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Adeline Baldacchino – Désattendre

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

Adeline BaldacchinoSaisi de désir comme on le serait
de froid
quelque chose en nous, de désordonné
qui désempare
nous démembre de l’intérieur
on se tait, dans le noir
l’hiver est brûlant

La nuit est pleine
de fantômes désarticulés
je renonce enfin
au vertige du désir
l’âme anesthésiée
recule tout au fond
d’une armoire sans porte

Je veux la jubilation
mais je trouve ce qui reste
quand elle n’est pas
là quand elle se refuse
au partage indélicat
de l’aube et des rêves
seule, ce qui reste

On écrit comme on fulgure
en étincelles bordées de cris
frappant contre le ciel
qui n’a jamais répondu
creusant les formes de l’absence
répétant des mots vides
leurs discrètes brisures

Demain, sans répit
qui ne vient pas
le sang frappe
il n’y a pas de signe
le temps se démet
se détourne
du corps épuisé

Suffirait-il peut-être
de ne plus rien attendre
et c’est alors que surgirait
ce qui se cache
sous la peau féroce des heures :
leur gloire secrète
gorgée d’invisibles caresses.

***

Adeline Baldacchino (née en 1982 à Rillieux-la-Pape)



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