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L'atelier des poisons, polar historique de Sylvie Gibert

Par Mpbernet

atelier poisons

1880. Nous pénétrons dans la seule école de peinture de Paris à accueillir des femmes : l’académie Julian. Nous y faisons la connaissance de jeunes femmes intrépides qui ont décidé, bravant les bonnes manières, de devenir peintres. Même et d'autant plus lorsqu’elles ont assez de talent pour que leur œuvres soient reçues au Salon, elles n’en peuvent plus d’entendre ce commentaire : « Ce n’est pas mal, surtout pour une femme ! ».

Zélie Murineau ne manque pas de savoir faire, en particulier lorsqu’elle fait ses gammes en copiant les grands Maîtres au Louvre, ou à Madrid où Velasquez la fascine. A l’académie Julian, elle vit sa passion avec ses camarades, dont certaines, à un titre ou à un autre, deviendront célèbres comme Mousse, cette jeune aristocrate russe mieux connue sous son identité : Marie Bashkirtseff.

Un homme élégant remarque Zélie dans le jardin des Tuileries : c’est le commissaire Alexandre d’Arbourg qui  va lui proposer un étrange marché. Profiter de son extraordinaire sens de l’observation pour enquêter sur une tentative de meurtre au cœur d’une famille amie. Le prétexte pour pénétrer dans la grande bourgeoisie : réaliser le portrait d’une petite fille … Une commande que Zélie ne peut pas refuser.

L’étrange attelage se complète avec efficacité : la jeune femme ne craint personne, le policier intègre et perspicace est complètement dédié à son métier. Plusieurs intrigues vont trouver leur aboutissement grâce à eux, dans un cadre digne d'un tableau de Jean Béraud.

Passé le prêchi-prêcha féministe qui peut rebuter, le roman entremêle subtilement les écheveaux de plusieurs affaires. Ce qui frappe, c’est la logique des faits et aussi à la particulière attention portée aux enfants, tellement malmenés en cette fin du XIXème siècle : depuis les bébés des nourrices, ramenés à leur village de naissance dans d’effroyables conditions, jusqu’à l’abondon moral des « gosses de riches » laissés aux bons soins des domestiques.

Avec l’intrusion d’une pléiade de personnages historiques – Alphonse Allais, Guy de Maupassant, Edgar Degas, le préfet de police Louis Andrieux (père officieux de Louis Aragon) - on retrouve ici l’art de Jean Contrucci (à Marseille), Valentin Musso (à Nice), Odile Bouhier (à Lyon) et surtout, l’ambiance du Paris de Claude Izner, alors que les auteures ont juste abandonné le personnage du libraire Victor Legris, dont la belle Sasha, elle aussi, était peintre.

La Belle Epoque n’était pas toujours rose pour les petites gens : on attend avec impatience les futures aventures du duo de choc formé par Zélie et Alexandre …

L’atelier des poisons, roman historique de Sylvie Gibert, chez Plon, 356 p., 19,90€


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