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Carnaval de Ray CELESTIN

Par Lecturissime
Carnaval de Ray CELESTIN

De 1918 à 1919 un tueur en série a sévit sur la Nouvelle Orléans, surnommé "Le tueur à la hache". Les premières victimes étaient des italiens, laissant supposer un raport avec la mafia en plein essor dans la ville à cette époque. Le tueur se servait de la presse pour transmettre des messages, dont le plus notoire fut une lettre du 13 mars indiquant qu'il tuerait 15 minutes après minuit, mais épargnerait les habitants qui écouteraient du jazz ce soir-là. Le tueur à la hache n'a jamais été identifié, les meurtres s'arrêtant brutalement. Ray Célestin s'est inspiré de ce drame et de l'effevervescence de la ville à cette époque pour bâtir son roman. Il campe plusieurs enquêteurs : un policier, Michael Talbot, mais aussi Ida, jeune secrétaire de l'agence Pinkerton, aidée par Lewis Armstrong, musicien, et pour finir Luca d'Andrea, tout juste sorti de prison, mandaté par la mafia locale pour découvrir l'identité de ce mystérieux tueur en série. Les trois suivent des pistes différentes qui les mèneront dans des directions opposées.

Si ce sont des personnages forts aux identités bien marquées, la ville de la Nouvelle Orléans est la véritable star du roman, à la fois fascinante et capable des pires horreurs. Malmenée par les éléments naturels, elle est une ville à part, mélangeant les populations francophones et des frontières raciales floues "lieu exotique, une enclave étrangère, cachée au coeur du Sud profond."

"La Nouvelle Orléans était inondée tous les deux ans, les incendies et les tempêtes ne cessaient de détruire ses grandes constructions, le terrain marécageux faisait trembler les rues et s'écrouler les bâtiments. La nappe phréatique était tellement proche de la surface qu'on ne pouvait pas enterrer les morts correctement. Franchement, La Nouvelle-Orléans éait plutôt un symbole de la fragilité de l'homme face à la nature." p. 97

Cette ville de ségrégation et de racisme voit aussi la naissance du jazz, et assiste aux débuts de Louis Armstrong, joueur de cornet dans les bars. Le quartier Storyville vient d 'être fermé, les bordels interdits, privant la ville de toute une partie de son économie. Le climat est tendu, les rivalités ethniques exacerbées.

Fort de tous ces éléments, ce premier roman bien rythmé est une vraie réussite, envoûtant et passionnant. L'auteur prévoit une suite qui se déroulera à Chicago, quelques années plus tard, sous la Prohibition et avec les mêmes personnages. Vivement !

Carnaval, Ray Célestin, traduit de l'anglais par Jean Szlamowicz, 10-18, mai 2016, 8.80 euros

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