depuis des mois, j'ai eu envie d'écrire sur ce sujet qui touche un grand nombre de femmes. et pourtant, j'ai encore l'impression que c'est un sujet tabou. quand cela m'est arrivé je me suis sentie fortement seule et déprimée pendant un certain temps que je n'avais même pas remarqué que j'attendais la canaille. j'ai mis plus d'un an pour mettre des mots sur mes émotions que j'ai ressenti ce soir là quand j'ai été aux urgences après avoir appelé le 15 qui m'a dit que ce n'était pas grave, que de perdre du sang arrivait en début de grossesse. sauf que je savais que quelque chose n'allait pas. et je le savais dés le matin lorsque j'ai ressenti mes premiers maux de ventre. ce n'était ni des coliques ni les douleurs du cycle. j'ai compris bien plus tard que jamais je n'allais voir ce bébé. ce petit être qui me remettait du baume au coeur après le décès un mois plus tôt de mon grand-père. ce bébé que jamais je ne verrais car mon corps l'a expulsé, tout seul sans rien me demander. ce corps à la con l'a retiré sans que je ne ressente aucune douleur. cela est passé presque inaperçu.
ce matin là de janvier, je savais que la journée n'allait pas se passer comme il fallait. j'ai su très vite que quelque chose était dans mon ventre, juste après les attentats de charly. je me souviens de ce matin où j'ai fait mon test toute seule, où j'ai annoncé la nouvelle au téléphone à l'amoureux qui m'en a un peu voulu de ne pas être là. j'avais levé le pied sur ma vie en marchant plus lentement, en lui parlant, en stoppant les huiles essentielles et les perturbateurs endocriniens. et je me souviens m'être presque voulue d'avoir été à la marche républicaine après. mais cet autre matin du même mois, la journée n'a pas commencé de la même façon. je n'aurais peut-être pas dû aller travailler et me fier à mes instincts. j'ai cru pendant longtemps que c'était de ma faute. puis, j'ai compris bien plus tard la vraie raison.
la bonne idée (qui n'en est pas une) est de mettre les urgences gynécologiques au même endroit que la maternité. j'ai pendant longtemps détesté cette famille qui attendait patiemment la naissance du premier né, ils faisaient tous la fête. le bébé a hurlé, le papa est venu annoncé la nouvelle & moi j'étais enfin auscultée. je me souviens que j'ai presque été hospitalisée pour une trop grosse tension. bordel, je veux savoir ce qu'il se passe, je suis en stress, sous tension quoi. j'ai refait un test. j'ai vu le gynéco qui venait de mettre au monde ce bébé hurlant. il me disait que pour moi c'était fini, le test était négatif. merci, au revoir. cela s'est vraiment passé comme ça. j'ai été payé parce que je n'avais pas encore la sécu normale. et j'ai pleuré sur le trajet. une approche directe, sans compassion, je lui en ai voulu. j'en voulais à la terre entière. mais je suis restée d'un calme plat. le point positif était la possibilité d'avoir un enfant. le négatif est que jamais on ne verra ce bébé. il est parti vers mon grand-père. mon corps me l'a volé sans que je l'ai décidé.
après, j'étais en deuil. je continuais celui de mon grand-père mais aussi celui-ci. un bébé qui n'a aucune preuve d'existence. un bébé de cœur qui aurait été très heureux et qui la protège. cela a été très dur. je n'en ai jamais vraiment parlé mis à part cet article. j'ai envie de vous montrer que si cela vous est arrivé, vous n'êtes pas seule. je me suis sentie sale, démunie de tout, seule dans mon chagrin,... j'ai beaucoup pleuré intérieurement que j'étais sur le point de ne plus vouloir d'enfant tellement cette tristesse était grande. il n'y a pas un jour où je ne pense pas à lui, à combien il aurait été différent de la canaille, à ce qu'il ferait comme exploit comme elle. à cause de lui, j'ai raté le premier trimestre de lily prune. je pense que finalement cela est une bonne chose car je n'ai jamais été prête et j'aurais eu trop peur. la canaille, mon bébé miracle est arrivée en pleine forme. et bébé de cœur n'est jamais bien loin.