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Le soleil des Scorta, de Laurent Gaudé

Publié le 26 juin 2016 par Onarretetout

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On entre toujours à Montepuccio de nuit, avec un âne. C’est qu’il fait toujours trop chaud dans la journée. Les amours y sont toujours compliquées, interdites, soumises au critère de la richesse, et les Scorta sont pauvres. Ils n’ont pour héritage que cette pauvreté, leur sueur pour vivre. Une union improbable, condamnée et de courte durée (une nuit) initie cette famille, marquée à jamais par la faute. Pourtant nous nous y attachons. Combien d’Italiens ont un jour du XXe siècle pris un bateau pour l’Amérique ? Combien en sont revenus ? Portant le mystère de cette équipée extraordinaire. Les trois enfants de Rocco sont de ceux-là. Quand ils rentrent au village, de nuit avec un âne, du temps a passé et don Giorgio est mort. L’honneur des Scorta leur colle à la peau et, bien qu’ils ne soient que les enfants d’un bandit, les gens du village les considèrent comme les leurs. Ce roman nous fait vivre des années et des années dans les Pouilles, où l’existence est rude, où le commerce du tabac n’enrichit pas son homme, où le trafic de marchandises devient trafic de migrants (et, peut-être, cette Alba, qu'un des petits-fils Scorta dépose au matin sur la rive, est-elle la femme qui suit le commandant Piracci au début d'un autre livre de Laurent Gaudé, Eldorado), où rien n’est plus grand que la famille, où l’on vieillit et où l’on meurt comme partout, même si, ici, parfois la mer noie le soleil, même si la terre tremble. Carmela, la fille de Rocco, raconte et demande qu’on l’écoute avant de perdre la mémoire. Son récit est précieux, c’est sa seule richesse, celle qu’elle a obtenue quand son père, la veille de sa mort, lui a passé la main dans les cheveux.


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