Je l’avais dit lors de sa sortie en salles, ce n'est pas parce que j'avais à ma grande surprise beaucoup aimé le précédent film de Quintine que j'attendais avec une impatience démesurée le nouvel opus du Prix Lumière 2013 sorti en salles la toute première semaine de cette année 2016.
Et du coup j’avais laissé Michel aller en salles et chroniquer ces 8 Salopards, et si il n’avait pas boudé son plaisir, contrairement à d’autres fans du cinéaste bien tièdes devant cette livraison 2016 du maitre il avait reproché qu’il manquait au film une touche politique, philosophique, voir moraliste bref une sorte d’âme à ce qui aurait pu être pour lui un grand film.....
Le film étant sorti en DVD depuis le 23 mai 2016 chez M 6 vidéo j’ai pu rattraper le coup et voir enfin des huit salopards, et franchement même si l’édition Blu Ray rendrait plus justice au formidable travail esthétique de Monsieur Tarantino – le film Tourné en Ultra-Panavision 70 mm, un procédé abandonné depuis 1966, d’autant plus que j’ai vu le film sur un tout petit lecteur DVD portable, quel sacrilège!- je n’ai pas boudé mon plaisir devant ce très jouissif jeu de massacre, parfaitement dans la lignée du cinéma tarantinesque…
J’avais peur que les éléments que j’avais glané sur le film (: huis clos de 2h50, pas mal d'hémoglobine dans un final 100% gore, des personnages tous plus antipathiques les uns que les autres, et pas beaucoup de fond.) soient un poil trop rédhibitoires pour moi, mais finalement ils ne ternissent que très peu la jubilation que l’on ressent devant ce cinéma à la fois érudit (on sent certaines références et que l’histoire a été très probablement inspiré par ses lectures mais si on ne connait pas ses références, cela n’est pas gênant une seconde pour le plaisir de spectateur) et instinctif à la fois…
Comme le disait Michel dans sa chronique, ce diable de Tarantino adore le cinoche et les spectateurs, alors, il joue au cinéaste avec nous, Tarantino ce sacré salopard manipule le spectateur : on rit, on tremble, on se cache les yeux, on applaudit, on en redemande comme au guignol et
Comme toujours chez Monsieur Tarantino, ça chique, ça parle, ça digresse, ça logorrhées, et en ensuite ça crache, ça manipule, ça entube, ça tranche, ça perfore, ça hématémèse, ça émascule et puis ça compte les points sur les doigts d’une main poisseuse de sang.
Et cette œuvre formidable est également, illuminée par une image tout bonnement somptueuse avec ce choix, gonflé pour un film qui se passe quasiment en huis clos, en très large panorama –bon je l’ai à peine deviné sur mon petit lecteur mais quand même) :o)
Et on n’oubliera pas de citer la sublime partition musicale du grand Ennio Morricone qui ponctue de fort belle façon les rares pauses de ce virtuose jeu de joutes verbales typique du cinéma tarantinesque.
Concernant le manque de fond stigmatisé par Michel et d’autres, j’ai trouvé au contraire que ces 8 salopards, s’enrichit d’un film aux fonds politiques et historiques, notamment sur l’histoire des Noirs américains après la guerre de Sécession (déjà abordé dans Django Unchained) ou celui des femmes, bref des thématiques plus profondes que celles abordées dans ses premières oeuvres.
Bref, ce très beau et très sanglant huis clos dans le Wyoming entouré de neige et de blizzard me fait de plus en plus aimer le cinéma du sieur Quentin, que j’avais un peu honteusement éreinté dès les premiers mois de ce blog.
Côté suppléments, dans le DVD on doit se contenter seulement d’un petit module baptisé « Le Grand 8 de Tarantino » qui présente très succinctement le film (5 minutes on est dans la featurette superficielle et superflue hélas) et un second, plus interessant et un peu plus dense introduit par Samuel L. Jackson, revient sur l’utilisation du Panavision (7’30). Là encore pour les bonus préférer la version Blu Ray….