L'art de l'absurde requiert un doigté dont peu sont à même de se vanter. On ne dira pas qu'avec La loi de la jungle, Antonin Peretjatko est en pleine maîtrise de la discipline du décalage. En revanche, on soulignera combien le plaisir de la farce et le goût pour la satire politique en font une œuvre rafraîchissante en diable.
Dans une France peuplée uniquement de stagiaires, un trentenaire doit ouvrir en Guyane une station de ski mais se perd dans la jungle. Peretjatko fait renaître à sa manière le goût de l'aventure de son ancêtre Philippe De Broca. Il plonge ses (formidables) acteurs dans de multiples pirouettes avec une joie enfantine non feinte. Grand amateur du genre, il parodie, parfois jusqu'à l'excès, les passages obligés du récit d'aventure en territoire sauvage.
Plus frontal qu'en filigrane, Peretjatko n'oublie jamais de brosser un portrait absurde d'une nation qui ne l'est pas moins. Son récit avançant, il témoigne d'une profession de foi qui remet l'humain au centre de l'échiquier moral, dans un monde dont la logique échappe à tous. La Jungle serait-ellepréférable à la Loi ? Un sourire en coin, on a envie d'y croire.
La Loi de la Jungle sort le 15 Juindans les salles françaises.
Crédit photo: Sidonie Pontanier