L'inversion de la courbe des sentiments de Jean-Philippe Peyraud 3/5 (26-06-2016)
L'inversion de la courbe des sentiments (192 pages) est paru le 16 juin 2016 aux Editions Futuropolis.
L’histoire (éditeur) :
L'action se situe à Paris, de nos jours. Ça ne va pas trop fort pour Robinson. Son vidéoclub n'attire plus qu'une clientèle restreinte, sa petite amie déménage en province pour aller vivre avec un autre type. La nuit qu'il vient de passer avec Amandine se conclut sur une note ridicule. Son père débarque à Paris car il vient à nouveau de se fâcher avec sa mère, et en plus, sa soeur en province s'inquiète de la disparition de Gaspard, son f ils de 17 ans. Il aurait pour maitresse une femme plus âgée que lui. Or il se trouve que justement, sa voisine a également disparu. Amandine, de son côté, retrouve son amie Charlène, de retour du Pérou où elle a laissé son amoureux. Elle est à la recherche de son père biologique, un patron de vidéoclub. Si son amie s'inquiète de cette rencontre, elle l'est surtout à cause de ses résultats d'examens. Elle craint une ablation du sein.
Mon avis :
Ce n’est pas vraiment le genre de dessins dont je suis fan (le choix des couleurs, les traits anguleux, un je ne sais quoi de minimaliste et des décors sans détails), mais étrangement je suis vite entrée dans ce roman graphique et me suis aisément laissée embarquer par Robinson que j’ai suivi avec curiosité.
Autant l’histoire les personnages ‘et il y en a beaucoup) que leurs dialogues donnent la sensation d’être dans le vrai, la vraie vie (même si c’est loin d’être la mienne). On a le sentiment ici d’être plongé dans la réalité urbaine.
Robinson voit son ex récupérer ses meubles pour enfin s’installer à la campagne avec son nouveau mec, sa relation avec Amandine est…limitée (autant qu’avec les autres filles qu’il rencontre sur les sites dédiés), son commerce de DVD prend l’eau (et son ami-employé est sur le point de la quitter), son père débarque avec ses jérémiades autour de son couple qui bat de l’aile…Bref, la vie n’est pas un long fleuve tranquille.
Et effectivement, il n’est pas que question de Robinson ici. On a aussi des personnages à la recherche de leurs origines, une autre face à des choix que la maladie impose, un autre responsable d’un braquage, une autre inquiète depuis que son fils de 17 ans a quitté le domicile familiale pour une fille, un autre attaché à son patron mais qui aimerait bien voler de ses propres ailes…
Et robinson dans tout ça ? C’est un peu autour de lui que tourne tout ça, personnage central il fait avancer l’intrigue qui se présente presque comme un roman choral. Ce personnage un peu « vieux célibataire », un peu goujat machiste et personnel qui se soucis bien peu de son entourage, évolue et à mesure que les personnages se croisent l’histoire gagne un peu plus en profondeur.
Ainsi, ces traits qui me paraissaient trop simples, ces dessins très épurés qui me semblaient manquer de subtilités sont venus à moi comme les images d’un film défilant sous mes yeux. Je les ai trouvés de plus en plus agréables au final. Et il s’en dégage un certain mouvement, une fluidité et beaucoup d’expressivité qui m’ont plu.
Au final, L’inversion de la courbe des sentiments est une bande dessiné peu séduisante de premier abord mais vraiment captivante. De nombreux rebondissement rythment l’histoire qui (même en étant un peu téléphonée parfois) se lit avec plaisir et sans ennui. En fait, on parle ici essentiellement de la vie et c’est plutôt bien fait.