Aux États-Unis et au Cameroun, en 2007.
Nous sommes à l'automne 2007 à New York et Jende Jonga, un immigrant illégal d'origine camerounaise, est en passe de réaliser son rêve : après avoir été plongeur et chauffeur de taxis, il vient de décrocher un emploi de chauffeur pour Clark Edwards, riche banquier à la Lehman Brothers. Pour Jende, tout est désormais possible : il va enfin pouvoir offrir à Neni, son amoureuse, les études de pharmacienne dont elle rêve. Et surtout, pour les Jonga, le Graal est en vue : obtenir leur carte verte et devenir enfin des Américains.
Mais rien n'est simple au pays de l'American Dream. Entre Jende, loyal, discret, compétent, et son patron Clark, noyé dans le travail et les difficultés de la banque se noue une vraie complicité. Les deux familles se rapprochent, mais si les Jonga sont soudés malgré l'épée de Damoclès de l'expulsion, les Edwards sont en proie à de nombreux problèmes. Pour tous, l'interminable demande d'asile des Jonga et la menace d'éclatement de la bulle des subprimes vont remettre en question leurs certitudes...
- Format : Livre broché
- Nombre de pages : 300 pages
- Editeur : Belfond
- Date de sortie : 18 août 2016
- Prix : 22.00 € (papier) 14.99 € (ebook)
- *SERVICE DE PRESSE NETGALLEY
MON AVIS :
"Voici venir les rêveurs" est à mon avis le livre qui va faire parler de lui et j'espère du fond du coeur, que vous allez l'apprécier autant que moi. Je dis ça parce que rien qu'en lisant le titre, ça donne déjà le ton et si on s’arrête deux secondes sur la couverture, on peut facilement imaginer le dépaysement que nous promet ce magnifique roman avec la famille Jonga qui décident de quitter le Cameroun, Limbé, pour vivre le rêve américain. Sauf que voilà, la carte verte est loin d'être facile à obtenir et va falloir trouver une solution pour ne pas se faire expulser. En attendant, on suit Jende, le chef de famille qui se fait embaucher comme chauffeur privé pour la famille Edwards, une riche famille blanche ; toujours avec cette peur au ventre que l'on découvre sa situation irrégulière mais stable, car il est tout de même bien payé, ce qui lui permet de faire d'énormes économies même s'il doit encore rester dans ce petit appartement miteux remplie de cafards. On assiste tout comme Jende en tant que chauffeur privé à la vie de cette riche famille au sein même de la voiture. Entre les disputes, les appels téléphoniques, les échanges avec les enfants, les soupçons etc...Jende se rend compte que l'argent ne fait pas tout et l'essentiel se perd. Pis, nous avons sa femme, Nenie, qui, depuis le Cameroun rêve d'être comme toutes ces femmes américaines qui remplissent les magasines ou qui passent à la télé, quitte à acheter de la fausse marque. La femme du chauffeur doit être au top. Pour elle, il est inconcevable de retourner au pays. Mais à côté de ça, Nenie, ne s’éloigne pas de son projet d'être pharmacienne et pour ça, suit des cours intensifs à l'université. D'ailleurs, elle fait partie des meilleurs. Et enfin, il y a Liomi qui commence à être un vrai petit américain. Ils sont tous les trois bien entourés avec les amis africains du quartier. Musiques, ambiance, plus belles sapes, les palabres, la nourriture, tout y est pour ressentir l'Afrique tout en restant à New-york ; mais la réalité va les rattraper et ce rêve américain va les achever. C'est dans les moments de doutes, de peur, que l'on ressent le manque du pays. Quitter sa terre natale en difficulté pour venir souffrir dans un autre avec un parcours épineux, avec le risque de revenir en arrière. J'ai beaucoup, beaucoup apprécié la plume de Imbolo Mbue qui nous immerge totalement dans ce rêve américain, symbole de réussite, qui fascine beaucoup d'immigrés, mais, par là aussi, nous montre l'envers du décor sans cette fameuse green card. Un peu dans le style qu' Americanah de Chimamanda Nzogi Adichie que je n'ai pas encore lu, Imbolo Mbue met en avant la différence des classes sociales et de cultures ainsi que la place de la femme africaine auprès de son époux. L'homme a toujours le dernier mot quoi qu'il dise, quoi qu'il fasse. Mais surtout, l'auteure nous fait comprendre qu'il faut finalement beaucoup de détermination, faire beaucoup de sacrifices et surtout avoir un sacré mental pour s'accrocher à son rêve ; être tout simplement un citoyen américain ou autre, sans cette peur de se faire expulser à tout moment. Alors, oui, ce livre n'a pas été écrit à la légère pour juste passer un bon moment. Le message est clair et net.
Citation : Colombus Circle est le centre de Manhattan. Manhattan est le centre de New-York. New-York est le centre de l'Amérique, et l'Amérique est le centre du monde.
MA NOTE