C'est un film lent, mais où la longueur - près de 2 heures - se justifie pleinement : la patience d'une vengeance familiale le nécessite. Celle de Pier Ulmann qui ourdit la perte de la famille de son oncle, diamantaire à Anvers : celui qui a rejeté et spolié jadis son frère hyper doué, qui savait comme nul autre trouver la bonne façon de tailler le diamant, ce père que Pier retrouve mort, après une vie de déclassé.
Vivant d'expédients, Pier "travaille" de petits cambriolages pour celui qu'il considère comme un autre père : Rachid. Il s'insinue dans sa famille anversoise pour la ruiner. Et il va y parvenir pleinement en montant un casse retentissant. Mais tout ne se passe pas exactement comme prévu ....
C'est une histoire de violence, de mensonge, de trahison, mais aussi de traditions professionnelles, de transmission de talents - Pier apprend très rapidement le métier de tailleur de pierres brutes, comme avant lui son père et son grand-père - de solidarité familiale, de roublardise mercantile et aussi une leçon d'économie.
Car l'évolution technologique balaie les ateliers européens au profit de pays à faible taux de main d'oeuvre. Dans le métier de la taille de pierres, la main est passée à l'Inde. Intéressant parallèle aussi entre les spécificités de la communauté juive et des Jaïns, pour lesquels la violence est absolument exclue.
Le scénario est remarquable, les acteurs - que nous ne connaissons pas - d'une vérité troublante, la réalisation impeccable. C'est une très agréable surprise, une vraie pierre précieuse ...
Diamant noir, film d’Arthur Harari, 2016, avec Niels Schneider, August Diehl, Hans-Peter Cloos, Abdel Hafed Benotman (décédé en 1915, le film lui est dédié), Raphaele Godin, Ragunath Manet ...