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Au pays de Pétaud, chronique douce

Par Pseudo

Benaroch-Sipa.jpgPétaud, en bon chienlit, n'aura pas eu besoin de 5 ans pour faire du pays de France ce fracas perpétuel. Loué soit-il ! Il se sera toujours fait des amis chez les auteurs de manuels d'histoire, puisque ceux-là au moins n'auront pas trop de mal à caractériser l'«empreinte» qu'il laissera ! 

L'Etranger, observant la fin de règne de son prédécesseur, avait pu se dire : «Ce Nicolas est trop agité du bocal, il va laisser la pauvre nation plus énervée et divisée que jamais. Avec François-le-Bonhomme, au moins, elle va retrouver ses esprits et s'apaiser un peu.» D'ailleurs comment imaginer que le débonnaire rondouillard, tout juste de taille à présider le conseil départemental de la Corrèze, ait pu se faire élire roi de France pour quelque autre raison ? Lui le «petit rigolo» choisi par défaut, une fois que le Priape censé mener le parti rose à la Victoire se fût tout entier liquéfié dans la bouche d'une chambrière — rappelons-nous l'immense éclat de rire, à l'époque. Autant continuer à rire de bon cœur, et faute d'impétrant sérieux, choisir celui qui nous rappellerait le mieux Coluche — et alors ? ce bougre-là avait bien su capter plus de 16 % d'intentions de vote au printemps 1981 ! Comique pour comique, pourquoi pas un Hollande quand on n'a plus de Strauss-Kahn, ni de Coluche, à se mettre dans l'urne ? Après le temps belliciste du noiseux Nicolas, qu'il serait doux de vivre sous le gouvernorat placide et plein d'humour d'un M. Courteline... D'autant que Chirac, populaire comme jamais depuis qu'il vivait sa retraite en compagnie d'Alzheimer, en avait fait son candidat. Ce serait le temps béni de l'apaisement, du miel et des chemises à fleurs, après un quinquennat brutal et vulgaire, fait d'insultes, de divisions...

Pour finir de séduire le Gaulois, il y a eu ce discours surtout, comme peu de tribuns du peuple savent en tenir, au Bourget, le 22 janvier 2012. Ah, ces accents! «Ré-enchanter le rêve français !» «Mon véritable adversaire n'a pas de nom, pas de visage...» Et puis la fameuse anaphore, à la télé, le 2 mai suivant : «Moi, président...» Y avait plus photo mon vieux : le Nicolas, malgré ses Rolex au poignet, et ses Carla au bras, il n'avait plus qu'à filer se faire du fric de par le vaste monde, au cul de Clinton — puisque c'était à ça, finalement, que se résumaient ses aptitudes et ses goûts.

Que d'eau, que d'eau sous les ponts, depuis... L'Etranger — c'est toujours le même —, à peine quatre ans plus tard, se gratte la tête : on peut bien l'avouer, ça fait longtemps qu'on ne lui a pas servi si beau spectacle. Les écrans tous médias nous en donnent jour et nuit plein les mirettes. Le Gaulois lui, en guise d'«apaisement», n'a plus qu'à tout faire péter de colère...

Déjà ça n'a pas traîné. Pétaud à peine le cul sur le trône, il y a eu cet exquis pied-de-nez aux mœurs séculaires, la délicieuse provocation du «mariage pour tous». Pour quelqu'un qui se voulait l'antithèse de Nicolas, le Machiavel à talonnettes qui ne savait régner qu'en «clivant» le corps social, le nouveau faisait fort. Question fracture sociale, Nicolas Machiavel pouvait se rhabiller, Pétaud-le-Rond lui damait le pion, et en beauté ! Au bout de tout juste huit mois de règne, à l'occasion de cette offense faite à la famille, son art de mener le royaume fut jugé à ce point rassembleur que jamais, depuis la manifestation mémorable du 24 juin 1984 pour la défense de l'école libre, on n'avait vu de telles masses venir dans la rue contester un projet gouvernemental. Et cela pendant presque deux ans sans discontinuer ! Sans préjuger de la trace laissée durablement par cette «discorde» gratuite au sein du corps social, et même des institutions — se rappeler les foires d'empoigne parlementaires, la rébellion de nombreux officiers d'état-civil, etc.

Plus ballot encore — mais on n'est pas Pétaud par hasard — fut le coût du conflit pour la popularité du monarque : un certain nombre de ses partisans n'ont pas manqué de se détourner de lui à ce moment-là, notamment une frange importante des Français issus de l'immigration, nettement conservateurs sur le plan des mœurs, et dont il guignait le vote pour compenser la désertion des classes populaires, lassées par le mépris des néo-bourgeois de gauche. Tout cela d'autant plus remarquable qu'à part les faveurs accordées à quelques activistes turbulents, on n'avait décelé ni l'opportunité, ni la priorité, ni l'urgence d'instaurer cette simagrée de mariage pour homosexuels... lesquels dans leur grande majorité devaient s'en moquer comme de leur première chemise.

Reconnaissons tout de même à Pétaud une sensibilité personnelle sur la question du couple. Certes le mariage en tant que tel n'est pas forcément sa tasse de thé : il a été père de famille sans avoir eu besoin lui-même de se marier ; il a abandonné la mère de ses enfants pour une maîtresse qu'il a installée comme «première dame» de France — sans que la République, ou les protocoles internationaux, toujours un peu compliqués, ne sachent trop quel rôle lui reconnaître  officiellement ; il l'a bientôt répudiée d'un simple communiqué, avec toute l'élégance que l'on sait, cependant que la nuit venue, il s'échappait de l'Elysée, casqué, monté en croupe sur le scooter de son garde du corps qui le menait secrètement, sous l'objectif des photographes de

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Closer, à l'appartement de la douce Julie, sa dernière conquête... A-t-on pu s'esclaffer, et l'Etranger encore plus, au spectacle de ces gaillardes mœurs ! Mais qu'au moins on ne dise pas qu'un tel homme est insensible à l'art d'aimer ! Peut-être, tout simplement, aurait-il mieux valu qu'il n'ironise pas trop sur les frasques sentimentales de son prédécesseur. Ici encore, l'argument récurrent de sa «normalité», censé marquer la différence avec Nicolas l'exhibitionniste, aurait sans doute gagné à s'afficher avec plus de modestie. Mais Pétaud, c'est sa force, ne craint pas le ridicule.

D'autant que le royaume a désormais d'autres chats à fouetter. Il y a surtout ce vent méchant venu d'Arabie, excitant si fort ses bigots les plus zélés, qui ne se contentent plus d'être grotesques, mais prétendent nous convertir à leur obscurité, sur nos propres terres, par le feu ou la lame ! Leur arrogance, ou leur puérilité, nous auraient fait sourire quelques décennies plus tôt, forts que nous étions de notre bon droit — il me semble qu'on devait dire «souveraineté» à l'époque, ou quelque chose comme ça, et «laïcité» aussi, si j'ai bonne mémoire. Forts surtout de nos convictions, à commencer par celle de notre dignité, et de notre capacité à botter le cul des prosélytes, exotiques ou pas... D'ailleurs les vieilles barbes et les bas-du-culte de la libre-pensée veillaient au grain : «On ne s'est quand même pas affranchis du magistère des calotins pour retomber sous la charia d'ânes enturbannés !»

Observons tout cela aujourd'hui : assassinats de «kouffar(s)», égorgements, mitraillages, dynamitages, ces aimables distractions si prisées en terre mahométane sont devenues à la mode chez nous. Pas un trimestre sans un assaut bien saignant, ou la menace d'un de ces assauts, ou le démantèlement d'une cellule dormante prête à l'organiser — «Ah ben ça alors, le petit Momo ? Mais on lui aurait donné le Bon Dieu sans confession ! Il se bourrait comme un Polonais, niquait toutes les meufs qu'il pouvait coincer dans les caves, et ne pensait qu'à se faire de la tune dans le bizness du shit !». Et maintenant voilà autre chose, on «découvre» que tout frère djihadiste — le Très-Haut l'accompagne ! —, gérant avec soin sa petite EURL franchisée, se doit d'assaillir à domicile des cibles bien choisies — flics, matons, juifs, homos, etc. — que le Bon Calife Abou Bakr al-Baghdadi al-Husseini al-Qurashi laisse à son choix opportun.

«Bonnerre de Trest !» s'en exclame Pétaud, dégoulinant de pluie. «Rassemblons tous les prévôts du royaume, et prenons un édit que nous appellerons "état d'urgence", et interdisons, menaçons, muselons, espionnons, réquisitionnons, questionnons, interpellons jour et nuit, et même nuit et jour, et censurons, condamnons, surveillons, ligotons, emprisonnons, consignons à domicile, garrottons. Et mobilisons les armées de terre, de l'air, de la mer, les pompiers, les vigiles, les scouts, les marins-pêcheurs, les associations de chasseurs, les Corses, les Basques, les Irlandais de Vincennes, les barbouzes de la DGSE, les artisans-bouchers, enfin tout ce qui porte une arme ! Et barrons la route aux méchants terroristes !»

Nous sommes donc en guerre, puisque Pétaud le décrète, avec son gouvernement aux bras courts. Mais contre qui ? Le terrorisme ! Mais encore ? Eh bien, euh... Le terrorisme islamique ? Attention ! Hou que non ! Pas d'amalgame ! L'islamisme alors ? Disons... oui, on peut l'entendre comme ça... Encore que... Le «djihadisme» islamiste ? Si l'on veut... La radicalisation ? Ah oui! C'est ça, la RADICALISATION !

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Nous avons donc un ennemi... abstrait comme il convient pour ne froisser personne. Et surtout pas ceux dont on espère les voix ! Nous l'avons déjà dit, depuis que la gauche ne défend plus les classes populaires, qu'elle trouve franchouillardes et populistes — comment lui donner tort —, il lui a bien fallu trouver des bulletins de vote ailleurs, en lorgnant vers les banlieues exotiques. Terra Nova, la «fondation progressiste» qui sert de stratège à Pétaud, n'a pas si mal calculé son coup : François serait-il passé sans l'addition du vote des «Français de la diversité» et des antisarkozistes viscéraux? Nous lutterons donc contre la «radicalisation» — vue dans sa généralité bien sûr, et tant qu'on y est, christianisme compris, on ne sait jamais avec ces catholiques... Mais si ! Et puis ne discriminons pas !

Etat d'urgence donc, mobilisation du pays, guerre contre la «radicalisation» : c'est là du gros, du lourd, pour une société habituellement frivole, et indisciplinée. Elle pouvait au moins se dire, la société, qu'à quelque chose malheur serait bon. Quitte à vivre en régime semi-autoritaire, autant jouir du surcroît d'ordre et de sécurité générale — hors la menace terroriste — qu'un tel déploiement de forces, de réglementations et la détermination si martiale de nos autorités, nous apporteraient en contrepartie.

Tu l'as cru ? T'as tout faux ! On n'est pas pour rien au royaume de Pétaud : c'est exactement le contraire qui s'est produit ! L'état d'urgence indéfiniment maintenu, les niveaux chaque jour plus cramoisis des plans Vigipirate et Sentinelle, les patrouilles en armes de troupes et de flics à chaque coin de rue, tout ça n'a impressionné que les touristes asiatiques et américains — qui ont prudemment évité ce nouveau «théâtre d'opérations». Mais les Français... Jamais, catégorie après catégorie, ils n'ont autant manifesté, protesté, fait grève, bloqué l'espace public et la vie économique, attaqué sans interruption les forces «de l'ordre» (sic), saccagé des quartiers entiers, des

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équipements publics, des biens privés — jusqu'à assaillir, ces jours derniers, un hôpital pour enfants ! —, contesté toute autorité sous tous les prétextes possibles, et même sans prétexte : loi Macron, loi El Khomri, répliques de l'imbroglio aéroportuaire de Notre-Dame-des-Landes, émeutes et désordres violents de migrants mécontents de leur accueil à Calais, occupation permanente — et agressive — de la place de la République par les nervis de Nuit Debout, indifférents aux sommations d'évacuer... Sans compter le quotidien des braquages, des agressions de toute nature, de la violence routière, l'imperturbable flux de délinquance, de criminalité, d'insécurité «ordinaire», d'incivilité que les mâles propos de nos ministres et préfets n'empêchent pas de se répandre, comme si de rien n'était... Peut-être même plus encore que les années habituelles !

Mais cela n'aura pas suffi : il n'y manquait qu'une compétition internationale de football, venue à point nommé, avec ses fan-zones incontrôlables, ses hordes de supporteurs imbibés d'alcool et de haine, ses dévastations dans les quartiers où cette douce humanité choisit de s'épancher...

Pétaud passe son temps à courir les micros, les cérémonies expiatoires, commémoratives, votives, se répand en commisération au moindre incident, dépose des gerbes à la mémoire de policiers assassinés, s'émeut avec leurs collègues qui n'ont été qu'agressés ou insultés, déplore avec une égale sincérité les blessures infligées aux casseurs maladroits, bombe le torse ou fait donner son Premier ministre, à la mâchoire carrée, pour affirmer une énième fois que «les violences sont inadmissibles», que «l'Etat ne tolérera pas», que «l'ordre et la continuité des services publics seront assurés», que «l'état de droit sera...», que «la démocratie sera...», que «la République sera...». Et pendant que ses mots tressent cette inlassable mélopée geignarde, et que ses ministres parcourent de même le pays en pérorant sur le dernier coup reçu, ce qu'il lui reste d'autorité s'évapore tranquillement. Cette autorité qu'on ne lui a jamais reconnue, jusque dans sa propre famille politique, où les «frondeurs» s'acoquinent ouvertement, désormais, avec des Mélenchon, des Montebourg...

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Entre une CGT menant ses propres guerres d'usure, indifférente au sort et à l'intérêt du pays — mais on commence à la connaître —, les casseurs habituels accompagnant la moindre manifestation, de plus en plus violents et souvent de connivence avec ladite CGT — on en a la preuve aujourd'hui —, les «zadistes» prêts à se soulever contre n'importe quel projet d'équipement important, les brutes du monde du football, dont beaucoup importées à l'occasion, et, last but not least, la menace permanente des mahométans «radicalisés», cette dernière année de règne du roi Pétaud débute effectivement comme la logique des choses incitait à le prévoir. Ce que la sagesse arabe résume si bien — ou Talleyrand, on choisit la référence qu'on veut : «Mieux vaut cent moutons menés par un lion que cent lions menés par un mouton.»

       


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