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De la poudre aux yeux numéro 1 : l'enfumage du Brexit

Publié le 01 juillet 2016 par Vindex @BloggActualite

Bonjour à tous,

Depuis les résultats du référendum anglais du 23 juin dernier, c'est l'effervescence voir le délire et l'hystérie. En effet, le choc occasionné par ce référendum est à la hauteur du rejet toujours plus grand à l'égard de l'Union Européenne. La réaction politico-médiatique ne s'en déchaîne pas moins donc, et c'est ce que nous allons commenter ici.

Jeunes : avenir volé ?

La première grande assertion dont on nous rabat les oreilles, en particulier sur les réseaux sociaux, c'est l'idée que les Jeunes se seraient fait voler leur avenir par les vieux. Cette affirmation est fondée sur un contraste assez net dans le vote britannique au référendum de la semaine dernière. Les résultats montrent en effet que les plus de 65 ans ont voté à 58 pour cent pour le "Leave" quand les jeunes de 18 à 24 ans ont eu voté à 64 pour cent pour le "Remain". A minima les médias et hommes politiques parlent d'une fracture, qui est assez nette il faut le dire. Mais certains vont même jusqu'à parler de "Dictature des Vieux" et remettraient presque en question l'égalité de chaque voix. Les sous-entendus sur la démocratie et sur l'importance (trop grande ?) des vieux sont nombreux, tout comme l'idée que les jeunes s'étaient fait voler leur avenir, illustrant d'ailleurs un autre sophisme que nous évoqueront plus tard.

Rappelons tout de même quelques éléments fondamentaux pour en finir avec ces truismes :

-la démocratie, c'est le pouvoir au peuple dans sa totalité. Elle implique le droit de vote pour tous les citoyens qui votent en leur âme et conscience. Et s'il peut être intéressant d'étudier le vote par catégorie, il est complètement stupide d'en faire un moyen d'accusation et de division du peuple.

-Il y a fort à parier que si un tel référendum avait lieu en France, le vote eurosceptique serait beaucoup plus jeune. Si un tel résultat avait lieu en France, on aurait probablement droit à des stupidités du genre "Les jeunes se sont fait tromper alors que les vieux ont plus d'expérience".

-Enfin, on ne peut pas non plus dire que la Jeunesse britannique soit eurobéate dans son ensemble. En effet, selon des sondages datant de la veille du scrutin, la proportion de jeune s'apprêtant à voter était très faible. Une tendance intéressante que rien ne vient infirmer jusqu'à présent. En somme, l'enjeu de la jeunesse britannique, c'est peut-être de prendre en main son propre avenir avant d'accuser les autres.

De la poudre aux yeux numéro 1 : l'enfumage du Brexit

Un cataclysme économique ?

Le deuxième sophisme est bien connu et il est de l'ordre de l'incantation. Il n'est que la suite logique des mises en garde déjà formulées avant le référendum, et même à maintes occasions lorsqu'il y a des référendum concernant la question européenne. C'est enfin cette vision des choses qui justifie l'emploi de l'expression de "jeunesse volée" suite au référendum.

Nous pouvons nous pencher sur la monnaie britannique, la Livre Sterling : celle-ci connaît en effet un vrai décrochage depuis l'annonce des résultats officiels du Brexit : elle est au moment où j'écris à 1,19 euros et à 1,33 dollars US. Cette dégringolade amenant la Livre à un plus bas depuis 30 ans est logique : le Royaume-Uni est le premier pays à quitter l'Union Européenne. Il devrait s'en suivre des négociations de nouvelles relations politiques et économiques entre ces deux entités, mais en attendant, c'est l'incertitude, ce que la bourse n'aime bien évidemment pas. Cela risque d'avoir des conséquences sur le pouvoir d'achat des britanniques à court terme, tant que la situation monétaire ne s'est pas reprise. Cela ne viendra pas tout de suite puisque la Bank Of England a annoncé la mise en circulation de liquidités (250 milliards de livres) pour prévenir le regain de prudence des acteurs économiques (foyer, banques, entreprises) et rassurer la bourse.

D'un autre côté, nous pouvons observer l'évolution récente de l'indice boursier londonien : le FTSE 100. Celui-ci a bien sûr connu une baisse visible suite au 23 juin, mais sa résilience fut bien plus grande puisque cette baisse a tout de suite été compensée par une hausse jusqu'à aujourd'hui.

De la poudre aux yeux numéro 1 : l'enfumage du Brexit

En bref, le cataclysme n'est pas encore là et rien ne permet de penser qu'il en sera forcément ainsi. L'incertitude ne sera pas toujours de mise, les acteurs politiques et économiques prenant des décisions pour aplanir la situation. Par ailleurs, il est fort probable que le Royaume-Uni ne cessera pas du tout les activités économiques et commerciales avec les autres partenaires et qu'il ait envie de négocier un statut de partenariat et de coopération, comme le connaissent des pays comme la Suisse ou la Norvège. Malheureusement, ce n'est pas forcément de l'avis de certains européistes qui souhaiteraient que la situation s'empire vraiment pour le Royaume-Uni, en laissant planer plus d'incertitude et de doute. C'est l'avis de Jean Quatremer qui a déclaré :

"Quand je dis : il faut être méchant avec les Britanniques, moi, je fais partie des gens qui poussent à fond pour que çe soit dur, c'est parce que : il faut qu'on voie ce que c'est ! [...] Voilà ! Pour moi : ils ont voulu sortir... et on va respecter leur vote, mais jusqu'au bout ! Ils vont le bouffer jusqu'au bout ! Et c'est ça qu'on doit faire."

Il est assez étrange de constater que soudain, la paix et la prospérité ne sont plus l'alpha et l'omega des européistes. Gageons qu'il n'en soit pas ainsi, mais il est très probable que l'Union Européenne agisse ainsi, souhaitant montrer l'exemple et ainsi rendre les choses compliquées pour les britanniques.

Les mensonges du BREXIT ?

"Maastricht constitue les trois clefs de l'avenir: la monnaie unique, ce sera moins de chômeurs et plus de prospérité ; la politique étrangère commune, ce sera moins d'impuissance et plus de sécurité ; et la citoyenneté, ce sera moins de bureaucratie et plus de démocratie " (Michel Rocard, Ouest-France, 27.8.92)

" Si le Traité était en application, finalement la Communauté européenne connaîtrait une croissance économique plus forte, donc un emploi amélioré. " (Valéry Giscard d'Estaing, RTL, 30.7.92)

" Le traité d'union européenne se traduira par plus de croissance, plus d'emplois, plus de solidarité. " (Michel Sapin, ministre socialiste des finances, Le Figaro, 20.8.92)

"L'Europe, ce sera plus d'emplois, plus de protection sociale et moins d'exclusion. " (Martine Aubry à Béthune, 12.9.92)

" La création de cette monnaie européenne n'aura rien d'automatique [...]. En outre, chaque Etat conservera la maîtrise de sa politique budgétaire et fiscale, dans des limites qui ne seront pas plus étroites que celles d'aujourd'hui. "

Vin DEX


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