très mal !

  • Enfin, que dirais-tu aux lecteurs pour les encourager à lire tes romans ?

Au risque de surprendre, j’aurais plutôt tendance à déconseiller la lecture de mon premier roman à tous les lecteurs qui n’apprécient pas le genre du thriller érotique. Chaque livre a son public. Opération Khéops, publié chez J’ai Lu, est un roman d’espionnage réservé à un public adulte très averti et ne plaira pas à tout le monde.

Le prochain est un techno-thriller, un genre très peu représenté en France.

Merci Guillaume d’avoir répondu à nos questions.

Interview de Guillaume Richez

À propos de l'Auteur

Guillaume Richez a suivi des études de Lettres Modernes à Aix-en-Provence. Grand lecteur, il devient en 2011 membre du jury du 37ème Prix du Livre Inter présidé par Amin Maalouf. La même année, il est également juré du Prix du Meilleur polar des lecteurs de Points, sous la présidence d’Antonin Varenne. Le prix est décerné au romancier américain Pete Dexter pour son roman Cotton Point. En 2012 paraît son premier roman, Opération Khéops, couronné du Prix WeLoveWords, un roman d’espionnage réservé à un public averti.

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A propos de l’auteur


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