Alors que la e-santé est en plein boom en France, nous avons rencontré deux acteurs du secteur pour leur demander leurs visions sur le futur de la télé-médecine en France.
Le secteur de la télé-médecine est promis à un bel avenir
Stanislas Niox-Chateau est le cofondateur de Doctolib, la startup phare de prise de rendez-vous médicaux en ligne. Selon lui, la télé-médecine va beaucoup se développer dans les prochaines années. “C’est sûr, le secteur va décoller.” Pauline d’Orgeval a pour sa part cofondé le site Deuxiemeavis.fr qui propose un deuxième avis médical en ligne sur les pathologies graves par un médecin spécialiste du sujet, le tout en moins de sept jours. Elle partage le point de vue de Stanislas et explique que son site se prépare d’ailleurs au changement: “Il y a un vrai besoin de télé-consultation donc forcément nous y pensons car nous avons la plateforme pour le faire mais ce sera dans le cadre d’un autre service que celui actuellement proposé par le site. Si on veut avoir des médecins référents alors qu’ils sont déjà submergés de patients, ça ne marchera pas, on va retomber dans l'engorgement avec des rendez-vous à heure fixe.”
Quand on demande à Pauline d’Orgeval l’échéance de l’arrivée de la télé-médecine, elle reste prudente: “Tout est tellement long et lent dans le secteur de la santé. Finalement, ce sont plus les mentalités et la réglementation qui tardent à évoluer que les outils numériques. Tant que ça ne sera pas pris en charge, cela restera balbutiant. Les Français sont tellement habitués à ce que la médecine soit gratuite. Cette prise en charge sera vraiment un signe fort, mais ça n'a pas l'air d'être imminent. Après le besoin est si fort que les choses évolueront peut-être plus rapidement que prévu.”
Des freins bloquent encore le décollage de la télé-médecine en France
Pour le cofondateur de Doctolib, deux problèmes majeurs se posent: “Le premier c'est celui de la facturation. S'il n'y a pas de cotation des actes et donc pas de remboursements, cela ne peut pas fonctionner. Le second élément, c’est que les médecins ont besoin d’un outil simple qui leur convienne. C'est d'ailleurs ce que nous avons fait sur la prise de rendez-vous en ligne et c'est pour ça que nous avons si bien marché. Si nous en sommes à ce niveau aujourd’hui, c'est grâce au marketing patient mais aussi grâce à notre logiciel de prise de rendez-vous qui est simple et ergonomique et s'adapte aussi bien aux petites organisations qu'aux plus grandes. Au final, nous ne vendons pas une technologie mais un service et cela implique d'avoir aussi des gens sur le terrain qui aident les professionnels de santé. Pour la télé-médecine, il faudra la même simplicité d’usage.”
Pauline d’Orgeval le rejoint sur le point du remboursement et de la cotation des actes. Pour le site Deuxiemeavis.fr, qui a passé des accords avec des mutuelles, ce problème se pose déjà: “Pour l'instant la sécurité sociale ne propose pas de remboursement, mais cela ne va pas se faire en un an. Il faut réussir aussi à évoluer l'impact médical pour le patient et l'impact économique sur la société, la sécurité sociale et les mutuelles. Une opération évitée, ça a un impact énorme. L'usage va être lent comme le deuxième avis n'est pas encore dans les mœurs en France. Mais je reste optimiste, des sites comme Doctissimo permettent aux gens d'évoluer et de voir qu'il y a des différences de prises en charge possibles.”
Elle alerte aussi sur le besoin de sélectionner avec attention les consultations qui pourront passer en télé-médecine: “On ne peut pas tout faire en téléconsultation mais cela peut permettre de dire à un patient qu'il y a urgence à voir quelqu'un par exemple. Aussi, il est impossible d'annoncer sur internet à quelqu'un qu'il a un cancer par exemple ou qu'il doit se faire opérer, c'est pour cela que nous nous sommes actuellement positionnés sur un deuxième avis qui est juste une revue de dossier par un expert de la maladie.”
